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La Izquierda Diario
10 de février de 2020 Twitter Faceboock

Auto-organisation lycéenne
Coordination lycéenne nationale : la jeunesse organise la riposte contre Blanquer
Ariane Anemoyannis

Ce weekend avait lieu la première coordination lycéenne nationale de l’année, dont l’objectif était de coordonner les différents foyers de mobilisation contre les E3C, et s’organiser pour une poursuite du mouvement après les vacances. 40 lycées représentés de toute la France, un succès qui témoigne d’une mobilisation lycéenne en pleine expansion et d’une jeunesse qui cherche à s’organiser pour en découdre avec le gouvernement.

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Blanquer fidèle à lui-même et à la méthode Coué, annonçait que seulement 15% de lycées avaient vu leurs épreuves du bac continu perturbées. Pourtant, s’il est difficile d’établir de données claires sur l’étendue de la contestation face aux E3C, il est clair que la dynamique n’est pas à l’apaisement comme le souhaiterait le ministre. Il suffit de regarder la fébrilité du gouvernement vis-à-vis de la tenue des épreuves, dont témoigne la présence de gendarmes ou CRS devant les lycées voire dans les salles de classe ces dernières semaines.

Dans ce contexte de perturbation inédite du baccalauréat, les lycéens ont entrepris de faire une première expérience de coordination nationale, pour établir un plan de bataille à la hauteur de l’attaque que représente la réforme. Deux jours durant, les 80 lycéens réunis sur Paris pour l’occasion ont débattu de la situation nationale et des perspectives qui se dessinaient quant à la mobilisation lycéenne.

Des épreuves perturbées dans toute la France…

Les lycéens venaient des Landes, de Picardie, d’Occitanie, du centre de la France, de région parisienne, de Paris intra-muros. S’il existe une omerta impressionnante vis à vis de la dynamique de perturbation et de blocage des épreuves du bac par les médias dominants, la réalité démontre qu’un très grand nombre de lycées sont mobilisés dans toute la France, dont les lycées représentés à la CLN était un échantillon.

A 15, 16, ou 17 ans, ils ont donc fait le trajet à quelques-uns, parfois tous seuls, pour venir représenter leur lycée, et se doter de perspectives plus ambitieuses pour la suite. Une détermination qui impressionne, et témoigne de la radicalité en germe chez les lycéens.

Parfois même quand leur lycée n’a pas bloqué, conscient de la nécessité de se mobiliser pour dire "stop" à la régression sociale, certains sont venus apporter leur expérience d’épreuves s’étant déroulées "dans le calme" selon Blanquer. Résultat, programmes non abordés en cours, surveillants en grève manquant à l’appel, présence policière pour obliger les élèves à composer, phénomènes de stress généralisé dans certaines classes.

Se coordonner pour mieux bloquer

L’enjeu pour les lycéens était tout d’abord de se coordonner pour des actions de blocage à la rentrée. En effet, l’absence d’organisation à échelle nationale avait limité la capacité de mobilisation des élèves, effrayés d’être les seuls à bloquer les E3C. Être informé de la dynamique pour pouvoir davantage convaincre autour de soi et ne pas céder à la peur du zéro, un sujet de débat important pour les lycéens qu’a abordé la CLN.

Les lycéens subissent en effet beaucoup de pression. De la part du gouvernement en premier lieu, qui assure que tout se passe bien hormis quelques exceptions, et laisse penser que les lycéens mobilisés seraient une petite minorité mettant en péril leur année. De la part de leurs proviseurs ensuite, qui lorsqu’ils soutiennent la réforme, menacent les élèves de redoublement s’ils bloquent leurs épreuves.
Ainsi, pour les lycéens, savoir qu’à la rentrée plusieurs établissements seront bloqués est une information cruciale.

Aller au-delà des E3C pour davantage mobiliser

Si la mobilisation est née autour du rejet des épreuves continues du Bac Blanquer, il est clair pour la majorité des lycéens que le combat ne s’arrête pas là. Au contraire, les E3C sont plutôt la goutte d’eau qui fait déborder le vase de tout un tas de réformes de l’enseignement, qui accroissent de plus en plus les inégalités sociales. Derrière les E3C, la volonté du gouvernement de poursuivre la professionnalisation de plus en plus précoce des élèves, débutée avec la réforme du brevet mais surtout par Parcoursup.

La question des revendications était donc un sujet central de cette CLN. Exiger le retrait de l’ensemble des réformes de sélection à l’université a beaucoup été abordé, dès lors que la réforme Blanquer apparait comme étant la "petite soeur" de Parcoursup, allant plus loin dans le processus de sélection des lycéens.

Le fait d’être une génération "cobaye", sur qui le gouvernement teste l’ensemble de ses réformes de privatisation croissante de l’enseignement supérieur, est une préoccupation majeure de la jeunesse, consciente que l’avenir qui lui est réservé est celui de la précarité tout au long de la vie. Précarité dans l’enseignement, précarité dans la vie active, précarité à la retraite. Une carrière qui ne fait pas rêver, et qui cristallise l’antagonisme d’intérêts entre le gouvernement qui veut sélectionner et précariser, et la jeunesse qui aspire à un avenir digne.

L’alliance avec les travailleurs, une nécessité pour gagner

Samedi sont venus intervenir des grévistes de la RATP et la SNCF ainsi que des professeurs du secondaire, pour parler de leurs mobilisations et du lien qu’il existait entre celles-ci. La question de la convergence des luttes, au-delà de l’ennemi commun qu’est le gouvernement, s’incarnait donc dans l’idée de lutter contre un même système qui précarise les enseignants, sélectionne les élèves, et exploite de plus en plus longtemps les salariés.

Yassine du dépôt de Malakoff, est par exemple revenu sur les blocages lycéens pendant le CPE, auxquels il n’avait pas participé mais qui lui ont permis d’avoir une entrée dans la vie active moins précaire que ce à quoi le destinait la réforme du CPE. L’avenir de toute une génération, voilà comment les grévistes RATP ont présenté ces lycéens, qui à 15 ou 16 ans, se mobilisent pour sauver la dignité et le droit à l’enseignement de tous.

Ainsi, la première coordination nationale lycéenne s’est construite avec d’autres secteurs, s’appuyant de leur expérience dans la grève, se nourrissant des leçons apportées par l’avant-garde du mouvement de décembre, et tissant des liens entre les différents lycées mobilisés. Face à la répression administrative et policière, qui depuis 2016 a été une politique de contention de l’auto-organisation dans les lycées, la CLN est une initiative progressiste, qui tend à briser les obstacles du mouvement lycéen et à renouer avec la tradition de lutte de ce dernier.

À la rentrée, la dynamique sur les lycées devrait donc reprendre, renforcée de cette expérience politique. En attendant, c’est à la mobilisation étudiante de se nourrir de cet exemple et de préparer le terrain à un retour en force de la jeunesse, aux côtés des autres secteurs en grève.

 
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