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La Izquierda Diario
19 de décembre de 2019 Twitter Faceboock

Les directions syndicales à Matignon : la régression sociale ne se négocie pas ! Le retrait de la réforme non plus !
Anna Ky

A 16h30 ce jeudi, Édouard Philippe réunit l’ensemble des organisations syndicales et patronales après les avoir reçues mercredi en bilatérales. Une « réunion de la dernière chance » d’après le gouvernement et les directions syndicales, mais pour nous, pour les grévistes, il n’y a rien à négocier !

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Crédits photos : Photo EPA

Depuis l’émergence le 5 décembre du mouvement extrêmement massif contre la réforme des retraites, les tractations dont la majorité se font derrière le dos des travailleurs s’intensifient ces derniers jours. Les annonces d’Edouard Philippe, puis de Macron, qui affirment de concert qu’il est possible d’amender la réforme sur la question de l’âge pivot ont fait se presser les directions syndicales à Matignon comme le précise Les Echos : "Parmi les syndicats, sont conviées les organisations syndicales représentatives (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC et CFTC), qui ont obtenu plus de 8 % aux élections professionnelles. Mais aussi l’Unsa - non-représentative mais qui est ouverte à une réforme du système des retraites -, mais pas Solidaires ni la FSU, qui ont regretté de ne pas avoir été invités à Matignon."

Alors qu’à la base le message est clair – les grévistes se battent pour l’abandon total de cette attaque d’ampleur et refusent le chantage de la trêve de Noël – les dirigeants syndicaux n’hésitent pas à accepter les invitations à Matignon, les centrales dites "réformistes" pour négocier des miettes, les directions syndicales se revendiquant du retrait disant s’y rendre pour présenter des "propositions" quand bien même le gouvernement a réaffirmé à maintes reprises sa détermination à imposer sa réforme.

Après les rencontres bilatérales de mercredi, Laurent Berger, patron de la CFDT, est allé jusqu’à souligner la « volonté de discussion » d’Édouard Philippe, qui pourtant refusait de lui faire la moindre concession, à commencer par la question de l’âge pivot. De leurs côtés, les représentants de la CGT, de FO, des centrales syndicales qui revendiquent le retrait total de la réforme s’y rendent pour présenter leur "plan" dont le gouvernement n’a que faire.

Il faut rappeler en premier lieu que ces invitations permettent de légitimer un processus de discussion visant à reprendre le contrôle du calendrier, montrer patte blanche vis à vis de l’opinion publique, dans l’objectif de désamorcer le profond mouvement social qui s’oppose depuis son émergence le 5 décembre contre la réforme des retraites et son monde. En ce sens y participer, légitime de faite, le processus entamé par le gouvernement.

Et y participer, y compris, pour "négocier" son retrait, permet au gouvernement de gagner un temps précieux, et d’alimenter les illusions dans un "dialogue social" qui n’a servi depuis des dizaines d’années qu’à anesthésier le monde du travail et la jeunesse. Mais à quoi bon négocier le retrait d’une loi à Matignon ?

Le gouvernement prépare des miettes pour diviser le monde du travail

Aujourd’hui, pour tenter de diviser les grévistes, plusieurs mesures sont envisagées. Le calcul d’un âge pivot adaptable en fonction de la pénibilité serait une main tendue vers la CFDT de la part du gouvernement, pour tenter de briser l’arc de forces syndical. De la même façon, la clause du grand-père appliquée à la RATP et à la SNCF serait à la fois un énorme compromis du gouvernement qui a mis un point d’honneur à la fusion des régimes spéciaux, avec la rhétorique sur les « privilégiés » au cœur de son discours ; mais une telle mesure serait également une tentative évidente de faire rentrer à la maison les secteurs du monde du travail à l’avant-garde du mouvement, en jouant sur la division intergénérationnelle et par corporation.

En réalité, il n’y a rien à négocier à Matignon ! C’est le cœur de cette réforme et de la retraite à points que contestent les grévistes et les millions de personnes qui sont sorties dans la rue encore ce mardi. Et même par-delà la réforme, c’est contre un monde de précarité et un ensemble d’attaques antisociales que les travailleurs et la jeunesse relèvent la tête aujourd’hui.

Et le plan de bataille proposé par l’intersyndicale n’est pas à la hauteur : proposer des « temps forts » et des « actions locales » pour mieux appuyer les velléités de négociations du gouvernement et des directions syndicales ne permettra pas d’obtenir le retrait pur et simple de la réforme. Pour cela, il est nécessaire que les grévistes soient eux-mêmes les maîtres de leur grève. Les rythmes de la mobilisation doivent se décider démocratiquement, en assemblée générale et dans des assemblées interprofessionnelles, réunissant l’ensemble des secteurs mobilisés.

La régression sociale comme le retrait ne se négocie pas, elle se combat, et les concertations à Matignon, loin d’amplifier le rapport de forces, font le jeu du gouvernement qui cherche à temporiser en jouant la montre. Bien au contraire, pour mettre un véritable coup d’arrêt à Macron et son monde, l’intersyndicale doit s’appuyer sur les nouveaux secteurs qui entrent en lutte jour après jour, et construire la grève générale !

 
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