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La Izquierda Diario
16 de janvier de 2020 Twitter Faceboock

Deux poids, deux mesures
Au Havre, un policier perd un doigt. Et des manifestants perdent des mains et des yeux
Anna Ky

En pleine polémique sur les violences policières, les médias traditionnels sont en boucle sur les récents événements aux Havre : un policier a perdu un doigt en ramassant un pétard, au cours d’un rassemblement contre la réforme des retraites.

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Mercredi, au cours d’une action contre la réforme des retraites organisée devant la Chambre de Commerce et d’Industrie du Havre, un policier a ramassé un pétard lancé par des manifestants. Pétard qui lui a explosé dans la main : « Il a eu un doigt arraché, il souffre de graves acouphènes a rapporté une source policière aux journalistes. Il est actuellement hospitalisé. »

Depuis lors, les médias traditionnels et les grandes chaînes d’information sont en boucle sur la violences des manifestants tandis que le procureur du Havre a ouvert « une enquête de flagrance[…] pour violences volontaires envers personne dépositaire de l’autorité publique avec armes ». Le maire de la ville, pour sa part, a annoncé avoir porté plainte et a déclaré dans la soirée : « Je ne peux que condamner avec la plus grande fermeté les actes de violences qui se sont déroulés ce soir à la Chambre de Commerce et d’Industrie et qui ont entraîné la blessure grave d’un officier de police. Rien ne saurait justifier les attaques physiques à des personnes, à fortiori dépositaires de l’autorité publique ».

Le traitement médiatique et judiciaire de cette faire met en évidence le deux poids/deux mesures qui existe, entre d’une part un accident ayant entraîné la blessure d’un policier et d’autre part la complaisance et l’impunité totale dont jouissent les membres des forces de répression qui ont entraîné de graves blessures chez des centaines de manifestants au cours des derniers mois. On pensera notamment au récent non-lieu confirmé par la cour d’appel de Toulouse pour le gendarme qui a tiré la grenade ayant tué Rémi Fraisse en 2014.

Depuis le 17 novembre 2018, des centaines de Gilets jaunes ont été mutilés par la police, ont vu leur main arrachée, ont été éborgnés. Zineb Redouane a été tué par une grenade alors qu’elle était à se fenêtre. Steve est mort noyé, poursuivi par les forces de répression alors qu’il faisait la fête.

Et ces innombrables violences policières commencent à se voir et à devenir difficile à assumer pour le gouvernement. C’est la vidéo d’un croche-pied fait par une policier à une manifestante toulousaine qui a récemment mis le feu aux poudres et fait éclater dans des médias une polémique autour des violences policières. Une épine dans le pied de la macronie, qui a du sang sur les mains, avec des milliers de blessés à son actif.

Dans ce contexte, et alors que la mobilisation contre la réforme des retraites se poursuit, il n’est pas anodin que l’affaire du policier blessé au Havre soit montée en épingle, pour tenter de désamorcer le scandale qui entoure les innombrables affaires de violences policières. Un traitement médiatique et judiciaire bien différent de celui qui est réservé aux victimes de violences d’État, contre qui le gouvernement et ses relais s’acharnent en retour bien souvent. En ce sens, le cas d’Odile Morin, manifestante toulousaine bien connue, est emblématique. Violentée par la police, elle a elle-même été condamnée, accusée d’avoir utilisé son fauteuil roulant comme « arme par destination » ! C’est la même logique qui a enclenché un véritable acharnement judiciaire et policier contre la famille d’Adama Traoré, tué par des gendarmes en juillet 2016.

Face à ce deux poids/deux mesures évident, exigeons sans relâche justice pour l’ensemble des victimes de la répression d’État et pour leurs proches, et continuons à dénoncer de manière systématique les violences policières qui s’abattent sur les militants et les habitants des quartiers populaires.

 
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