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La Izquierda Diario
28 de décembre de 2019 Twitter Faceboock

« Le but c’est de ne laisser personne sur le côté » : au triage SNCF du Bourget, une caisse de grève par et pour les grévistes
Arthur Nicola

Les caisses de grèves se développent et se multiplient, et la caisse lancée par la fédération Infocom-CGT et le syndicat Sud-PTT Hauts-de-Seine a dépassé le million d’euros. Autant d’initiatives pour faire face aux premières retenues sur salaires et aider certains à boucler le mois. Alors qu’un chèque de 25 000€ était remis aux cheminots grévistes du Bourget (93), nous nous sommes intéressés à la façon dont ces sommes seraient reversées aux grévistes.

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26ème jour de grève pour les agents du triage du Bourget ce vendredi 27 décembre. La grève reste forte dans ce centre triage de fret ferroviaire. Au niveau national, la seuls 10 % des trains de marchandise circulent, impactant fortement de nombreuses entreprises qui sont obligées de garder leurs productions en stock. A l’assemblée générale du matin, la grève est reconduite jusqu’au 2 décembre à l’unanimité, après une discussions entre grévistes. Mais aujourd’hui, l’Assemblée Générale est un peu spéciale : une délégation de la caisse de solidarité financière, une initiative lancée par la fédération Infocom-CGT et Sud-PTT Hauts de Seine en 2016, est venue apporter un chèque de 25 000 euros aux grévistes.

Une somme qui vient s’ajouter à celle de la caisse de grève lancée en ligne par les grévistes il y a plus d’une semaine, qui a d’ores et déjà récolté 18 500 euros. Par ailleurs, durant la manifestation du 17 décembre, les grévistes et leurs soutiens ont récolté plus de 3000 euros en organisant une collecte dans la manifestation. Pour les cheminots, il s’agit avant tout d’un outil pour continuer la grève et aider les plus précaires d’entre eux à rester dans le mouvement. « Après vingt jours de grève, c’est normal que ce soit dur pour certains. Le but c’est de ne laisser personne sur le côté  » explique Anasse Kazib, figure du mouvement de grève, et aiguilleur sur le site. Un de ses collègues, qui préfère rester anonyme, renchérit : « contrairement à certains syndicats qui répartissent la caisse de grève à la fin, notre but, c’est de faire continuer la grève, c’est de renforcer la grève et ne pas s’arrêter. Il ne s’agit pas de payer nos jours de grève, juste d’avoir assez pour continuer ».

Car malgré la réussite des caisses de grèves et des initiatives de soutien, celles-ci sont très loin de pouvoir payer les journées de grèves de tous les agents. Mickaël Wamen, ex salarié des Goodyear, le rappelle en donnant le chèque : « c’est avant tout un soutien moral pour aider ceux qui sont les plus en difficulté. Depuis le 5 décembre, il y a près de 220 000 journées de grèves, on ne pourra jamais tout payer ». Tenir donc, à tout prix. Et pour cela, les grévistes se sont fixées des règles pour distribuer les fonds récoltés. D’abord, il faut avoir fait un minimum de cinq jours de grève pour en profiter : « c’est à partir de cinq jours de grève. Les cinq premiers jours, ce sera de toute façon notre poche, ce qui est normal, faire grève c’est un engagement » explique Frédéric, agent de manœuvre, 55 ans.

La seconde règle, c’est la prise en compte des inégalités salariales : les qualifications de salariés seront prises en compte pour décider des montants débloqués pour chacun. Au delà d’une certaine qualification, les grévistes ne pourront pas profiter de la caisse : à partir de la « qualif F », qui correspond à un poste d’agent de maîtrise comme un chef ce site, les grévistes ont estimé que les rémunérations étaient suffisante pour ne pas avoir besoin d’un soutien de la caisse de grève. Ces règles ont été décidées en assemblée générale, ce à quoi tient beaucoup Anasse, qui le rappelle : « il y a une tradition au Bourget, c’est que la caisse de grève elle soit dirigée par les grévistes. »

Evidemment, les grévistes du Bourget sont loin d’être les seuls à avoir besoin de soutien financier, et c’est la raison pour laquelle la caisse de soutien nationale a reversé 30 000 euros aux cheminots de Hendaye-Bayonne, mais aussi le plus gros don de leur histoire, à hauteur de 250 000 euros aux grévistes de la RATP. Autant de caisses de grève et d’initiatives à soutenir.

 
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