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La Izquierda Diario
28 de janvier de 2020 Twitter Faceboock

Impeachment
Procès de Trump : les révélations de son ancien conseiller secouent Washington
Thaïs Cheynet

La procédure de destitution de Trump lancée par les Démocrates se poursuit. C’est un témoin inattendu qui a fait des révélations concernant le président. Un témoignage qui a secoué tout Washington... à l’exception du Sénat.

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Il y a quelques jours s’est ouvert la procédure de destitution de Donald Trump, à l’initiative du Parti Démocrate. Cette procédure extrêmement rare, aussi appelée « impeachment », consiste à mettre en accusation jusqu’au président lorsque celui-ci agit à l’encontre de la Constitution. L’ouverture d’un tel processus ne signifie pas automatiquement la déchéance, mais peut constituer la première étape d’un processus menant à la démission des fonctions de la personne mise en accusation.

Pour rappel, Trump a été mis en accusation pour abus de pouvoir et entrave au Congrès. Le président américain est en effet accusé d’avoir fait pression sur l’Ukraine, par le biais d’un appel téléphonique au président Zelensky, en menaçant de bloquer une aide militaire de 400 millions de dollars à l’Ukraine s’il ne lui fournissait pas des informations sur les agissements de Hunter Biden, administrateur d’une grosse entreprise énergétique ukrainienne et surtout fils de Joe Biden, candidat démocrate pour la présidentielle et considéré par le président comme un adversaire dangereux.

Le Congrès, a majorité démocrate, a donc engagé cette procédure exceptionnelle. La demande d’impeachment a été votée le 19 décembre dernier par 230 voix contre 197. La procédure est donc actuellement renvoyée au Sénat, qui doit statuer sur le demande d’impeachment de Donald Trump.

Cependant, comme nous l’écrivions dans un précédent article, il est hautement improbable que Donald Trump soit destitué après son procès devant le Sénat, l’impeachment étant une procédure politique. La raison est simple : puisqu’il faut que les deux tiers des sénateurs approuvent l’impeachment, et l’instance étant à majorité républicaine, il faudrait que 20 sénateurs républicains « lâchent » Donald Trump pour que ce dernier soit destitué.

Toutefois, l’enjeu de ces derniers jours se situaient autour de l’auditions des témoins concernant l’affaire. Pour que ces témoins soient auditionnés, il faut que le Sénat l’approuve à 51 voix sur 100. Il suffirait donc que quatre Républicains approuvent ces auditions ce qui semblait un scénario possible.

Mais après trois jours de réquisitoires, il apparaît que les élus républicains, dirigé d’une main ferme par Mitch McConnell, font bloc et s’opposent par des votes répétés à toute demande d’audition de témoins ou de documents supplémentaires, jusqu’à présent bloqués par la Maison Blanche - à tel point que l’acquittement du président semble pouvoir être envisagé à la fin de la deuxième semaine de procès.

Un témoin embarrassant

Un événement inattendu vient cependant secouer le déroulement de la procédure. Le New-York Times vient en effet de publier des extraits du livre à paraître de John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale du président. Extraits qui mettent Donald Trump dans une très mauvaise position. Bolton affirme en effet que Trump a, devant lui, lié le gel d’une aide militaire cruciale pour l’Ukraine à l’ouverture d’enquêtes visant ses adversaires politiques. Il assure également que le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, et le secrétaire à la défense, Mark Esper, ont désapprouvé cette décision et mis en garde le président contre les agissements de son émissaire en Ukraine, son avocat personnel Rudy Giuliani.

Cette annonce est d’autant plus importante que Bolton occupé une position stratégique dans l’administration Trump jusqu’en septembre dernier. Il ne s’agit donc pas d’un témoignage de n’importe quel employé du bas de la hiérarchie de l’administration ou même d’un adversaire politique mais d’un personnage important de son propre camp politique, ce qui porte un sacré coup symbolique.

Des débuts de brèches dans l’administration Trump ?

Le coup de tonnerre provoqué par les révélations de Bolton ne semble cependant pas avoir ébranlé le Sénat. En début d’après-midi lundi, les avocats du président ont en effet présenté comme si de rien n’était une défense articulée en six points dont le quatrième a été « l’absence d’un seul témoin direct » pouvant attester que le président des Etats-Unis s’est bien lancé dans un tel accord avec l’Ukraine.

Toutefois, malgré la volonté de Mitch McConnell de vouloir resserrer les rangs des Républicains pour en finir le plus rapidement possible avec le procès, quelques voix dissidentes commence à se faire entendre. Troublés par les révélations du New York Times, Susan Collins, Lisa Murkowski et Mitt Romney, sénateurs républicains du Maine, de l’Alaska et de l’Utah, se disent désormais favorables à l’audition de Bolton. Bien que ce ne soit pas encore suffisant pour en sorte que les auditions de témoins soient accordées, cela commence à ouvrir des failles dans le parti républicain. La précipitation avec laquelle McConnell veut expédier la procédure alors même que les Républicains sont en majorité au Sénat montre également que le bloc républicain n’est pas aussi solide qu’il en a l’air.

A huit mois des prochaines présidentielles, qu’un ex-allié proche de Trump lui mette un tel couteau dans le dos, ne présage rien de bon pour sa future campagne. Si les débuts de dissonances qui sont apparues continuent de se creuser, Trump pourrait bien perdre une partie de ses soutiens et de la base sociale qui l’a conduit au pouvoir en 2016.

 
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