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La Izquierda Diario
8 de février de 2020 Twitter Faceboock

Grève des transports
Toulouse : les salariés de Tisséo en grève contre la restructuration des services
Adrien Balestrini

Sur le dépôt de bus de Langlade, dans le sud de Toulouse, une soixantaine de travailleurs se sont réunis aux aurores afin de monter un piquet de grève en réaction à une mesure destructrice, celle de la restructuration des équipes de jour : un pas en avant dans la précarisation de l’emploi.

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La journée de travail débute tôt dans les transports publics toulousain. Ce matin, les salariés et grévistes de Tisséo, surtout les syndiqués, la société de transport toulousain, ont monté un piquet de grève devant le dépôt de bus de Langlade convaincre leurs collègues de faire grève. A l’origine, le piquet était appelé pour faire face à un projet de restructuration interne lié à des obligations d’économie budgétaire sur le dos des travailleurs, mais rapidement, les discussions autour du feu de palette se sont étendues sur les conditions de travail, la mobilisation contre la réforme des retraites ainsi que sur le processus de privatisation qui ne dit pas encore son nom.

Des conditions de travail qui empirent

Selon les grévistes, c’est onze millions d’euros d’économie que la direction de l’entreprise demande, grappillant les économies là où c’est possible, ce qui affecte principalement les conditions de travail et donc la qualité de celui-ci. Décidé à huis-clos dans les salles de réunion entre membres de la direction, la restructuration consisterait en la suppression d’équipes à la maintenance, le déplacement des équipes sur d’autres activités ainsi que la modification des plages horaires. Ces changements concernent les équipes de jour des dépôts de Langlade et d’Atlanta (dans le nord de la ville).

Au delà des détails techniques, c’est une attaque directe sur le travail des ouvriers qui devront non seulement gérer l’activité dans laquelle ils seront affecté mais auront aussi l’obligation d’assurer une partie des missions de réparation et de maintenance. Tout ça pour le même salaire. A cela est couplé la logique du non-renouvellement de la masse salariale. Une fois à la retraite, les postes libérés ne font pas l’objet d’une embauche et la charge de travail incombe aux salariés restant en raison de rentabilité du service public.

Assez rare pour le noter, tous les syndicats représentatifs (CGT Transports Urbains, Sud Transports Urbain, FNCR et CFDT) se sont réunis en début de semaine pour dessiner les premières revendications. Il est dit sur le tract que « l’intersyndicale demande le maintien des équipes de jour, le maintien du nombre de repos dans les roulements, le maintien des heures libres et des ponts, le maintien de la rémunération et le remplacement des effectifs manquants ». Si ces revendications concernent principalement les techniciens des bus et des métros, elles constituent une base de revendication qui concerne l’ensemble des traminots ainsi que les usagers qui empruntent ces lignes de métro et de bus tous les jours.

Vers la privatisation et l’atomisation de la résistance ouvrière

La restructuration des équipes de Tisseo sont aussi un moyen de préparer le terrain à la privatisation de l’entreprise. En effet, cette démarche est déjà enclenchée avec le passage de l’entreprise au statut d’établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), un passage clé pour la privatisation des services publics, comme cela a été fait avec la RATP ou la SNCF). Cette restructuration n’a pas seulement des intérêts économiques mais aussi sociaux.

En effet, si la direction de l’entreprise cherche à accroître la rentabilité en diminuant les embauches et en déplaçant la masse salariale selon un principe de « rationalisation économique », c’est aussi pour faire pression sur les ouvriers et prévenir tout type de contestation pouvant ajouter un grain de sable dans l’engrenage.

Une guerre d’usure pour éviter une situation similaire à celle de la bataille du rail de 2018 où les cheminots se sont soulevé contre la destruction de leurs emplois et la privatisation de la SNCF, qui était sous le statut d’EPIC devenant une société anonyme. Autrement dit, une société ouverte aux intérêts et aux normes du privé.

Contre la restructuration et au delà ?

Au coeur des discussions entre grévistes, la grève historique des cheminots de la SNCF et des traminots de la RATP qui a réussi à imposer un rapport de force à travers le blocage des transports dans la capitale et en se demandant ce qui a manqué pour déclencher une dynamique similaire à Toulouse. Face aux divisions syndicales qui ont été jusqu’ici un frein à la mobilisation chez Tisseo, la perspective d’une unité syndicale face aux volontés de restructuration de la direction pourrait être le socle d’une contre-offensive généralisée à l’ensemble de l’entreprise contre la destruction du transport public toulousain, et ce que cela impliquerait pour les salariés, c’est à dire une charge de travail plus importante et une flexibilisation du travail. Dans ce sens, il paraît difficile de penser que limiter la lutte aux ateliers de maintenance permettrait de faire céder la direction sur ce qui n’est pour elle qu’une étape préparatoire vers la privatisation. Si non seulement tous les salariés de Tisseo sont aujourd’hui concernés, il en va de même pour l’ensemble des usagers de la région, pour lesquels une privatisation de ce service public aurait pour conséquence l’augmentation des prix des transports, la fermeture des lignes non rentables et la baisse de la qualité du service. Autant de raisons de généraliser la grève à toute l’entreprise, et de créer une dynamique de solidarité entre travailleurs et usagers.

 
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