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La Izquierda Diario
13 de décembre de 2019 Twitter Faceboock

Un gréviste d’EDF : "On prend les kilowatts des plus riches et on les redonne aux plus pauvres"
Irène Karalis

Mercredi 11 décembre, 80 000 usagers d’EDF du Rhône ont été placés en heures creuses par les électriciens et gaziers en grève contre la réforme des retraites. A Bordeaux, Bastien de la CGT Energies 33 revient sur ce moyen d’action lors de la manifestation du 12 décembre.

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Dans un contexte où les travailleurs de la SNCF, de la RATP, de l’Éducation nationale ou encore de la santé sont en grève reconductible depuis le 5 décembre, les électriciens et les gaziers, qui s’étaient déjà massivement mis en grève dès le 5 (41,4 % de grévistes chez EDF, 39 % des salariés embauchés au statut chez Engie, plus de 60 % chez Enedis), ont décidé mardi 10 décembre de provoquer des coupures de courant localisées. Michaële Guégan, directrice des ressources humaines chez Enedis, le réseau de distribution d’électricité, note ainsi que des coupures ciblées ont eu lieu “sur certains bâtiments publics, une zone commerciale à Bordeaux, une université à Lyon et même un centre hospitalier”.

Bastien, travailleur et syndiqué à la CGT Energies 33, revient sur cette décision qui a entraîné une forte baisse de la production d’électricité : “on cible l’économie, on cible partout où ça fait mal”. Et pour ce faire, les grévistes ne sont pas dupes, ils savent reconnaître leur ennemi : “le capital est à l’intiative de ces retraites”. Raison pour laquelle mercredi 11, les salariés de l’énergie ont décidé de basculer une partie de population en heures creuses, heures pendant lesquelles les tarifs sont moins importants qu’en heures pleines. Ce moyen d’action, au-delà du fait qu’il pénalise les fournisseurs d’énergie en baissant drastiquement les profits, a le mérite d’avoir un impact positif pour les foyers, la France comptant 13 millions de précaires énergétiques.

“On prend les kilowatts des plus riches et on les redonne aux plus pauvres” : c’est ainsi que Bastien justifie cette décision. À ceux qui penseraient que le combat contre la réforme des retraites est un combat corporatiste, dans lequel les travailleurs ne se batteraient que pour leur propre intérêt, les grévistes répondent ainsi par l’action et démontrent que ce mouvement est fortement marqué par la solidarité et l’entraide.

La grève, fer de lance de la solidarité

Depuis 40 ans, la bourgeoisie a réussi à nous imposer son projet néolibéral à l’échelle mondiale, dont une des premières conséquences, aux côtés de la crise écologique et de la précarisation des travailleurs, est la division de la classe ouvrière. En précarisant tous les travailleurs et en s’appuyant sur le patriarcat et le racisme, en montant les chômeurs contre les actifs, les travailleurs immigrés contre les travailleurs français ou encore les hommes contre les femmes, le néolibéralisme empêche la solidarité de la classe ouvrière et, par extension, leur résistance. C’est en cela qu’au-delà de leurs résultats matériels (victoire ou défaite), les mouvements sociaux permettent de créer des liens entre les travailleurs qui ne s’évaporent pas et renforcent ainsi la classe ouvrière, qui, même si elle perd un combat aujourd’hui, ne redémarrera pas à zéro quand il s’agira de recommencer.

Cette solidarité, si elle démarre au sein même des professions, que ce soit à la SNCF, à la RATP ou encore chez les enseignants, s’étend aujourd’hui bien au-delà du corporatisme. Ainsi, les étudiants qui se rendent sur des piquets de grève depuis le 5 décembre sont accueillis à bras ouverts par les travailleurs, idem pour les enseignants. Mais cette solidarité ne s’arrête pas aux simples paroles et à un simple soutien, elle se manifeste dans les actions qui sont menées quotidiennement depuis le 5 décembre.

Cette solidarité matérielle, telle que l’action des agents EDF ou encore les blocages de dépôts RATP par des étudiants tous les matins depuis une semaine, n’est permise que par l’auto-organisation de la classe ouvrière. C’est en effet par les décisions collectives et la réappropriation des moyens de production qu’elle se met en place, comme l’exprime très clairement Bastien : “les travailleurs s’organisent en piquets et décident d’actions collectives, par exemple de reprise en main de l’outil de travail”.

Comme l’ont montré les salariés de l’énergie, lorsque les travailleurs reprennent en main le contrôle de la production, ce ne peut être qu’au bénéfice de la population et de leur propre classe. Face à la réforme des retraites qui, pour Bastien, constitue un “mépris des travailleurs” et remet en cause leur droit à la dignité, ces derniers sont “déterminés à aller jusqu’au bout”. Construisons ensemble la grève générale et allons jusqu’au bout de cette détermination !

Crédits photo : Théo Cazenaves, Twitter

 
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