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La Izquierda Diario
31 de janvier de 2020 Twitter Faceboock

« Vidal on ne veut pas bosser pour toi ! »
Vœux populaires, actions, grève : « Facs et Labos en lutte » toujours mobilisé contre la LPPR
Cécile Manchette

Mobilisé contre la loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche et la réforme des retraites, le collectif « Facs et Labos en lutte » diversifie ses modes d’actions pour se faire entendre. Grèves, actions, vœux populaires, flashmobs, cortèges massifs et festifs dans les manifestations, le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) en lutte travaille à étendre sa mobilisation. Une nouvelle coordination nationale est appelée ce weekend.

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La colère dans les universités a commencé dans les universités avec la réforme des retraites mais c’est la Loi de "Programmation Pluriannuelle de la Recherche" (LPPR) qui a mis le feu aux poudres. Aujourd’hui, si l’on s’en réfère au site université ouverte créé au cours de la mobilisation, ce sont désormais « 46 facs, 101 labos, 6ESPE, 6 collectifs de précaires, 92 revues, 13 sociétés savantes, 42 séminaires, des sections SNU… qui sont mobilisés contre la précarité, contre la LPPR et contre la casse des retraites ! ».

Une bonne nouvelle pour le monde universitaire peu enclin à la lutte ces dernières années, hormis du côté du mouvement étudiant. Depuis longtemps déjà, comme dans d’autres secteurs, les universitaires assistent à la destruction et à la privatisation du service public, au renforcement des inégalités et de la précarité, aux changements d’évaluation, et à la sape de la production intellectuelle. Alors cette loi, doublée de la réforme des retraites, c’en était trop.

L’atmosphère dans des dizaines de labos et d’universités n’est plus au défaitisme et à la passivité. « Les gens s’amusent et sont combatifs, c’est une mobilisation qui va durer et qui peut gagner. La preuve : la ministre a été obligée de recevoir les syndicats. On les met sous pression » confie Samuel Hayat à Médiapart.

Dans les facs et les labos, on revendique le fait de faire grève, on parle de « grève pédagogique », de « grève administrative », d’annulation de cours, de dispense d’assiduité, de s’organiser en assemblées générales et de rejoindre les dates de mobilisation contre la réforme des retraites. À Paris, les derniers cortèges de l’ESR font parler d’eux de par leur massivité.

Parallèlement, le collectif « Facs et labos en lutte » issu des assemblées générales qui se tiennent depuis décembre, multiplie les actions et les coups médiatiques. Le 21 janvier dernier, à l’appel du collectif, plus de 200 personnes se retrouvent non loin du Musée de l’homme où se tiennent les vœux de la ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal. Les forces de police empêchent les manifestants d’accéder au lieu, Facs et labos en lutte décide de pousser pour rentrer et lire leurs contre-vœux à la ministre comme prévu. La police répond alors violemment et blesse plusieurs personnes dont Gilles Martinet, doctorant à l’IHEAL, au visage. Les images choquent et indignent particulièrement le monde universitaire qui se solidarise du doctorant. Un communiqué des syndicats de l’ESR condamne immédiatement ces violences et « l’escalade de la violence policière ».

Depuis, le collectif « Facs et labos en lutte » ne chôme pas. Le Jeudi 23 janvier 2020, alors que le mouvement social continue de s’intensifier dans l’ESR, les personnels du Campus Condorcet s’invitent aux vœux du nouveau Président, Jean-François Ballaudé. Dans leurs contre-vœux les personnels, étudiants, enseignants en profitent pour dénoncer la répression policière qui s’est abattue sur leurs collègues et rappellent les raisons de leurs colères : « Contre le démantèlement des droits sociaux et des services publics, la précarisation du travail, la dérégulation, la réduction des salaires au profit des actionnaires ; pour un campus ouvert sur la ville et une université productrice d’émancipation collective et de justice sociale : ON EST LÀ ! Et on ira jusqu’au retrait ! ». Le lendemain, le 24 janvier, l’ESR se fait remarquer dans la manifestation parisienne et attire l’attention des médias.

Autre fait d’armes du côté de l’ESR, la candidature collective au HCERES (Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur), institution sans présidence depuis plus d’un mois. Parce que le nom de Thierry Coulhon, actuel conseiller ESR d’Emmanuel Macron, a fuité, près de 5 000 universitaires cette dernière semaine ont déposé leur candidature à la présidence de l’HCERES. Une candidature qui est encadrée par le collectif RogueESR. Les enseignants chercheurs veulent faire « dérailler la machine bureaucratique ».

Comme le rapporte Johanna Siméant dans Médiapartc « On en a marre de jouer en défense et de réagir seulement. Nous sommes dans un mouvement de réaffirmation collective, où on ne fait pas que pleurer sur le service public en train d’être détruit sous nos yeux. On joue quelque chose d’important, on dénonce la dégradation de nos conditions de production intellectuelle. »

En lien avec cette candidature collective et pour contester les changements dans l’évaluation qui se profile, le collectif « Facs et Labos en lutte » a organisé une action à l’HCERES ce mercredi 30 janvier pour rendre les rapports d’évaluation. Suite à la fermeture de tous les accès au bâtiment, la centaine de personnes présentes s’est réunie au pied de l’immeuble et a « balancé » les rapports contre la porte principale. « L’évaluation de la production scientifique soit être faite par les scientifiques dans un but de validation et d’amélioration des connaissances. Nous ne voulons pas d’un haut conseil qui quantifie la production scientifique pour mettre les chercheurs et les chercheuses en concurrence. » est-il écrit sur le site de l’université ouverte.

Pour M. doctorante à l’IHEAL c’était une action importante pour visibiliser leur mobilisation, les revendications de l’ESR mobilisé, et le rôle de cette institution : « l’HCERES c’est une institution bien cachée qui participe totalement du système de la marchandisation par l’évaluation de l’université où le fonctionnement va maintenant être aggravé par la loi de programmation pluriannuelle de la recherche, un système qui va renforcer la précarité déjà très forte avec une logique d’emplois peu stables, de vacataires, une logique d’appels à projets dans la recherche, très formatés, et qui correspondent aux objectifs économiques prioritaires du gouvernement. Si on a la chance d’obtenir un de ces projets on obtient ensuite un financement qui irait de quelques mois à quelques années, et ensuite rebelote. C’est une précarisation totale de la recherche. »

Pour M., membre active du collectif « Facs et Labos en lutte », il est évident, comme pour l’ensemble du collectif, que la lutte contre la LPPR est aussi depuis le début une mobilisation contre la réforme des retraites, « contre un ensemble de réformes qui font système c’est l’imposition d’un système néolibérale par le gouvernement actuel et les précédents. C’est dans le cadre de cette mobilisation plus large qu’on s’inscrit. »

Pour le collectif, le prochain objectif qu’ils préparent depuis plusieurs jours est la coordination nationale de l’ESR qui se tiendra le 1er et 2 février à la Bourse de Saint-Denis. Un point spécifique est d’ailleurs prévu sur la question de « comment construire cette lutte interprofessionnelle avec des représentants de différents secteurs dont les cheminots, la RATP, les hospitaliers… » nous explique la doctorante. Comme entendu au cours de l’action de la bouche de deux doctorants déclamant au mégaphone un texte écrit par leurs soins, la lutte contre la LPPR est la bataille contre un projet de société dans son ensemble, celui des systèmes par points, et pour une université et une société solidaire, d’émancipation collective, de production de savoir par et pour tous et toutes.

 
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