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La Izquierda Diario
25 de décembre de 2019 Twitter Faceboock

Souffrance au travail
La RATP mène une chasse aux sorcières contre les agents en arrêts maladie
Mahdi Adi

Le Parisien a révélé dans un article paru hier que le nombre d’arrêts maladie chez les agents RATP a été multiplié par trois depuis le début de la grève. Depuis, la direction de la régie et les grands médias mènent une chasse aux sorcières pour débusquer les agents qui se seraient mis en maladie afin d’éviter de perdre de l’argent en faisant grève.

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Pendant la grève, la direction de la RATP maintient des lignes pour minimiser l’impact de la grève, au mépris des usagers mais aussi des conducteurs qui doivent assurer la sécurité des voyageurs. CREDIT PHOTO : LP/OLIVIER CORSAN

Il est vrai que les chiffres dévoilés par Le Parisien sont édifiants. 446 arrêts maladie par jour entre le 10 et le 16 décembre chez les conducteurs de métro, contre 141 à la même période en 2018. Et jusqu’à 646 agents déclarés malades le 19 décembre, le 15ème jour de grève, soit une augmentation de 321% qui concerne 20% des effectifs. Sensiblement la même chose que les 300% d’augmentation des déclarations de maladie chez les 800 conducteurs de RER, ou encore chez les 15.000 machinistes chauffeur de bus où une hausse de 170% a été constatée.

« Derrière cette hausse vertigineuse une question se pose : pour éviter de perdre de l’argent et tenir plus longtemps, les grévistes se font-ils porter pâle ? » demande l’auteur de l’article. Un discours qui tend à légitimer les mesures répressives prises par la direction de la RATP. En effet, confronté à un mouvement de grève inédit depuis le 5 décembre, celle-ci a d’abord décidé de procéder à des vérifications pour savoir si les arrêts maladie provenaient des mêmes médecins. Procédure infructueuse à laquelle a succédé une véritable chasse aux sorcières avec la multiplication des contrôle d’agents malades. Ainsi 380 dossiers ont été contrôlés, et parmi eux 90 se sont vu suspendre leur indemnisation maladie au motif que les agents n’étaient pas présents chez eux au moment du contrôle.

Il est pourtant clair que les conditions de travail des agents RATP, déjà pas fanchement reluisantes en temps normal, se sont encore plus détériorés avec la surcharge de travail et la pression que la hiérarchie fait peser depuis le début de la grève sur les salariés, souvent moins expérimentés et pas encore commissionées (à la RATP une période de commissionement d’un an équivaut à une période de formation obligatoire), qui continuent à travailler sur des lignes maintenus en sous-effectif par la direction qui veut absolument minimiser l’impact de la grève, en mettant parfois en danger les voyageurs et conducteurs. Cela s’est exprimé de manière flagrante le 8ème jour de grève, lorsque les agents non-grévistes du dépôt de bus des Pavillons-sous-Bois ont décidé d’exercer leur droit de retrait après une opération de police contre le piquet de grève, exprimant le refus de travailler sous les gazs lacrymogènes.

Cela ne veut toutefois pas dire qu’avant la grève, travailler à la RATP était une synécure. N’en déplaise à Macron et son gouvernement qui ont récemment réaffirmé leur volonté de ne pas rétablir les critères de pénibilité dans le mode de calcul des pensions de retraites. Mais il est remarquable qu’avec la grève, les grands médias commencent à s’intéresser à l’état de santé des travailleurs.

Serait-ce le souci de justifier la faiblesse du trafic qui reste au plus bas depuis trois semaine malgré les annonces du gouvernement et les appels des directions syndicales à une « trêve de Noël » ? En tout cas, alors que les chiffres concernant la souffrance au travail restent habituellement confidentiels et ne sortent pas des services des ressources humaines, la couverture médiatique sur les arrêts maladie des agents RATP pendant la grève est sans commune mesure avec celle par exemple des suicides à la SNCF ou à l’Education Nationale.

Après avoir tout essayé pour contenir la mobilisation en réprimant les agents en grève et en montant les usagers contre les grévistes, le gouvernement, de concert avec la direction de la RATP et les grands médias, tente de rendre les conducteurs malades responsables de la baisse du trafic pour Noël. A ce titre, avec les mesures répressives contre les grévistes, l’obligation de se déclarer en grève 48h à l’avance, les retenus sur salaire et les pressions sur le personnel, il est possible que des agents aient décidé de se mettre en arrêt maladie pour exprimer leur insubordination vis-à-vis de la direction et du gouvernement. Pour autant c’est le gouvernement qui est coupable de vouloir imposer une réforme des retraites néfaste pour la majorité de la population, et ainsi de susciter la colère du monde du travail qui n’a d’autre option pour se faire entendre que de faire grève, d’arrêter l’économie en arrêtant de travailler.

 
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