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La Izquierda Diario
20 de décembre de 2019 Twitter Faceboock

Le 9 janvier, première journée saute-mouton ?
Martinez appelle à une nouvelle journée le 9 janvier : C’est bien… mais c’est très loin !
Claude Manor

Au sortir de Matignon, le dirigeant de la CGT a simultanément déclaré : « Le Premier ministre est attaché à l’équilibre du système de retraites », « de ce point de vue-là il n’y a pas eu de nouveauté » et annoncé qu’ « qu’une prochaine journée interprofessionnelle d’action aura lieu le 9 janvier prochain ». Près de 3 semaines, donc, sans mobilisation alors qu’il va falloir tenir bon puisque, selon Philippe Martinez lui-même, satisfaction n’a pas été obtenue…

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Première trahison, rien à négocier !

De toute évidence, l’appel à la cessation de la grève chez les cheminots lancé par l’UNSA est un coup de poignard porté dans le dos des grévistes. De son côté, même si elle s’est fait damer le pion par l’UNSA, la CFDT continue à jouer les briseurs de grève en appelant à la « trêve de Noël ». Si on voyait des signes précurseurs de cette trahison avec la multiplications des négociations entre l’UNSA et le gouvernement dans le dos des travailleurs de la SNCF, cette trahison est le résultat de la stratégie de « négociation » du gouvernement. Si le secrétaire général de la CGT dit participer à ces « négociations » pour y « négocier » le retrait, il faut rappeler que celles-ci ne visent en définitive qu’à désarmer le monde du travail et les grévistes. Il n’y a rien à négocier : Martinez n’a rien à faire à Matignon !

Grève et manifestations sont indissociables

Reporter la prochaine journée de grève nationale interprofessionnelle à une date aussi lointaine, au 9 janvier, a des conséquences. Tout le monde le sait, la grève, largement portée par la reconductible des agents de la RATP et des cheminots, va traverser une période délicate en fin d’année et devra avancer à contre-courant de la campagne ravageuse que le gouvernement et les médias ne vont pas manquer de faire déferler autour de la « trêve de Noël ».

Si les grèves ont pour fonction de bloquer l’économie, les manifestations sont des moments-clés pour faire coaguler les luttes, renforcer la confiance des grévistes, élargir le combat, conforter la conscience de classe et de la force collective et faire la démonstration d’un rapport de force. Priver les travailleurs en grève de ces moments indispensables équivaut à les désarmer dans la lutte.

Journées saute-mouton et grèves perlées, le cauchemar des travailleurs

On ne sait pas, pour l’heure, quelles vont être les réactions des grévistes à la base et comment ils vont réagir à cette perspective d’une mobilisation le 9 janvier, c’est-à-dire dans exactement 21 jours. Une date des plus lointaines qui ravive un douloureux souvenir, celui des « journées saute-mouton » qui ont jalonné en 2016 la longue période de lutte contre la loi El Khomri, - la présidence étant alors dans les mains de Hollande et pas encore de Macron - et qui s’est finalement terminée par un passage en force du pouvoir.

Et ce n’est pas faute pourtant que les travailleurs aient répondu présents à chaque appel des syndicats. Le 17 mars 2016, 150 000 personnes défilent contre le projet à l’appel d’organisations de jeunesse. Le 31 mars, Une nouvelle manifestation sur appel conjoint des syndicats de salariés et des jeunes rassemble plus d’un million de personnes. Le 28 avril, une nouvelle journée de manifestations voit plus de deux cents cortèges, Le 19 mai a lieu une manifestation relativement suivie mais surtout le début d’un mouvement de grève, notamment des routiers, cheminots, salariés de raffineries, des aéroports et des ports. Elle se terminera 15 jours après. Une manifestation réussie a encore lieu le 14 juin avec 1,2 million de travailleurs (source FO) soit plus que le 17 mars.

Mais la démonstration a été faite qu’une succession des « journées d’action » sans lendemain ainsi que la non-généralisation de la grève reconductible à d’autres secteurs notamment dans le privé, pour mener à la grève générale, ne permettait pas de gagner.

Une plus récente mais tout aussi douloureuse expérience a été faite par les cheminots eux-mêmes lors de la lutte contre la réforme ferroviaire de l’été dernier. Cette fois-ci, la machine à perdre a été le système de la grève perlée dont la date d’échéance était d’ailleurs déjà définie dès le début.

C’est aux grévistes d’imposer leur calendrier

Il est clair que grève et manifestations ce n’est pas « ou » mais « et », selon un rythme serré permettant de créer le rapport de force et d’exercer sur le gouvernement une pression qui l’oblige à lâcher prise.
On a bien vu l’importance stratégique des calendriers et combien l’exécutif en a fait un élément essentiel de sa stratégie. Comment ne pas remarquer la tactique grossière mais habile qui a consisté à attendre que l’on se trouve à la veille de la période des fêtes de fin d’année pour orchestrer le scénario des bilatérales et de la multilatérale des 18 et 19 décembre, à seule fin de porter un coup d’arrêt au mouvement, sous la pression des appels à la trêve de Noël.

Après un rythme de mobilisation qui s’est beaucoup accéléré ces derniers temps et une pression de plus en plus forte sur le gouvernement avec la multiplication des secteurs en grève, l’affaire Delevoye et la mobilisation massive du 17 décembre, comment ne pas s’étonner que les directions syndicales, et notamment celles de la CGT et de FO, n’aient pas mis le pied sur l’accélérateur et appelé à la grève générale. Au lieu de cela, les grévistes ont découvert, sans doute avec stupeur, l’annonce de Martinez et le hochet qui est agité pour le 9 janvier.

Les heures qui viennent montreront comment réagit la base des travailleurs. Les premiers signaux sont positifs comme l’illustre les positions de l’UNSA ferroviaire régionale de Normandie qui s’oppose à la trahison de sa confédération. A la base, dans les Assemblées Générales, et comités de grève, ce qui est certain, c’est que les travailleurs doivent se réapproprier le calendrier de leur propre lutte et imposer à leurs directions syndicales d’appeler aux formes et rythmes d’action qui leur apparaissent nécessaires pour gagner. C’est eux qui payent le prix de la grève, c’est eux qui doivent décider des moyens de gagner.

 
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