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La Izquierda Diario
11 de janvier de 2020 Twitter Faceboock

Se coordonner pour gagner
Retour sur la convergence du piquet RATP de St-Denis vers Pleyel
Lou-Salomé Duverger

Retour sur une journée de grève avant la manifestation interprofessionnelle de l’après-midi, marquée par la convergence des grévistes RATP de St-Denis vers le piquet de Pleyel à St Ouen.

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Jeudi, en ouverture de ce 36ème jour de grève, les grévistes sont arrivés sur le dépôt de bus de Saint-Denis à 4h30. Le 9 janvier 2020, après avoir mené des actions sur les piquets tournants suivant le programme voté à la coordination RATP/SCNF d’Île-de-France, les soutiens à la mobilisation ont renforcé les piquets sur tous les dépôts.

En cette matinée, on retrouve dans le ressenti général des grévistes ce que Thomas Schauder décrit dans un article sur Le Monde : le mouvement de grève comme une possibilité « de faire l’expérience d’un autre temps, d’un temps d’action, de discussion, de confrontation parfois, qui n’est plus un temps de production ni de consommation – mais un temps de politique ». C’est dans cette ambiance de temporalité incertaine, où même les rythmes de sommeil deviennent précaires, que les grévistes se sont réunis ce matin pour 4h30 au dépôt de Saint-Denis. Pourtant un constat s’impose : l’arrivée des soutiens est suivie après une quinzaine de minutes d’un dispositif répressif disproportionné. En effet, trois camionnettes de CRS arrivent face au dépôt, et une patrouille de police est déjà à l’intérieur. Mais Saint-Denis n’est pas l’unique dépôt touché par un fort encadrement des forces de l’ordre, c’est une situation commune à tous les piquets. Une première tentative de blocage a lieu à 5 heures, sans pourtant aboutir : la présence des forces de l’ordre est trop importante. C’est ainsi, suite à une heure de flottement, que les grévistes devant le dépôt de bus de Saint-Denis choisissent de rejoindre leurs camarades à Pleyel.

A Pleyel, le climat est plus tendu : la répression contre les 100 personnes présentes au piquet n’est pas des moindres. Dès leur arrivée sur le piquet, elles sont éloignées rapidement par les forces de l’ordre. Les bus sont donc en mesure de partir du dépôt, avant que l’arrivée de nouveaux soutiens permette aux grévistes de riposter en rebloquant le lieu. C’est à ce moment que la répression monte d’un cran, la police gaze les personnes présentes. Les agents des forces de l’ordre surveillent ensuite les grévistes, en se tenant à distance par moments et en les éloignant de force à plusieurs reprises (le piquet est au total sujet à trois charges). C’est une répression qui rappelle celle qui le 17 décembre s’était exercée sur le même dépôt Pleyel, notamment en faisant quelques blessés.

Pleyel : https://twitter.com/RevPermanente/status/1215148417913184257

Dans cette journée importante pour la grève, le constat d’une volonté de décourager le mouvement par le recours à la répression paraît évident. Outre les usages directs de la force, la police emploie une technique que Mathieu Rigouste appelle « de la tension » : elle montre sa présence afin de rappeler sa domination. Ainsi, la présence massive de forces de l’ordre face aux dépôts ce matin est symptomatique d’un désir étatique d’asphyxier le mouvement.

De plus, comme l’intervention d’un étudiant militant à Révolution Permanente le précise, l’intervention des forces de l’ordre est possible par des impulsions externes. Notamment pour le dépôt de Saint-Denis, c’est au RH du lieu, Jérôme David, d’appeler les forces de l’ordre et de donner son accord pour une intervention policière. « On est arrivés à un stade de violence qu’on n’a jamais vu », affirme un gréviste du dépôt de Saint-Denis – avant d’ajouter comment cette situation pousse les soutiens à se mobiliser encore plus face à l’absurde étatique.

La force des grévistes réside dans leur résistance à ces logiques de répression, de continuer malgré tout. Et effectivement c’est ce qui se passe ce matin à Pleyel, où les grévistes savent perpétuer leur lutte en s’encourageant mutuellement jusqu’à rebloquer encore une fois le dépôt à 8h30. La coordination des actions est un des éléments structuraux au cœur même de ce mouvement, et aussi ce qui a permis à la mobilisation de ne pas s’interrompre ni s’affaiblir lors des vacances de Noel.

Lors des prises de parole au barrage de Saint-Denis un gréviste de la RATP affirme que « il n’est pas trop tard, vous avez encore du temps. La grève n’est pas finie », il remercie ensuite les camarades pour leurs présence et leur soutien moral comme financier, pour les efforts déployés les derniers mois. L’invitation à ce que la grève se généralise, aussi dans le but de mener des actions sur les dépôts plus offensivement. En outre, les grévistes (comme Salman du dépôt de Saint-Denis) ont appelé au rassemblement du 10 janvier, à 13h30 devant le siège de la CFDT pour exprimer le désaccord pour les négociations prévues, mais aussi pour interpeller la centrale sur l’absence de moyens mis au service des grévistes, alors que de nombreuses caisses sont remplis. Par la suite, cette action sera remplacée par un appel à un rassemblement devant le commissariat du 8ème arrondissement pour exiger la libération de camarades de la RATP et de la SNCF suite aux violences policières.

https://www.facebook.com/142709249163490/videos/507352629887292/

La victoire se pose comme un horizon toujours bien réel, ce jeudi 9 janvier : « On voit qu’il y a des députés de la LREM qui commencent à demander à leur propre gouvernement de retirer la réforme […] Et ça c’est bon signe pour nous », à la condition de renforcer la coordination des grévistes afin qu’ils puissent se doter d’un plan de bataille à la hauteur de leur détermination, quand les directions syndicales, qui avaient appelé à une trêve de fait, poursuivent les négociations alors même que le gouvernement affiche un profil offensif sur le fond du projet. Pendant leurs interventions les grévistes demandent aux soutiens de se rappeler des réussites, des AG, des manifestations, des actions. Ce qui est sûr est que, comme exclamé lors d’une intervention, « on a marqué l’histoire ».

 
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