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5 de février de 2020 Twitter Faceboock

Après l’affaire Weinstein..
Affaire Sarah Abitbol : fin de l’omerta sur les violences sexuelles dans le sport
Adrien Balestrini

Metoo vient secouer le monde du sport, et tout particulièrement celui du patinage. Depuis le témoignage de Sarah Abitbol, plusieurs sportifs prennent la parole pour dénoncer l’emprise des entraîneurs et le silence des haut placés de la fédération. Quand position de pouvoir et sexisme font très mauvais ménage.

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Crédit photo : FRANCK FIFE / AFP

« Un si long silence », c’est le nom du livre écrit par Emmanuelle Anizon sous la direction de l’ancienne championne française de patinage artistique, Sarah Abitbol, plusieurs fois récompensée pour ses prouesses sur glace. « Monsieur O., vous étiez mon entraîneur. Je venais d’avoir 15 ans. Et vous m’avez violée. » sont les paroles tranchantes de la sportive qui, après beaucoup d’obstacles institutionnels, a décidé de rendre public les viols et agressions qu’elle a subit de 1990 à 1992. « Monsieur O », c’est le pseudonyme donné à son agresseur en raison de la prescription légale de l’affaire, Gilles Beyer, qui enseignait alors à la Roche sur Yon. Ce n’est pas la première fois que ce dernier est accusé de fait similaire. Avant les déclarations de Sarah Abitbol, une jeune sportive avait elle aussi porté plainte au début des années 2000, qui a été classé sans suite... Cette affaire lève l’écran de fumée autour du monde du patinage, qui n’est pas exempt des dynamiques patriarcales, où violences sexuelles et silence des responsables marchent main dans la main. Mais avant tout ça, revenons sur les faits.

Que s’est-il passé ?

Le 30 janvier dernier, le journal hebdomadaire L’Obs inscrit en lettres capitales sur sa Une « Viols dans le patinage - Une championne brise l’omerta » adossé au regard de Sarah Abitbol qui fixe l’objectif de l’appareil photo. La championne de patinage artistique français, actuellement à la retraite, a choisi de raconter ce que Gilles Beyer lui a fait subir pendant deux années, de 1990 à 1992. Années durant lesquelles il était son coach sportif et utilisait sa position afin d’abuser de Sarah mais aussi d’autres jeunes filles. Il était en effet connu pour donner, en guise d’encouragement, des « tapes porte-bonheur » sur les fesses des jeunes patineuses avant l’entrée sur la piste. Comme le montre le témoignage recueilli par Emmanuelle Anizon, lors de cette période, le coach s’est introduit alcoolisé à maintes reprises dans le box sans portes de Sarah. Puis, une fois le séjour à la Roche-sur-Yon fini, il insista auprès de ses parents pour des stages supplémentaires lors desquels il pouvait continuer à l’agresser.

De cette période, Sarah n’a pas dit un mot et en a même oublié une majeure partie pendant quelques années. Les violences sexuelles dont elle a été victime ont causées chez elle une « amnésie traumatique », terme psychiatrique désignant un mécanisme de défense utilisé par le cerveau pour effacer les causes d’un traumatisme. Tout a ressurgi des années plus tard, quand son corps ne pouvait plus le supporter. Ce traumatisme a provoqué des angoisses violentes, de blocages sportifs qui ont été la cause de sa prise d’anti-dépresseurs et d’anxiolytiques, tout ça en raison du refoulement de ces violences sexuelles. Seulement, elles sont remontées à la surface et mettent aujourd’hui en cause le monde du sport mais aussi la société dans son ensemble libérant , à l’instar du mouvement MeToo, la parole sur les violences de genre.

Un pied dans la fourmilière

Dans sa conférence de presse qui a duré une heure trente sur BFM, Didier Gailhaguet, président de la Fédération française des sports de glace, a contre-attaqué en qualifiant de « minables salissant la fédération » ceux qui l’accusent et a défendu n’avoir commis aucune faute dans l’affaire, ce qui reste encore à prouver. Car ce dernier a accepté que Gilles Beyer soit manager du championnat mondial junior de 2011 en Corée du Sud alors même qu’une lettre de parents, accusant nominativement d’attouchement sur leur fille, avait provoqué au début des années 2000 une enquête demandant l’éloignement de l’ancien sportif des activités éducatives sur des mineurs.

Même si Didier Gailhaguet affirme être « clean », les faits montrent qu’il n’a pas qu’un squelette dans son placard. En 2002, ce dernier est notamment passé devant la justice pour affaire de corruption de juge sportif aux jeux olympiques d’hiver de Salt Lake City. Il s’accroche au pouvoir comme une punaise à son lit. En effet, Gailhaguet qui en est à son troisième mandat à la tête de la FFSG, n’a pas pour préoccupation de répondre à demande la ministre des sports, Roxanna Maracineanu, qui lui réclame sa démission.

Une gestion étatique comme solution ?

Que ce soit Sarah Abitbol ou les dizaines de sportifs ayant signés une tribune dénonçant les violences sexuelles dans le milieu du sport, tous ont l’air d’accorder du crédit à la capacité qu’aurai le gouvernement d’agir. Seulement, s’il n’est pas utile de rappeler la grande mascarade qu’a été le Grenelle des violences faites aux femmes, il y a plusieurs preuves qui montrent que non seulement l’Etat n’est pas un allié mais plutôt un ennemi.

Dernièrement le gouvernement ne s’est pas illustré comme le grand défenseur des femmes, des enfants et des minorités de genre, en témoigne le nombre de femmes réprimées dans la rue qui lutte contre la précarité et la réforme des retraites. malgré toute les tentatives d’adoucir cette situation ouverte sur le sexisme et l’impunité qui règne dans le monde du sport, ce dossier extrêmement brûlant pourrait donner un contenu différent au 8 mars prochain, journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

 
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