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La Izquierda Diario
15 de janvier de 2020 Twitter Faceboock

Violences policières : suite au tollé médiatique, l’exécutif forcé à sortir de son silence
Tom Cannelle

Depuis plus d’un an, on assiste à une véritable omerta du gouvernement autour des violences policières alors que plus personne n’est aujourd’hui dupe du rôle coercitif que jouent les forces de l’ordre. Suite aux violences perpétrées ces dernières semaine, l’exécutif se voit forcé de changer de stratégie, essayant de sauver les meubles dans la bataille de l’opinion.

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La semaine dernière a été marquée d’un tournant répressif de la part du gouvernement et de ses forces de l’ordre sur le mouvement de grève contre la réforme des retraites. En effet, présent par centaines sur chaque dépôt tous les matins, matraquant et gazant les grévistes et soutiens, la police et la gendarmerie ont pu montrer, dans la manifestation de jeudi 9 janvier, toute l’étendue de leurs talents ! Matraquage, molestations, et charges violentes, arrestations musclées et ciblées jusqu’au tir de LBD à bout portant, on a pu assister à une démonstration de force, véritable vitrine de la politique du gouvernement, qui, après plus de 40 jours de grève, affiche son mépris, et tente même désormais de faire taire la contestation dans le sang, preuve s’il en est des faiblesses de ses réponses politiques, comme a pu le titrer Le Monde dans son édito du 11 janvier « Les violences policières sont le reflet d’un échec ».

Cependant, après un an de gilet jaunes durant lesquels la police de Macron s’en est donnée à cœur joie, blessant, mutilant, éborgnant des manifestants qui tentaient faire entendre leur colère, personne n’était dupe quant à l’appareil répressif que représentent les forces de l’ordre durant ce premier mois de mobilisation qui apparaissait « sans heurts ». Cette dernière année, l’écart de traitement judicaire entre forces de l’ordre et manifestants, est apparu clairement au plus grand nombre. En effet, entre des peines de prison pour un gilet jaune ayant frappé un fourgon et une relaxe totale lorsqu’un gendarme tue un manifestant, on a compris qu’il ne fallait rien attendre d’une justice d’Etat au service de la classe dominante et que, chien de garde de celle-ci, l’IGPN était un organe fantoche. Tout cela mis bout à bout participait au sentiment d’impunité qui a pu conduire, dernièrement, aux actes de violences, en pleine rue, qui ont causé la mort de Cédric Chouviat, une agression filmée qu’il sera difficile de cacher et qui entre en résonnance avec l’affaire Adama Traoré que la justice tente sans relâche d’étouffer.

C’est dans ce contexte explosif donc et au terme d’une semaine d’escalade de violences policières sur les dépôts et dans les manifestations que s’est réunie la coordination RATP SNCF dans laquelle les grévistes ont choisi de fermement dénoncer l’ensemble de ces violences. C’est ainsi que s’est tenue hier la conférence de presse appelée par cette coordination, sur le parvis de gare du Nord, qui réunissait grévistes, gilet jaunes, victimes de violences policières, élus mais aussi membres du collectif justice et vérité pour Adama. Conférence de presse organisée par les grévistes eux-mêmes donc, brisant le silence des directions syndicales sur le sujet. Ils ont insisté notamment sur le rôle spécifique de coercition de la police, au service de l’état bourgeois qui matraque et réprime toute contestation. Cette conférence de presse, relayée dans les grands médias ainsi que la profusion de vidéos et témoignages sur le sujet, qui touche particulièrement l’opinion publique, font lever le tabou sur ces violences, omniprésentes dans la presse, (Le Figaro, Le Monde, BFMTV, Cnews etc.), et rend complices ceux qui n’en parlent pas, peu, ou tentent de justifier ces exactions.

En effet, après la manifestation de jeudi et les vidéos témoignant de ces violences, selon un sondage Ifop, le taux de soutien à la grève augmente et de nombreux rassemblement ont été organisés pour exiger la libération de ceux qui avaient été mis en garde. Le gouvernement ne peut plus se permettre, alors que le bras de fer avec les grévistes dure depuis plus d’un mois, de passer encore une fois sous silence la barbarie de ses forces de police. Ainsi, Macron, Castaner et Philippe sortent de leur silence sur le sujet, (un an après avoir menacé quiconque osait parler de « violences policières » d’un procès en diffamation). Les deux premiers réclament éthique et déontologie de la part des forces de l’ordre et dénonçent « Des comportements qui ne sont pas acceptables [qui] ont été ou vus ou pointés », sous la pression des réseaux sociaux et des vidéos prises par des médias indépendants. Encore une fois, la responsabilité est toujours individualisé et l’institution jamais remise en cause. Alors que, depuis plus d’un an, on assiste à des scènes de guerres, seules capables de permettre au gouvernement de garder le pouvoir tout en imposant des contre-réformes qui précarisent la population, ce dernier ne peut plus se taire.

Le premier ministre, sur le journal de France 2, mis face à l’évidence, une vidéo montrant un policier faire un croche-pied à une manifestante interpelée réaffirme encore et toujours un soutien indéfectible à ceux qui matraquent gazent et enferment les travailleurs qui osent relever la tête : « les policiers sont aussi des gardiens de la paix qui est une mission qui est redoutablement difficile […] il faut avoir un soutiens une confiance et une solidarité vis-à-vis d’eux exceptionnelle ». Il promet, tout de même, des sanctions pour tout « usage disproportionné de la force » mais nous sommes en droit de nous demander de quel ordre seront-elles et quand elles arriveront. De fait, pour ceux qui ont tué Zineb Rédouane, Rémi Fraisse, Adama Traoré, il n’y a pas encore eu de sanctions, ni pour ceux qui ont éborgné, mutilé, tabassé des manifestants. « Protéger et servir » qui, quels intérêts ? Aujourd’hui, les travailleurs relèvent la tête ensemble, font ensemble l’expérience de la répression policière et étatique, luttent ensemble contre Macron et la bourgeoisie qui nous imposent par la force des conditions de travail et de vie dégradées pour leurs profits, tout ça dans une grève qui, on le sait, est déjà historique !

Pour aller plus loin : Violences policières. Sur les tâches démocratiques du mouvement ouvrier

 
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