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La Izquierda Diario
18 de février de 2020 Twitter Faceboock

« Capitalisme vert »
Action chez Black Rock. Jadot condamne la violence… des manifestants
Gabriella Manouchki

Invité par BMFTV et RMC, le député européen EELV Yanick Jadot condamne « sans hésitation » l’action menée la semaine dernière par des militants écologistes au siège du gestionnaire d’actifs Black Rock. Une prise de position qui en dit long sur ses conceptions politiques : celles de la bourgeoisie qui n’a de vert que les billets, celles qui au-delà du discours n’ont rien de nouveau à proposer.

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Crédit photo : BFM

Alors que le parti Europe Ecologie Les Verts (EELV) entend profiter de l’espace ouvert à la gauche de la Macronie pour les municipales, l’eurodéputé Yannick Jadot est invité à se prononcer sur la situation politique. Constatant - perspicace - « une colère chez nos concitoyens », il entend nous offrir au travers du programme électoral de son parti des « solutions » que le gouvernement actuel ne saurait incarner - comme s’il ne s’agissait en fin de compte que d’un problème moral de bonne volonté. Car lui, à la différence de Macron, saurait faire de cette colère « la sienne ».

Pourtant, dans la même séquence, l’ex-candidat aux présidentielles condamne ouvertement l’action menée par des militants écolo au siège de Black Rock. En effet, après avoir été envahie une première fois par les grévistes de la RATP et de SNCF pour dénoncer les intérêts de cette enseigne dans le projet de réforme des retraites, la multinationale était de nouveau visée le 10 février dernier en raison de ses investissements dans l’énergie fossile.

Sur les réseaux sociaux, les organisations coordonnées autour de cette action portaient un message clair : « Le 10 février, nous condamnerons les complices de l’inaction climatique. Nous nous attaquerons à une grande entreprise, qui exploite le vivant et les plus démunis, en enrichissant les actionnaires ». À l’intérieur du bâtiment, cette attaque symbolique a été inscrite sur les murs au travers de tags politiques, tels que « écologie libérale, mensonge du capital » ou « le kérosène, c’est pas pour les avions, c’est pour brûler les flics et les patrons », exprimant un rejet du nouveau visage des politiques libérales pillant la nature et les plus démunis - c’est-à-dire un rejet du mythe du « capitalisme vert ».

S’appuyant sur une définition légale bourgeoise de la « violence », comme il l’avait déjà fait au sujet des Gilets jaunes, Jadot réprouve les dégradations commises lors de l’action dans le siège de cette multinationale, alors même que cette dernière est visée en raison de la violence, autrement plus destructrice, qu’elle génère à l’échelle planétaire en soutenant matériellement l’exploitation du vivant. En vérité il s’agit là d’une prise de position inavouée contre le message politique de cette action. En réduisant l’envahissement de Black Rock à des actes de « dégradation », c’est-à-dire en cherchant à dépolitiser l’action et en la condamnant, Jadot fait une fois de plus la démonstration que notre colère ne sera jamais la sienne.

Au-delà d’un profond manque de respect pour les militants qui ont par ailleurs été durement réprimés, cette déclaration révèle la profonde déconnexion qui existe entre la base et la direction « officielle » du mouvement écologiste. Pendant qu’une large frange de la jeunesse se politise sur les questions écologiques en lien avec la crise organique qui caractérise notre époque et qu’une partie de cette frange se radicalise dans la lutte, l’absence de recomposition correspondante sur le plan politique fait que le parti « écolo » continue de fanfaronner en nous faisant croire qu’il pourrait mener une politique écologique si on votait pour lui, sans remettre en cause le système dans son ensemble.

Une telle stratégie politique, celle du réformisme, ignore les fondements matériels de l’exploitation du vivant. Par conséquent, elle ne peut que nier la nécessité de récupérer les moyens de production des mains de la bourgeoisie et la planification de l’économie comme impératifs pour une écologie à la hauteur des enjeux auxquels nous sommes confrontés. De fait, elle amène nécessairement à la condamnation des actions, comme celle de Black Rock, qui font apparaître, même symboliquement, le lien structurel qui existe entre l’exploitation capitaliste et la destruction du vivant - et donc la nécessité de lier en théorie comme en pratique écologie et lutte contre le capitalisme.

Malgré un vernis très progressiste, Jadot et son parti EELV n’ont pas d’alternative à proposer. Au contraire, comme nous l’écrivions avant les élections européennes : « Derrière une façade d’intransigeance envers le néolibéralisme et ses conséquences désastreuses, l’idée est de réformer le système à la marge, sans sortir de l’économie de marché ».

 
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