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La Izquierda Diario
16 de décembre de 2019 Twitter Faceboock

Educ’ Nat’
Toulouse. Construire la grève à la base : pourquoi et comment ?
Rafael Cherfy

Le mouvement de grève dans l’éducation nationale est une des pointes avancées de la contestation à échelle nationale. La question de la structuration du mouvement à sa base, du développement d’assemblées générales décisionnaires et de leur coordination, se pose plus que jamais comme une condition nécessaire pour étendre la grève et déjouer la stratégie de division du gouvernement.

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Alors que le gouvernement s’affiche droit dans ses bottes et voulant aller jusqu’au bout de cette réforme, rejetée majoritairement par les profs, et tandis que celui-ci joue la montre et parie sur un essoufflement et un isolement du conflit pendant les fêtes, la semaine qui s’ouvre s’annonce décisive. La victoire est possible mais nous devons profiter de chaque instant pour grossir le rapport de force car Macron n’est pas près de lâcher facilement.

D’une grève massive à une grève active

Si les taux de grève les jours de mobilisation nationale dans l’Education sont énormes, et à bien des égards historiques, pour voter la reconduction de la grève et pour organiser les suites du mouvement. En parallèle, des assemblées générales se tenaient dans de nombreux établissements votant aussi la reconduction. Le mardi 10 a aussi été l’occasion de réunir des centaines de grévistes à la fac du Mirail. Une dynamique intéressante et qui regroupe déjà un noyau significatif de profs, qu’il convient d’élargir et de renforcer pour que celui-ci soit davantage représentatif de l’ensemble des enseignants mobilisés sur la ville.

Bien sûr il ne s’agit pas de moraliser les collègues qui font grève sans venir aux assemblées générales, mais plutot de les convaincre que c’est nécessaire si l’on veut réellement gagner et garder le contrôle sur notre lutte, élaborer ensemble une stratégie et des modalités d’action pour aller chercher la victoire. C’est le mode de structuration le plus démocratique et le plus inclusif car il ouvre la porte à tous les enseignants : les syndiqués comme les non syndiqués, ceux déjà rodés aux grèves comme ceux pour qui il s’agit du premier conflit, ceux qui sont déjà en reconductible ou ceux qui ne le sont pas, etc. Ce cadre permet de se reconnaitre, de sortir de l’isolement, de débattre de nos revendications et, surtout, de décider collectivement des suites de la grève.

Pour gagner en force, la mobilisation doit être décidée le plus largement et le plus collectivement, à la base, par celles et ceux qui sont en grève. Les organisations syndicales, qui sont nécessaires et qui apportent au mouvement, doivent se mettre au service de ces assemblées. C’est le seul moyen pour maintenir l’unité des enseignants et pour y aller tous ensemble selon un plan de lutte voté à la majorité de ceux qui sont en grève. Et ce d’autant plus que le gouvernement s’emploie à « décoaguler » la colère en donnant des miettes pour certains, des fausses promesses pour d’autres, et en cherchant à briser le front de lutte en discutant syndicat par syndicat. Le seul moyen d’imposer l’unité de nos rangs face au gouvernement, une condition nécessaire pour gagner car notre nombre fait notre force, c’est d’investir et d’étendre ces cadres d’auto organisation partout où cela est possible.

Sortir de l’isolement

Pour beaucoup de profs en grève et qui ne participent pas encore à l’AG inter-degré, les assemblées générales par établissement peuvent être un premier pas et une première expérience pour sortir de l’isolement. C’est aussi le lieu où l’on peut résoudre collectivement les difficultés concrètes de la grève et chercher à convaincre les collègues qui ne sont pas encore mobilisés, ou qui font grève sans participer aux manifs, de poser la perspective d’une caisse de grève pour les situations plus précaires, etc. Diane, enseignante en grève raconte : « J’ai participé à une Assemblée générale de secteur à Cintegabelle dans laquelle on devait être une dizaine de profs et d’instits. On a discuté de l’état de la mobilisation dans le secteur, où les instit font beaucoup de tournées d’établissements pour voir l’état des collègues en grève et chercher à convaincre les plus réticents. On a aussi pu discuter d’actions concrètes à mener sur nos établissements. Je pense que cela a également joué positivement auprès de mes collèges qui participaient pour la première fois à une AG et qui sont ensuite venu nous aider à tracter… Ce type de cadre est fondamental pour sortir de l’isolement et se sentir acteur et actrice de notre grève ! »

Ces assemblées par établissement sont un appui supplémentaire pour renforcer et élargir l’AG éduc de Toulouse et pour la transformer en un véritable cadre représentatif de la grève enseignante sur la ville, qui puisse se doter de son calendrier de mobilisation propre et entrer en contact avec les autres secteurs mobilisés localement, comme les cheminots, la santé, la jeunesse, etc.

Cette semaine, amplifions la grève !

Les tentatives de Jean Michel Blanquer et d’Edouard Philippe pour tenter d’apaiser la colère des enseignants n’ont convaincu personne. La promesse de revaloriser les salaires dans l’Education nationale pour compenser la perte de pension si la réforme des retraites s’appliquait apparait aux yeux de la majorité des profs comme ce qu’elle est : un effet d’annonce et une manœuvre pour tenter de désamorcer le conflit.

Cette semaine s’annonce décisive pour la mobilisation. Pour faire reculer Macron nous avons besoin de toutes les forces et de toute la détermination ! Les transports, SNCF et RATP, sont déjà en reconductible, et de nombreux secteurs s’organisent pour faire monter d’un cran le rapport de force, à l’image des ports et docks, dont certains sont déjà en reconductible comme à Marseille, de la pétrochimie, etc. Les enseignants ont déjà montré qu’ils étaient massivement opposés à la réforme et que, plus largement, ils ne supportaient plus la politique méprisante du gouvernement. Ceux-ci ont un rôle à jouer cette semaine pour permettre à la mobilisation de franchir un cap. Pour cela, il faut exiger des organisations syndicales, à commencer par la FSU, de proposer un plan de lutte plus offensif, et de poser la perspective d’une grève reconductible de 72heures à compter de mardi 17 qui s’annonce d’ores et déjà comme une journée historique. En avant pour aller chercher la victoire !

 
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