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La Izquierda Diario
15 de février de 2020 Twitter Faceboock

Edito
Ebranlé par la déroute de Griveaux, la macronie à la recherche d’une nouvelle tête de liste
Joachim Bertin

Déboires aux municipales en perspective, écroulement de la campagne à Paris, une image mise à mal sur le terrain parlementaire, une impopularité croissante et une détestation importante. La crise gonfle chez LREM, alors que la bataille sur les retraites n’est pas terminée.

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En crise de personnel politique, LREM à la recherche d’une tête de liste

Le retrait, à grand bruit, de Benjamin Griveaux pour la course à la mairie de Paris, rajoute une (grosse) couche sur les éléments de crise qui traversent La République en Marche. Un mois avant les municipales, le parti présidentiel se retrouve sans tête de liste, et bien dans l’embarras pour trouver un supplétif. Pourtant les objectifs pour ces élections étaient revus à la baisse, 10.000 élus sur 618.384 pour assurer un minimum d’implantation locale en vue des scrutins en cascade qui s’approchent (départementales, régionales, sénatoriales). Les marcheurs ne présenteront au final des listes que dans un peu moins d’une ville de plus de 9000 habitants sur deux. Et malgré l’habile (mais un peu gros) stratagème de Castaner pour gommer tout ce qui existe en dessous, les résultats de ces élections ne risquent pas d’être spectaculaires pour le parti macronien. Au contraire. Par manque d’attaches locales, les quelques têtes d’affiche restantes ont également été appelés à mouiller le maillot pour arracher quelques succès, à l’instar d’Edouard Philippe au Havre.

Si l’on zoome sur les plus grandes villes françaises, où se trouve l’électorat macroniste des présidentielles et des européennes, dans treize d’entre elles (Paris, Toulouse, Lyon pour ne citer que celles-ci), le candidat officiel fait face à un dissident LREM, issu du conseil municipal ou de la majorité parlementaire le plus souvent ! A Saint-Nazaire, Bordeaux, Rennes ou Aix, LREM part sans le Modem pourtant son allié au niveau national. Cas extrême, résolu à la fin du mois dernier par leur retrait, à Biarritz, deux membres du gouvernement se trouvaient dans deux listes différentes ! Dans l’ensemble, hormis quelques villes comme à Toulouse ou Amiens, où LREM parie sur le maire sortant, ses candidats ont du mal à décoller dans les sondages, à l’image de Griveaux avant son retrait.

Après la débandade de Griveaux, Paris pourrait aujourd’hui cristalliser l’inquiétude pour ces élections. Pour un membre de l’équipe de campagne parisienne, interrogé par Le Monde, « il ne s’agit plus de gagner mais de sauver les meubles ». Trouver un profil qui allierait la compétence requise avec la popularité et la disponibilité… pour aller au casse-pipe, semble être un véritable casse-tête pour LREM. Agnès Buzyn, évoquée à un moment, trop prise par le coronavirus a déjà repoussé cette possibilité. Quant à piocher chez d’autres grandes figures éventuellement ministérielles, le risque est aussi politique de prendre une taule. Ou bien les anciens refoulés, comme le député Mounir Mahjoubi qui cherche déjà à se positionner comme le bouche-trou le mieux adapté. Reste peut-être le renoncement, en tendant la main à Villani. Mais à quel prix après l’avoir chassé ? Seule solution, pensent certains, mais douloureuse pour l’image d’un président, déjà critiqué sur sa droite autour du recul sur l’âge pivôt.

Un Acte II raté, la macronie percutée par la nouvelle vague de lutte des classes

Certains éditorialistes bourgeois aimeraient voir désormais le réel commencement de ce fameux Acte II dont on a tant entendu parler. La séquence politique tout entière a été polarisée par la grève contre les retraites et la séquence historique de lutte des classes du début de l’hiver. Si la perspective d’une grève générale s’est éloignée pour le moment, et que le projet de loi a pris le chemin du Parlement – avec toutes ses illusions institutionnelles comme un référendum revendiqué par la gauche institutionnelle – et que le coronavirus est venu détourner l’attention des chaînes d’information en continu, Macron ne dispose pas encore de l’espace nécessaire pour faire de ses deux axes politiques, que sont le « régalien » (euphémisme pour ne pas dire politique identitaire, islamophobe et raciste) et l’écologie, le centre du débat. On sait aussi comment cela s’était terminé pour la majorité présidentielle lors des polémiques sur le voile.

L’ensemble de ces éléments créent des lignes de fracture au sein du groupe parlementaire et de LREM, masquées jusque-là par le dirigisme de l’appareil. Son isolement a été accentué par ses inflexions à droite à gauche sur le dossier des retraites (se mettant à dos sur certains aspects la CFDT et le MEDEF) et par ses aspects d’autoritarisme retoqués par le Conseil d’Etat (notamment sur les ordonnances impliquées dans le projet de loi qui restent à la discrétion du gouvernement). Isolement et déconnexion aussi avec ses députés dont les départs se sont soudainement accélérés. De même les couacs sur le congé deuil et la remise en cause de la consigne gouvernementale sur une loi concernant les allocations pour les personnes en situation de handicap, qui ont une fois de plus montée les classes populaires face au mépris que leur témoignent les puissants et leurs godillots. Et surtout une réforme des retraites, projet phare du quinquennat, à laquelle plus de 60% des français s’opposent en soutenant une grève inédite depuis mai 1968. C’est bien là que l’opposition institutionnelle essaye de frapper, le groupe LFI lançant une motion de censure, sur les aspects de méthode (espérant peut-être que la droite puisse la voter), contre le gouvernement. Macron a été obligé en début de semaine de resserrer les rangs en allant rencontrer ses députés. Mais là encore, des mécontents ont pointé l’absence d’Edouard Philippe à cette rencontre. Décidément, ni chez les enseignants qui continuent leur lutte contre les E3C, ni chez les avocats, ni même dans son propre camp, Macron n’arrive jusqu’au bout à pacifier la situation.

En effet, même si le feu s’est atténué, la colère et la détermination ne sont pas encore consumées, les foyers de contestation restent chauds ! D’ores et déjà le 17 février auquel se rallient de nombreuses sections syndicales de la RATP, des intersyndicales locales, la fédération FO Cheminots et SUD PTT, peut-être une journée pour faire la démonstration que la détermination reste intacte après plus de 50 jours de grève à la RATP et à la SNCF. Cependant, on peut tirer le constat que, au vu des divisions et perturbations qui parcourent le gouvernement et sa majorité, la situation est prise d’une contradiction entre une crise par en haut et des éléments qui révèlent la faiblesse du gouvernement mais qui ne sont pas poussés à leur maximum par le recul de la grève par en bas. On ne peut même pas dire, comme parfois, ils sont forts de ce que nous sommes faibles, tant les grévistes ont commencé à montrer durant les mois de décembre et de janvier l’étendue de leur pouvoir. Il est donc important de tirer des bilans de la séquence qui vient de s’écouler pour repartir de plus belle et gagner cette fois-ci, et notamment du plan de bataille de l’intersyndicale qui a remis sur le devant la stratégie éculée des journées saute-mouton, de la dispersion des dates, des grèves non-coordonnées entre les secteurs et en ne se battant pas jusqu’au bout pour la généralisation de la grève. Pour cela, il est nécessaire que les secteurs qui ont commencé à entrer dans la lutte se coordonnent pour mettre en place un état-major de la lutte issu de la base qui se radicalise face à la répression et à l’autoritarisme du pouvoir, pour partir tous ensemble, préparer la grève financièrement, techniquement, autour de mots d’ordre qui donnent une raison de lutter, de se mettre en grève aux secteurs les plus exposés à la répression de notre classe. Face à un ennemi fébrile, il faut enfoncer le clou ! Nous avons la possibilité de gagner contre ce gouvernement, contre la réforme des retraites, et contre tous ses projets anti-sociaux.

 
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