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La Izquierda Diario
8 de février de 2020 Twitter Faceboock

Exercices sémantiques de la traitrise syndicale
Laurent Berger « n’a jamais cru que le gouvernement retirerait sa réforme » : l’a-t-il seulement voulu ?
Arthur Fontane

Interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur le plateau de RMC/BFM TV, le secrétaire général de la CFDT a tenté une fois de plus de défendre sa position de collaborateur d’Emmanuel Macron. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il aurait été difficile d’être moins convainquant.

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Collaborer avec le gouvernement des banquiers et des patrons quand on est censé défendre les salariés, ce n’est pas facile. Et Laurent Berger, qui s’est fait le rempart de la stabilité gouvernementale contre les grévistes, est loin de réussir cet exercice, qui visait à expliquer que décidément, cette réforme n’était pas parfaite, mais que malgré tout, on était encore loin d’appeler à la grève. Dès la deuxième question, Berger réaffirme haut et fort, en expliquant même « être payé pour le savoir », qu’il « n’a jamais cru que le gouvernement retirerait la réforme » ! Il faut dire qu’avec les méthodes que la direction de son syndicat propose, c’est à dire discuter, dialoguer, proposer ou encore se concerter avec le diable et sa grand-mère, difficile de croire pouvoir faire reculer un gouvernement qui a déjà à son palmarès la loi travail XXL, la réforme du rail, Parcoursup ou encore la réforme de l’assurance chômage. Autant de reculs sociaux où la CFDT a bien discuté, mais a laissé la réforme se faire.

Quand à dire qu’il est payé pour le savoir, l’aveu pour le moins cynique, comme si Laurent Berger, payé 4500€ par mois (soit 2,5 fois le salaire médian en France) était payé par les cotisations de ses syndiqués pour aider le gouvernement à faire passer ses contre-réformes. Ce n’est d’ailleurs pas le sentiment général à la CFDT, où de nombreux syndicalistes de la base nous confiaient n’être pas d’accord avec l’orientation prise la direction de la centrale.

Et si les mots ont une importance, il faut dire que Laurent Berger est un vrai poète pour transformer la réalité afin d’aider les gouvernement : au cœur de ses « préoccupations », la question des « transitions » entre le système actuel et le système par points. Parce que dire que la question de la transition suscite « ’des inquiétudes légitimes  », n’est-ce pas avouer à demi-mot que le régime proposée par le gouvernement est moins avantageux que l’actuel ? Qui serait inquiet de la transition d’un régime défavorable à un régime plus favorable ? Et si Laurent Berger tente de travestir la réalité en direct, il ose même se présenter en général victorieux devant Jean-Jacques Bourdin sur la question de la pénibilité expliquant qu’alors qu’Emmanuel Macron n’aimait pas le mot « pénibilité », il est maintenant, grâce à lui « au cœur de la discussion  » ! Encore une grande victoire syndicale !

Envisager des manifestations et la grève ? Face à cette question pourtant facile du journaliste, qui a surement mieux compris que Laurent Berger que sans rapport de force et sans généralisation de la grève, le gouvernement ne retirerait ni ne changerait sa réforme, le syndicaliste bafouille comme un écolier à qui on demanderait pourquoi il a dit un gros mot. S’il répond qu’il « n’hésiterait pas », il assure tout de même que « ce n’est pas un ultimatum » au gouvernement, une autre manière de dire qu’on peut lui marcher dessus comme un paillasson.

« Les syndicalistes se doivent d’apporter des victoires concrètes aux travailleurs » ose enfin dire Laurent Berger à la fin de l’interview ? Vous avez dit concrètes ? Paroles et paroles et encore des paroles chantait Dalida il y a cinquante ans.

 
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