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La Izquierda Diario
17 de décembre de 2019 Twitter Faceboock

Aux cris de « Macron démission », les agents RATP occupent le siège de l’entreprise avant la manifestation
Damien Bernard

A quelques heures du début de la manifestation parisienne, environ 300 personnes des agents grévistes, dont des cheminots et Gilets jaunes, ont occupé le siège de la RATP, proche de Bercy. L’« ambiance surchauffée » est « à fond pour le retrait » explique un journaliste de Libération présent sur place. Les agents RATP protestent contre les courriers envoyés par la direction alors que la réforme "n’est pas votée". Les Agents RATP scandent « Macron démission » rappelant l’une des revendications entendues largement dans les manifestations Gilets jaunes.

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Aux alentours de 10h ce matin, les agents RATP ont bloqué et occupé le siège de la régie parisienne près de la Gare de Lyon et de Bercy. Avant de partir en manifestation contre la réforme des retraites, les travailleurs protestent contre les 42 000 courriers personnalisés envoyés par la direction de la RATP qui revient sur les modalités de la réforme alors "qu’elle n’est pas votée". « C’est une tentative de division, on est tous concerné et nos enfants aussi », lance un agent.

"Ce n’est pas normal, la direction fait comme si la réforme était déjà en place, ce n’est pas son rôle", déplore Hervé Mattei, représentant CGT sur la ligne 6, dans des propos rapportés par le journal Le Monde. "C’est encore une manière de nous diviser, d’expliquer aux anciens "regardez, vous n’êtes pas concerné, arrêtez de faire grève"".

Selon le journaliste du Monde, Simon Auffret, "après le blocage du siège #RATP en présence des cheminots, les agents de la régie parisienne veulent leur "rendre la pareille" en participant à l’assemblée générale #SNCF à la gare de Lyon".

L’article ci-dessous explique l’affaire des courriers

La RATP envoie des courriers « au cas par cas » pour diviser les grévistes

Ce week-end, près de 42 000 courriers personnalisés ont été envoyés aux agents de la RATP. L’objectif : préciser au « cas par cas » aux agents s’ils pourront conserver « le régime spécial actuel » de la RATP. Pour le conserver, la condition est simple : avoir une date d’ouverture prévisionnelle aux droits retraites avant le 1er janvier 2037. Voilà comment la RATP tente de diviser les grévistes : entre d’un côté, ceux qui pourront garder leurs droits actuels (pour combien de temps ?). Et de l’autre, les plus jeunes qui verront leur retraite massacrée. La RATP joue le diviser pour mieux régner pour en finir avec la grève avant Noël.

Au siège de la RATP, les imprimantes ont tourné à plein régime ces derniers jours. Et pour cause, quelques 42 000 courriers personnalisés ont été envoyés d’ici à ce week-end aux travailleurs du groupe de transport parisien. L’objectif de ces courriers ? Pour la RATP, il s’agit de s’adresser aux travailleurs individuellement en essayant de « parler de lui, et seulement de lui » comme l’explique le journal L’Opinion. Chacune de ces lettres vise à faire un point précis sur la situation des droits à la retraite du salarié, la manière dont la réforme des retraites s’appliquera comme l’illustre cette lettre reçue par un salarié.

Il y est décrit les règles de transition spécifiques adoptées par le gouvernement par suite des annonces gouvernementales en ce qui concerne la fin du régime spécial de la RATP. « Le système retenu pour la RATP est celui du critère de la date d’ouverture de vos droits à la retraite », explique la lettre. « Il permet de garantir la prise en compte de l’ancienneté et de la carrière de chaque agent en assurant une transition adaptée et individualisée », continue-t-elle avant d’en préciser les contours : « Il pose comme règle que tous les salariés au statut qui auront une ouverture des droits avant le 1er janvier 2037, conserveront le régime spécial actuel ».

Ou comment diviser les travailleurs entre eux, faire peser sur les jeunes

Ce paragraphe spécifie la manière dont le gouvernement entend mener sa « transition » pour en finir, à terme, avec les régimes spéciaux. Comme Edouard Philippe l’avait affirmé ce lundi, pour les régimes spéciaux, « tous ceux qui sont à plus de 17 ans de la retraite » aujourd’hui basculeront vers la retraite à points. L’entourage du Premier ministre a précisée ses propos : « ceux qui sont concernés sont ceux qui peuvent commencer à partir à la retraite en 2037 ». Plus précisément « la génération 1985 » qui est concernée. Ce serait près de 17 000 agents de la RATP, les plus jeunes, qui basculeront vers le nouveau régime par points.

L’opération est claire : pour en finir à terme avec le régime spécial de la RATP, le gouvernement entend diviser les différentes générations de travailleurs, tout en faisant peser le poids de la réforme sur les jeunes générations.

Pour passer sa réforme, le gouvernement veut amoindrir la mobilisation avant Noel

Mais pour faire passer sa réforme, le grand mouvement de grève reconductible qui dure depuis 2 semaines à la SNCF et à la RATP, est pour l’heure le principal obstacle auquel il fait face.

Pour cela, le gouvernement tente d’amoindrir la grève pour en finir avant Noel comme l’explique le journal L’Opinion « l’enjeu : effriter la mobilisation et éviter que la grève perdure au-delà des fêtes de fin d’année. » Pour cela, le gouvernement use déjà de la matraque en s’attaquant aux blocages, aux grévistes et à ses soutiens. C’est ce qu’illustrent les interventions policières musclées pour déloger les blocages qui se multiplient dans les dépôts RATP, comme à celui de Pleyel, du Barrage à Saint-Denis ou encore d’Aubervilliers.

Individualiser, convaincre « à un à un »

Et désormais, il compte tenter de convaincre « un à un » les grévistes en tentant de jouer sur l’individualisation des travailleurs face à leur retraite. Son objectif : convaincre une majorité de grévistes de retourner au travail en leur affirmant qu’ils garderont leur retraite.

La lettre explique : « pour vous aider à vous situer dans le cadre de cette réforme, j’ai souhaité vous communiquer votre date prévisionnelle d’ouverture des droits à la retraite (DOD) communiquée ». La lettre affirme ensuite que l’agent ayant une ouverture des droits avant le 1er janvier 2037 pourra rester « au régime spécial RATP jusqu’à la fin de [sa] carrière à la RATP ».

Il faut noter aussi l’astérisque sur la date prévisionnelle qui illustre la précarité de tels engagements de la part de la direction de la RATP : « * Cette date est une projection », explique la lettre. « La date définitive prise en compte sera celle au 31 décembre 2024 ». Que peut-il se passer entre-temps ? Les réformes à répétitions qui s’opèrent notamment à la SNCF est un bonne indicateur qu’ils ne s’arrêteront pas en si bon chemin. Encore une fausse promesse.

Tout est permis pour faire retourner les grévistes au boulot

L’objectif de la direction de la RATP est clair : convaincre les grévistes de revenir au travail car non concerné par la réforme. C’est ce que précisé le journal L’Opinion : « Catherine Guillouard, la PDG de la RATP, espère ainsi faire revenir au travail des agents grévistes qui, découvrant la réalité des changements qui les attendent (ou pas), ressentiraient moins l’urgence de faire grève ».

Une tactique pour faire pression sur les grévistes mais aussi pour tenter de dissuader ceux qui comptent bien rejoindre le mouvement, et ils sont un certain nombre, radicalisé par le discours d’Edouard Philippe.

Contre la campagne de division, opposer notre unité pour imposer le retrait !

La stratégie du gouvernement est claire : diviser les grévistes entre génération, faire peser le poids de la réforme sur les jeunes générations. De son côté, la direction de la RATP compte, au travers de cette campagne, amoindrir la grève avant Noel en jouant sur l’individualisation.

Contre cette nouvelle tentative de casser la grève, les syndicats de la RATP se devraient de dénoncer avec force cette campagne de la direction de la RATP appuyée par le gouvernement. Ils devraient aussi refuser toute négociation avec un gouvernement comme avec la direction de la RATP qui use de tous les stratagèmes pour briser la force collective des travailleurs en grève.

Mais cette offensive de la direction de la RATP exprime aussi une crainte : celle de voir la solidarité qui se nouent entre les grévistes devenir plus forte encore. Opposer les vieilles générations et les plus jeunes qui aujourd’hui luttent en commun pour leur avenir. Ils veulent fracturer la force collective qui se tissent toujours plus entre les grévistes après plus de 10 jours de grève reconductible.

De leurs côtés, ils sont plus unis que jamais. Contre cette nouvelle tentative de division, et d’individualisation, il nous faut opposer l’unité de nos rangs. Cela d’autant plus que, loin de tout l’égoïsme qu’ils tentent d’alimenter, ce qu’ont montré les travailleurs de la RATP, c’est tout au contraire une profonde solidarité intergénérationnelle. Comme l’exprime notamment Adel, syndicat UNSA, « Même le mec qui va naître en 2026, je veux qu’il ait une retraite décente. »

 
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