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La Izquierda Diario
23 de janvier de 2020 Twitter Faceboock

Une première réussite !
Assemblée interpro commune à Toulouse : grévistes et militants déterminés à « prendre la relève » !
Rafael Cherfy

A Toulouse, ce mardi 21 s’est tenu la première assemblée inter-professionnelle à échelle de la ville. Près de 400 cheminots, avocats, profs, gilets jaunes, étudiants, travailleurs du privé etc... étaient réunis pour débattre des suites de la mobilisation.

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Alors que de nombreuses initiatives interprofessionnelles ont émergé sur la ville de Toulouse et dans les environs ces dernières semaines, une première assemblée interprofessionnelle commune, réunissant plusieurs centaines de grévistes et de militants, s’est tenue à l’université du Mirail ce mardi.

Les premières interventions ont permis de faire le bilan de l’état d’avancée de la mobilisation. La première, faite par les travailleurs en lutte de l’éducation, insistait beaucoup sur l’importance de la journée de mobilisation du vendredi 24, jour du passage de la loi en conseil des ministres, qui s’annonce massive. Une intervention qui s’inscrivait aussi dans des problématiques et des revendications plus spécifique au secteur de l’éducation, à l’image de la grève du BAC des nouvelles épreuves de contrôle continu (E3C) qui ont démarré en France ce lundi 20 et qui a par la suite fait l’objet d’une intervention de lycéens mobilisés.

En suivant une délégation de cheminots est intervenue. Pour eux, il s’agissait du 48ème jour de grève et le combat n’est pas terminé. Malgré des difficultés à maintenir la mobilisation en reconductible, la grève est loin d’être finie et prend des modalités différentes. Les cheminots ont salué les initiatives de soutien, notamment les apports à la caisse de grève. Un outil indispensable dont se sont saisi les étudiants du Mirail, soutenant les grévistes avec une caisse de soutien qui tourne en assemblées et en manifestations mais aussi grâce à des cantines solidaires sur le campus.

Les avocats sont ensuite intervenus. Leur grève dure partout en France de le 6 janvier avec des méthodes d’actions très subversive et une réelle défiance vis-à-vis de l’institution judiciaire. Ces derniers sont très impactés par la réforme et se mobilisent massivement. Des Gilets jaunes sont également intervenus pour mettre en lumière le lien entre leur combat pour la justice sociale, démarré il y a 14 mois, et la bataille actuelle contre la réforme des retraites. Des représentants d’autres secteurs ont ensuite pris la parole, comme la santé et le social, le BTP, des étudiants et des travailleurs de Sciences Po et du Mirail

Débats stratégiques et perspectives communes

Le plus gros de la discussion s’est concentré sur les perspectives de lutte et les actions à venir. Un débat irrigué par un questionnement sur le rôle-même que pouvait et devait jouer cette assemblée interprofessionnelle centrale, réunissant à l’heure actuelle les grévistes et les militants, syndiqués et non syndiqués, les plus déterminés à en finir avec la réforme des retraites et le gouvernement de Macron. Car dans le contexte où les directions syndicales appellent à la reprise du travail ou se contentent d’appeler à des journées d’actions de plus en plus espacées, sans chercher à étendre et renforcer les dynamiques de grève reconductible, il est indispensable que des cadres tels que cet assemblée se proposent d’organiser un véritable plan de bataille pour la victoire.

Ainsi, alors que les grévistes en reconductible depuis le 5 décembre tels que les cheminots intervenaient sur les difficultés qu’ils rencontrent dans la mobilisation, d’autres – à l’instar des avocats, des enseignants, des travailleurs du bâtiment… – se disaient près à « prendre la relève ».

Le débat de fond qui semblait irriguer la plupart des interventions se concentrait principalement sur la question du blocage économique. Plus précisément sur la différence entre le blocage des flux et le blocage de la production. Un débat qui fait sens quand on comprend comment le mouvement gilet jaune a impacté les méthodes de lutte avec la multiplication du blocage de la circulation, alors que la grève qui secoue le pays depuis le 5 décembre s’attaque elle directement au blocage de la production.

Les débats tendent souvent à opposer les deux, pourtant grève et blocage ne sont pas à mettre sur le même plan et s’avèrent en réalité très complémentaires. Plusieurs intervenants ont insisté sur la nécessité que l’assemblée interprofessionnelle soit un soutien concret aux secteurs en grève et cherche à étendre toutes les dynamiques de conflit au coeur-même de la production. Quant aux blocages, ils ne sont ni une « mode » destinée seulement à faire gagner de la visibilité aux luttes, ni un substitut à la grève. C’est la combinaison des deux qui fait la puissance des travailleurs en lutte.

Suite à cette discussion l’AG interpro a voté une motion de soutien aux actions des grévistes :

« L’AG toulousaine exprime tout son soutien aux actions des grévistes que ce soit l’envahissement de la cfdt, les coupures de courants, les blocages d’E3C ou tout autre blocage économique. Nous nous solidarisons avec tous les grévistes victimes de répression policière ou judiciaire. Il est inadmissible qu’une personnalité syndicale porte plainte contre des grévistes. La seule violence est celle du gouvernement, par sa police et ses contre-réformes. »

L’AG a voté les modalités de l’action « Bloque ta ville » de ce jeudi. Une action qui s’est avérée être une réussite, avec un rendez-vous très matinal auquel plus de 200 personnes ont répondu, pour aller bloquer le dépôt de bus Tisséo d’Atlanta. Dans l’entreprise de transports toulusaine, la grève a été peu suivie et assez invisible durant le mois de décembre, mais suite à l’initiative de la base syndicale, des piquets ont été régulièrement tenus. L’action « bloque ta ville » de ce jeudi matin pourrait impacter les travailleurs de Tisséo et les convaincre de se mettre en grève dans cette nouvelle étape de la mobilisation.

Cette AG interpro est une première très réussie. Ce cadre constitue un réel point d’appui pour la suite de la bataille à Toulouse. Différents secteurs de grévistes ont pu se retrouver pour initier un cadre de discussions à échelle de la ville, qui est appelé à se renouveler. La nécessité de renforcer l’AG a été posé avec un appel à développer les assemblées locales et/ou de secteurs. Cette assemblée interpro commune pourrait devenir décisive pour développer un organe démocratique, décisionnaire et centralisé sur la ville. Elle permet non seulement de coordonner nos actions, mais aussi de donner une expression politique commune aux secteurs mobilisés, contrôlé à la base. Ce sont les conditions pour nous donner les moyens d’étendre la grève et de la généraliser. Si beaucoup de monde était présents, il reste crucial de développer ce cadre et de l’élargir au maximum de secteurs en grève. Sa réussite tient avant tout dans sa capacité à se lier avec les différentes assemblées existantes sur les lieux de travail et d’études, mais aussi avec les assemblées interprofessionnelles locales déjà existantes, et qui se réunissent par secteurs géographiques.

 
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