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La Izquierda Diario
15 de février de 2020 Twitter Faceboock

Petites mains invisibles
Fac de Dauphine. Les "petites mains invisibles" ont la parole : « nous continuerons la grève, même sous la pluie »
Lou-Salomé Duverger

Retour sur la conférence-débat organisée le 12 février à Dauphine « Réforme des retraites : quid des femmes ? Quid de la pénibilité au travail ? ». Interventions de professuer.e.s mobilisé.e.s et de grévistes sur les rapports de classe, de genre et de race dans la réforme des retraites.

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Ce mercredi 12 février à Dauphine l’amphi 11 se remplit d’étudiant.e.s, professeur.e.s, doctorant.e.s, agent.e.s d’entretien et grévistes. La majorité des personnes gardent entre leurs mains la nourriture achetée à prix libre à l’entrée, et dont les bénéfices sont reversés à la caisse de grève pour les travailleur.se.s de l’hôtel Ibis Batignolles.

Les premières intervenantes sont Céline Bessière et Sylvie Gollac, sociologues spécialisées dans le lien entre inégalités de genre et capital. Elles soulignent que les femmes retraitées touchent des revenus de 38% moins importants de ceux des hommes. Ceci est dû aux normes genrées sous la capitalisme qui marquent les expériences de vie des femmes, marquées par une prise en charge accrue du foyer et des enfants et notamment au sein des couples hétérosexuels : temps partiel imposé, taux de chômage élevé, plafond de verre. En bref, les femmes, souvent travailleuses précaires ont moins de place pour les loisirs, et elles gagnent moins d’argent.

Patricia : agente de ménage à l’université Paris-Dauphine. Elle a été en grève en juin dernier, afin de dénoncer ses conditions de travail. Patricia expose sa difficulté à comprendre la réforme des retraites, qui lui ai souvent expliquée par un ton hautain dans un mépris de classe.

Inès, infirmière du collectif inter-urgences, expose le traitement indigne des patients et des individus qui passent leurs nuits à l’hôpital afin d’avoir où dormir faute de places dans les établissements sociaux. Elle décrit ensuite la pénibilité de son travail, qu’elle exécute de nuit : ceci abaisse sa moyenne de vie de 10 ans. La précarisation est une constante de l’hôpital, pour les patients comme pour le personnel : elle affirme que « l’hôpital est le miroir grossissant de toutes les inégalités ».

La dernière intervention est celle de Rachel, Sylvie et Ndiaye : travailleuses de l’hôtel Ibis Batignolles en grève depuis 7 mois. Elles nous font part de leurs conditions de travail : un travail répétitif qui cause des souffrances constantes, un paiement à la tache qui pousse à une productivité toujours majeure et qui empire les douleurs physiques, les discriminations quotidiennes (pas le droit aux bouteilles d’eau, interdiction de manger avec le reste du personnel). Comment continuer jusqu’à 62 ou 67 ans dans ces conditions ? Elles affirment que « avec la sous-traitance va la maltraitance ».

Elles se montrent très déterminées dans leur lutte : « nous continuerons la grève, même sous la pluie », elles sont les petites mains invisibles, les précarisées de l’Etat pour ne pas être de nationalité française. Montrons-nous solidaires avec ces femmes en grève par notre présence au rassemblement du 15 février à La Belle étoile / Jolie Môme, 14 allée Saint-JusteLa Belle étoile / Jolie Môme, 14 allée Saint-Just, La Plaine Saint-Denis (93).

Crédits photo : Photo Denis Allard pour Libération

 
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