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La Izquierda Diario
22 de février de 2020 Twitter Faceboock

#NosViesValentPlusQueLeursProfits
L’hôpital doit-il être rentable ?
Avis Everhard

Pendant que le gouvernement joue aux chaises musicales pour le siège du ministre de la santé, les hospitaliers ne cessent d’exprimer leurs revendications par tous les moyens nécessaires. Mais pourquoi le système de santé français en est arrivé là aujourd’hui ?

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C’est une suite de réformes du système de santé présentées par les gouvernement successifs pour palier à des problèmes organisationnels alors qu’il s’agit simplement de réformes à but financier, c’est-à-dire pour faire des économies et rendre chiffrable le plus possible pour les investisseurs ce qui rapporte et ce qui ne rapporte pas.

Cela a commencé par les ordonnances de 1996 du « plan Juppé » sur la sécurité sociale. Ces ordonnances permettent la création de bail emphytéotique (de très longue durée) où un partenariat public/privé se crée. L’hôpital privé ou public doit alors payer un loyer mensuel ce qui le conditionne à devoir être rentable. Ces objectifs étaient principalement la réduction de 100 000 lits car les durées de séjours étaient passés de plus de vingt jours en moyenne à six jours seulement.

Arrivent ensuite les lois sur la nouvelle gouvernance de 2005, qui instaure la création de la nouvelle tarification à l’activité (T2A), qui privilégie les recettes sur les dépenses ou les résultats sur les moyens. La T2A permet au secteur privé lucratif de l’exploiter au mieux en pratiquant les dépassements sur les honoraires médicaux pour gagner toujours plus de profits sur le dos des patients.

Des réformes qui tendent à un système de santé privé avec des conditions de travail inhumaines et une qualité de prise en charge des patients en berne

La santé et l’éducation sont les deux grands secteurs d’activité qui ne sont pas encore cotés en bourse. Après les réformes instaurant la sélection à l’université, augmentant considérablement le prix de l’inscription pour les étudiants étrangers, Emmanuel Macron sort de son chapeau une nouvelle attaque avec la réforme LPPR ainsi que le nouveau bac qui favorise les lycées les plus aisés.
Aujourd’hui, comme les gouvernements successifs, il demande à une majorité de la population de se serrer la ceinture, en s’attaquant à ces services publics, tandis que la part de l’industrie diminue de plus en plus en France avec les nombreuses fermetures d’usine. Ainsi, aux actionnaires ne restent plus que les services en France pour se faire de l’argent. La logique est de réduire petit à petit la part du service public. Le marché de la silver economy est un bon exemple, en pleine expansion depuis les années 80, qui appartient à de grands groupes d’investisseurs comme PAI Partners, actionnaire majoritaire de DomusVi (le troisième acteur français des maisons de retraite). Une maison de retraite publique coûte 2000 euros par mois contre 3000 euros dans le privé. Les enfants doivent donc assurer le règlement de ces loyers car peu de retraités touche une pension aussi élevée.

Des conséquences graves sur la santé ont commencé à apparaitre, que ce soit pour les patients mais aussi pour les soignants. Christophe Prudhomme, médecin urgentiste à Bobigny et militant CGT, a cité quelque exemples : Agnès Buzyn a proposé comme fausse solution pour palier au manque de maternité, de former les urgentistes à faire des accouchements inopinés, qui sont des accouchements faits en dehors des
maternités, qui représentent un risque mortel pour le nourrisson ou la mère (hémorragie, accouchement au siège...). Une enfant de 11 ans a été renvoyée deux fois des urgences de l’hôpital Necker (référence en pédiatrie) faute de lit, et, au bout de la troisième, elle s’est faite opérer d’une péritonite et en est décédée.

Toutes ces conséquences ne sont que le reflet d’une politique de rentabilité et de marchandisation de la santé

Pour les médecins, il n’est pas possible de mettre les patients dans des cases, il n’existe pas de patient « normé », des contextes socio-économiques, psychologiques et physiques entrent évidemment en jeu. Le manque de sens provoqué par l’enchaînement des actes de soins sans prendre le temps de discuter avec le patient a diminué de 42% le nombre d’étudiants en formation d’aide soignant cette année. De plus les aides soignants sont payés au lance pierre avec une paye à 1,3 fois le SMIC, alors que se loger en région parisienne s’avère être le parcours du combattant.

Le gouvernement de Macron économise sur la santé tandis qu’il augmente le budget de la police responsable de nombreuses violences policières. Avec la réforme des retraites qui supprimera les catégories actives, les soignants devront travailler jusqu’à 67 ans au lieu de 64 aujourd’hui. Cela est une catastrophe pour le personnel de santé. Aujourd’hui, les différents collectifs (inter-urgences, inter-hôpitaux..) doivent s’organiser dans les Assemblées Générales pour établir un réel plan de bataille contre la casse de l’hôpital et de la santé publique, en organisant des actions avec d’autres secteurs avec lesquels il sera alors possible de multiplier le rapport de forces pour que cesse la marchandisation de la santé.

 
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