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La Izquierda Diario
19 de décembre de 2019 Twitter Faceboock

Appel à l’unité
Marche des solidarités : « Égaux, égales, personne n’est illégal »
Mica Torres

Contre le racisme d’Etat, les violences policières et la chasse aux migrant.e.s, pour la liberté de circulation et d’installation des milliers de personnes ont marché le 18 décembre dans les rues de Paris mais également de 44 villes françaises, à l’initiative de la marche des solidarités. La marche des solidarités est née en 2018, de la convergence entre collectifs sans-papiers, collectifs victimes de violences policières et collectif pour l’avenir des foyers.

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Une marche sous le signe de l’unité et de la solidarité

Le 18 décembre, à l’occasion de la journée internationale des migrant.e.s, des manifestations ont eu lieu dans 44 villes françaises. À Paris, la manifestation a réunie des centaines de personnes contre le racisme d’Etat et les violences policières. La marche des solidarités est née en 2018, de la convergence entre collectifs sans-papiers, collectifs victimes de violences policières et collectif pour l’avenir des foyers. La manifestation a été conjointement appelée par collectifs de sans-papiers avec les syndicats CGT, Sud, CNT, CNT-FO et plus de 250 collectifs et associations, dont le mot d’ordre est « unité ». Il s’agit de revendiquer encore une fois qu’aucun être humain ne doit être illégal, ainsi que l’égalité pour tous.

La marche visait notamment à revendiquer la ratification par le France de "la convention internationale pour la protection de tous les travailleurs migrants et les membres de leur famille" adoptée par l’ONU le 18 décembre 1990, visant à garantir l’égalité de traitement entre les travailleurs français et immigrés.

Il s’agissait également de dénoncer la montée des nationalismes et de toutes formes de racismes, les politiques criminelles qui ont provoqué la mort de dizaines de milliers de personnes sur les routes de la migration. En France et dans le monde, la chasse aux migrants et le renforcement des frontières intérieurs et extérieurs, ainsi que de tout le système des frontières, de contrôle et d’enfermement, tuent chaque jours.

La marche des solidarités a toute sa place dans le mouvement social en cours, initié depuis le 5 décembre. Le gouvernement joue volontiers la carte du racisme pour tenter de diviser les travailleur.se.s, avec l’initiation d’un pseudo grand débat sur l’immigration, la relance des quotas, ou encore l’offensive islamophobe des derniers mois. Également, la logique de « l’immigration choisie » qui est celle des critères de régularisation et des funestes quotas veut désigner les « bon.ne.s » migrant.e.s, aptes aux besoins de l’économie, les exploitables en résumé.

Dans un système où les salarié.e.s sont réduit.e.s à un facteurs de production interchangeable, les capitalistes peuvent se baser autant sur le chômeurs qui constituent une armée de réserve que sur les travailleur.se.s sans papiers ; de la main d’œuvre toujours moins chère et corvéable à merci.

De plus, les frontières servent aux capitalistes d’une autre manière. De nombreuses entreprises basent leur économie sur des pratiques de dumping social en employant des personnes sans papiers : Chronopost, ONET, CPN, Derichebourg, KFC, UGC, Polipro, Elior, Samsic et bien d’autres. Ces derniers mois, beaucoup de mouvements de résistance ont eu lieu, avec notamment l’action d’occupation de siège de l’exploiteur Elior, par les gilets noirs en juin 2019 ou encore la grève des travailleur.se.s sans papiers du nettoyage de la mairie de Sèvre en octobre 2019.

Or, hier la solidarité s’est exprimée contre la remise en cause des acquis sociaux, et ocontre la politique répressive des gouvernement successifs qui voudraient exacerber les discours de haine, la pauvreté, le repli sur soi, ainsi que l’idée que les travailleur.se.s étranger.e.s entrent en concurrence avec les nationaux. La marche aura notamment permise de réaffirmer la volonté de ne pas répondre au phénomène de dumping social par la fermeture des frontières mais par le rassemblement des travailleur.se.s du monde entier et de la revendication d’un nivellement par le haut des conditions de travail et de vie dignes pour tous.

Le 18 décembre, lors du procès du syndicaliste réprimé Gaël Quirante, ces dynamiques de convergence ont pu être constatées en acte. Etaient présent.e.s les travailleur.ses sans papiers en grève de la mairie de Sèvres, qui luttent pour leur régularisation et son appuyé.e.s par l’inter-professionnelle du 92 sous le slogan : « Français, étranger.e.s, même patron, même combat. »

Aujourd’hui, un des arguments principaux pour justifier le contrôle de l’immigration est la question du manque de moyen, tout comme celui pour justifier la réforme des retraites et la casse des services publiques. Lors des appels à manifester et dans la manifestation ce constat était dans toutes les têtes avec le mot d’ordre : « Ni retraite à point, ni survie à point, l’égalité ne se discute par, elle se gagne ».

Un contexte de durcissement des politiques migratoires en France

Cette manifestation se tient à l’heure du renforcement de la politique répressive et raciste de l’Etat français avec la réaffirmation de l’immigration choisie, la privation, pour les demandeurs d’asile, de la protection maladie dans les trois premiers mois après le dépôt de leur demande, durcissement des conditions d’accès à l’AME, la construction de nouveaux centres de rétentions et l’invitation de plus en plus fréquente de personnes proférant des discours de haine dans les médias bourgeois. Le sort réservé aux étranger.e.s, notamment par la restriction de l’accès à la santé joue un rôle important pour rendre plus acceptable les politiques assassines de destruction des acquis sociaux.

De même, la question des violences policières et de la répression était très présente. La logique de quotas se matérialise notamment par la construction de trois nouveaux centres de rétentions (Lyon, Olivet et Bordeaux) d’ici 2020, de véritables prisons pour étranger.e.s. Les conditions dans ces prisons sont insoutenables, elles sont en générales construites dans des lieux isolé pour expulser les exilé.e.s loin des regards. Les centres de rétentions se remplissent notamment à la suite de véritables rafles qui ont lieu dans les gares ainsi que dans certains quartiers populaires. Dans ces centres, se matérialise la brutalité des frontières. Les violences policières sont structurelles et conscientes. Il s’agit, dans la même logique que les politiques carcérales de contrôler et éloigner certaines populations « indésirables », les pauvres et les étranger.e.s.

Lors de cette manifestation, l’assemblée contre les centres de rétention était présente pour dénoncer la mort d’un jeune tunisien de 19 ans il y a un mois au centre de rétention de Vincennes. Sa mort est due à la prise en grande quantité de médicaments administrés par les médecins du centre. L’absence de prise en charge médicale dans les centres est préoccupante. Les prisonnier.e.s sont notamment géré.e.s à coup d’anxiolytiques et de calmants sans pour autant que des médicaments adaptés soient administrés pour les personnes malades. Il s’agit finalement de "juste" les maintenir en vie et leur retirer toute capacité de résistance en attente d’une expulsion. Dans un contexte d’isolement et de harcèlement policier, il y a beaucoup de souffrance psychologique dont les conséquences sont l’augmentation des tentatives de suicides. La possibilité de déposer des plaintes pour violences policières est réduite à néant face aux risques de représailles des même policiers dénoncés auxquels s’exposent les retenus en cas de plainte. Dans les centres de rétention, toute résistance et dénonciation se paye par la violence des geôliers.

Enfin, portée en particuliers par les CSPs, les principales revendications toujours lors de la manifestation : la liberté de circulation pour tous, la fin du système Dublin, l’abandon de la directive retour et la fermeture des centres de rétention, la régularisation de tous.te.s ainsi que des conditions de travail et de vie égales.

À bas les frontières, à bas les centres de rétention et toutes les prisons ; liberté et dignité pour tous.tes !

 
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