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La Izquierda Diario
13 de janvier de 2020 Twitter Faceboock

La base maintient le cap
Coordination RATP-SNCF. Pour une semaine décisive contre la répression et pour la victoire
Olive Ruton

A l’issue d’une semaine marqué par une escalade répressive contre le mouvement, cette nouvelle réunion de coordination est revenue sur la politique menée par la base en 40 jours de grève et sur les difficultés inhérentes à la durée du conflit. Dans ce contexte et face à l’absence de plan des directions syndicales, les grévistes ont organisé la semaine de lutte à venir.

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Vendredi après-midi les grévistes de la RATP et SNCF d’Ile de France se sont de nouveau retrouvés pour une réunion de coordination. La discussion, qui revenait sur près de 40 jours de grève reconductible et sur la suite à donner au mouvement, était tendue par l’enjeu de faire tenir et d’étendre la grève, plus important que jamais à ce stade du conflit avec le gouvernement, et alors que la durée et les difficultés se font ressentir dans les deux camps. Conscients des enjeux du mouvement et de la place importante que ces grévistes de la base ont pris eux-mêmes dans le déroulement de cette grève, contre l’inertie et la persistance à négocier des directions syndicales, c’est dans la seule perspective du retrait total de la réforme des retraites que les présents ont discuté et organisé la nouvelle semaine de lutte à venir.

Face à la violence accrue de la répression, et au silence des confédérations syndicales, dénoncer et s’organiser contre la politique répressive mise en place pour briser la grève

C’est sur une semaine marquée par un nouveau saut de la répression, déjà croissante depuis le début du mouvement, que sont revenus les grévistes. Pour cette rentrée, et notamment sur la date du 9 janvier et la reprise de la rue avec la première date nationale depuis le 17 décembre, le mouvement a été frappé par une violence répressive accrue, notamment dans la manifestation parisienne ou les gazages et matraquages se sont faits très nombreux et violents. Une violence particulièrement remarquée puisqu’elle a touché de plein fouet les grévistes, qui avaient pris la tête de la manifestation, à l’image d’Irene, déléguée UNSA et figure du mouvement à la RATP depuis le 13 septembre, violemment matraquée par la police.

Ce saut répressif, et cette violence forte et orientée sur les secteurs les plus déterminés du mouvement, révèle pour l’ensemble de ceux qui se battent depuis plus d’un mois de manière particulièrement flagrante le rôle de la police, qui main dans la main avec le gouvernement travaille à mater la contestation. C’est le rôle de briseuse de grève de cette police qui, appelée par la direction de la RATP, réprime violemment sur les piquets depuis des semaines qui revient dans différentes interventions des grévistes présents. Les dernières illusions peut-être persistantes chez certains concernant le role de la police sont ainsi définitivement levée dans la lutte : la police, qui réprime les quartiers populaires et tabasse les grévistes est l’ennemie des travailleurs.

Face à ce niveau de répression, des forces de l’ordre mais aussi de la direction de la RATP, la coordination a été cette semaine encore celle qui a pris en charge non seulement la dénonciation mais aussi le soutien à tous les camarades réprimés. Les rassemblements appelés par la coordination ont ainsi été nombreux, notamment suite aux arrestations en manifestation, et ont été de vrais succès, par le nombre de soutiens qu’ils ont réussi à réunir, mais aussi par exemple en exerçant une pression assez forte pour permettre de libérer des camarades sur le moment, comme ça a été le cas pour Stéphane, militant Sud Rail, libéré lors d’un rassemblement de soutien. Un affrontement et une solidarité face à la répression qui s’est donc construite cette semaine encore à la base des gréviste, alors qu’est noté le silence et l’immobilisme criminel des directions syndicales sur la question, pendant qu’elles ont passé la semaine dans les réunions de négociations avec le gouvernement !

Dans ce sens, et pour continuer de faire bloc face à la répression, sont organisés pour la semaine à venir deux nouveaux rassemblements. Le premier, lundi à 13h à Vitry pour la levée des sanctions de Yassine, Patrick et François, et un second à Lachambaudie, en soutien à Hani du dépôt de bus de Belliard, lui aussi menacé de sanctions, dont le conseil de discipline avait été reporté de 7 jours la semaine dernière.

Enfin, face à l’ampleur de la répression et au silence des confédérations syndicales, et avec la ferme intention de ne pas laisser passer une telle violence, la coordination décide d’une conférence de presse le lundi 13 janvier à 18h, pour dénoncer cette répression féroce qui s’abat sur le mouvement. Forts du succès de la conférence de presse de contre-vœux des grévistes le 31 décembre dernier, c’est en continuant d’occuper l’espace médiatique et d’y faire entendre la voix des travailleurs en lutte que les grévistes entendent faire payer publiquement au gouvernement le prix du matraquage de leurs camarades.

Une grève longue et difficile, mais des grévistes déterminés à s’organiser pour tenir jusqu’au retrait

Au bout de 40 jours de grève, c’est à un moment tendu et décisif du conflit que les grévistes se savent arrivés. En effet, à la répression s’ajoutent la fatigue, le poids financier, l’impatience de voir de nouveaux secteurs rejoindre massivement la bataille, et désormais la trahison ouverte des directions de l’UNSA et de la CFDT, sur le dos des travailleurs qui ont perdu plus d’un mois de salaire Alors que les grévistes se font tabasser sur les piquets et envoyer en GAV ou à l’hôpital, Berger et Escure se hâtent d’aller négocier dans une conférence de financement, pour savoir comment le gouvernement parviendra à réaliser les 12 milliards de coupes dans le budget des retraites ! Autant d’obstacles qui, sans entamer la détermination des travailleurs mobilisés, demandent à être affrontés et dépassés collectivement pour permettre au mouvement de franchir un nouveau cap dans le rapport de force.

À la répression s’ajoute notamment la question financière, forcément de plus en plus lourde à mesure que le combat s’allonge et que les jours de salaire perdus s’additionnent. Ainsi, la participation, la gestion, et l’animation des caisses de grèves mises en place depuis quelques semaines apparaissent plus que jamais centrales pour que ceux qui tiennent le bras de fer avec le gouvernement depuis le 5 décembre aient les ressources pour continuer à le faire jusqu’au retrait.

Les présents reviennent ainsi sur la politique qu’ils ont mené ces dernières semaines, et notamment sur l’initiative des piquets tournants, en place depuis le début des vacances de Noël. Le bilan collectif s’accorde ainsi sur le succès des premières semaines sur ce principe, mais aussi sur la necessité de changer de manière de procéder pour les jours à venir. Une conclusion qui s’appuie à la fois sur le constat de l’adaptation du dispositif policier, colossal sur les derniers piquets tournants, mais aussi sur le besoin pour tous les secteurs de revenir à des assemblées générales locales, pour discuter et remobiliser solidement l’ensemble des collègues en vue de cette période décisive pour le mouvement. Il est en ce sens décidé que les piquets se tiendront localement dans un maximum de dépôts, de lignes, et de gares pour la semaine, et que d’autres actions collectives seront organisées.

Dans ce moment charnière pour le mouvement, est aussi abordée la nécessité, plus que jamais, de rester soudés et unis dans la grève et d’envoyer un signal fort de mobilisation en direction du gouvernement mais aussi de ceux qui pourraient encore rejoindre la bataille. Une réflexion qui aboutit à la proposition d’une montée nationale à Paris pour les grévistes de l’ensemble du pays, pour une présence massive dans la rue à la manifestation de jeudi. Une journée qui permettra notamment aux cheminots de régions, mobilisés dans les différentes villes, d’échanger avec les grévistes d’IDF à l’avant-garde du mouvement, mais aussi de partager la combativité du cortège de tête de la manifestation, formé comme c’est le cas depuis plusieurs semaines par la base des grévistes.

Ainsi, une chose est claire pour les grévistes présents et les collègues qu’ils représentent, après 40 jours de grève, il n’est pas question de lâcher avant d’avoir obtenu le retrait total de la réforme. Et pour ça, chacun est conscient de la nécessité, non seulement de ne pas reprendre le travail, malgré les difficultés du mouvement, dans un moment du rapport de force où le gouvernement se trouve affaibli et dans une situation critique pour avancer sur l’ensemble de sa politique, mais aussi d’enfin faire passer un cap important à cette grève en l’élargissant largement. Dans ce sens, le rôle traître des directions syndicales, qui ne proposent aucun plan pour étendre la grève, et continuent contre la base de ceux qui luttent les négociations avec le gouvernement et sa mascarade de dialogue social, constitue un véritable obstacle au mouvement, malgré lequel des secteurs tels que les avocats, les raffineries, ou encore le monde de la culture lancent des signaux de réelles possibilités de généraliser la grève. En somme, dans ce combat qui dépasse la question des retraites, puisqu’Edouard Philippe et son gouvernement y jouent véritablement leur place comme Juppé en 1995, les grévistes restent déterminés à aller jusqu’au bout ! Et c’est en continuant cette expérience d’auto-organisation qu’ils entendent le faire, plus encore dans un moment où les trahisons des directions syndicales imposent de s’organiser à la base, à travers cette coordination qui, après avoir permis qu’il n’y ait pas de trêve, entend bien tout faire pour qu’il n’y ait pas non plus de réforme !

 
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