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La Izquierda Diario
28 de janvier de 2020 Twitter Faceboock

Lutte pour une autre société
Blocage des E3C : l’expression d’une jeunesse en lutte pour son avenir !
Lorélia Fréjo

Au-delà du mal-être des professeurs, démontré par leur grève de la surveillance et des cours et par les blocages et manifestations devant les lycées où doivent avoir lieu les E3C, c’est la colère d’une partie de la jeunesse lycéenne qui s’exprime autour des actions contre ces nouvelles épreuves.

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 Crédit photo : O Phil des Contrastes 

Depuis le début des E3C, ces épreuves sont bloquées par lycéens et professeurs contre leur mise en place. Des épreuves mal préparées et qui suscitent le stress des lycéens. Une pression scolaire qu’ils ont décidé de dépasser en agissant à la fois contre la réforme des retraites et du bac. Pour leur avenir, ils ont préféré se mobiliser que de passer tranquillement ces épreuves injustes.

La mobilisation contre les E3C continue

Ce matin, de nombreux lycées ont été bloqués pour protester contre les E3C. À Paris, ce sont les lycées Colbert, Bergson ou encore Suger. Au lycée Colbert, face à la mobilisation des enseignants, des lycéens et de leurs soutiens notamment de la SNCF et de la RATP, la proviseure a annoncé ce mardi soir le report de toutes les épreuves après les vacances. Mais c’était le cas aussi au lycée Fresnel à Caen, Romain Rolland à Goussainville, Victor et Hélène Basch à Rennes ou Clemenceau à Montpellier. Des blocages qui montrent la détermination d’une partie de la jeunesse contre un Jean-Michel Blanquer qui fait la sourde oreille face à ces angoisses. Celles de devoir passer un bac au rabais dans des conditions lamentables et sans aucune préparation à la hauteur, celles de finir sa vie avec une retraite minable et après des années de galère.

Malgré la répression policière qui s’est abattue dans de nombreux lycées mais aussi les menaces de « zéro » des proviseurs ou les conseils de disciplines, la mobilisation continue. Au lycée Jean Zay, bloqué lui aussi, on chante « Les E3C, c’est dégueulasse et le zéro, c’est du mytho ! ».

Témoignages d’une jeunesse combative qui lutte pour son avenir

Avec Révolution permanente, nous avons récolté de nombreux témoignages de lycéens au cours des blocages des E3C. Des témoignages qui montrent la détresse d’une génération qui se sent trahie et prise au dépourvue face à la destruction de son avenir et qui refuse de se laisser faire. Face à une société qui voudrait lui fermer des portes, mais aussi en soutien à la grève d’ampleur de la RATP et de la SNCF, ils ont décidé de se mobiliser. Malgré la répression et alors qu’il s’agit ici de leur bac, ils refusent de reculer et prennent tous les risques pour lutter pour une autre société, aux côtés de leur professeurs.

Pour Noa, en seconde au lycée Colbert, « les élèves ne sont pas préparés, le programme n’est pas fait pour », « le bac sera local, un bac à Colbert ne sera pas le même qu’à Henri IV ou Louis Le Grand ». Dans son lycée, les E3C ont été bloqués après une AG pour présenter les E3C et voter le blocage, cela après des difficultés pour avoir une salle. Pour l’instant les épreuves sont reportées mais ils comptent « ne pas faire passer du tout ces E3C ». Pour elle, la grève « montre la colère du peuple ». Il faut que ça bouge et que la grève ne s’arrête pas, pour « continuer de se battre », parce que « l’avenir qu’ils nous réservent n’est rien » et manifester « changera plus que trois heures ratées au lycée ».

Oscar, en première au lycée Suger, raconte : « On a décidé de se mobiliser parce qu’on passe notre bac dans des conditions révoltantes ». Les sujets sont choisis par les proviseurs alors qu’ils ne savent pas ce qui a été travaillé. Il se révolte aussi parce que « la police se militarise » et « qu’on vit dans une France qui resserre l’étau sur le peuple ». La voix du « peuple » pour lui est « étouffée » et il faut « se révolter ».

Pour Clem et Mattéo, en seconde au lycée Maurice Ravel, « Cette réforme du bac n’est favorable que pour les lycées élitistes » et « il faut rester solidaires » avec les autres secteurs. Pour eux, « c’est pas normal, que pour une préparation aussi courte on est des coefficients aussi importants ». Eux aussi souhaitent une mobilisation commune avec les professeurs contre ces nouvelles épreuves et le gouvernement. « Aujourd’hui on est la génération sacrifiée, on essuie des réformes » qui ne sont pas satisfaisantes et « on travaille pour travailler plus que nos parents ». La réforme des retraites pour eux, c’est un futur à combattre.

Dans le même lycée, Candélia raconte se mobiliser « pour être écoutée ». Pour elle, la réforme des retraites va toucher « son entourage » et c’elle aussi, qui devra vivre avec cette « réforme injuste ». Scandalisée que le gouvernement, mais aussi les proviseurs, appellent les policiers pour réprimer les lycéens, elle ne cèdera pas à la peur.

Pour les lycéens de Louis Le Grand, la réforme des retraites, « c’est une réforme qui va faire augmenter les inégalités et le chômage chez les jeunes » et « ce genre de réforme montre qu’on tend vers une société de plus en plus individualiste, qui nie ses fondements, la solidarité ». Les lycéens de Louis Le grand, mobilisés contre la réforme des retraites depuis plusieurs semaines, sont déterminés à continuer d’aller en manifestation et de bloquer jusqu’à gagner.

Pour Marie, en première dans le même lycée, c’est un combat commun contre « la réforme des retraites, la réforme du bac et la précarité étudiante ». Alors que « l’organisation des épreuves est chaotique » et que « le gouvernement a voulu aller trop vite », cette réforme du bac ne la satisfait pas.

L’appel d’une jeunesse prête à élargir le mouvement

Ces lycéens sont le symbole d’une partie de la jeunesse qui refuse de se résigner face aux attaques de Macron et qui est prête à se battre pour un avenir qui correspond à ses aspirations. Tous les matins devant les blocages, des pancartes sont amenées par les lycéens qui y expriment leurs envies d’une société libérée de l’autoritarisme, plus libre et plus égalitaire, d’une société qui ne détruise pas le monde qui l’entoure et où les désastres écologiques ne deviennent pas la norme, une société qui offre un avenir meilleur, qui rime avec « solidarité ».

Dans les universités, là aussi sous l’impulsion de la mobilisation des enseignants et de la recherche, les Assemblées générales se multiplient. Il s’agirait d’amplifier le mouvement de la jeunesse afin de gagner aux côtés des autres secteurs en lutte contre un gouvernement qui n’a plus que la matraque pour se défendre. Ce gouvernement, après les gilets jaunes et une grève d’ampleur depuis le 5 décembre, a soulevé contre lui la colère sociale retenue par de nombreux secteurs. Il est possible aujourd’hui de revendiquer autre chose, une société plus juste et qui ne nous offre pas que la précarité tout au long de la vie. Les E3C, la réforme des retraites ou la LPPR ne sont que la pointe avancée de la société dans laquelle on voudrait nous faire vivre. Les lycéens sont de plus en plus nombreux à le comprendre, et ils refusent de s’y plier !

 
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