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26 de février de 2020 Twitter Faceboock

Répression
Répression à Tolbiac : « On nous empêche de rentrer dans notre université, parce qu’on est militants »

Depuis le début de la semaine, l’administration de Tolbiac a fait le choix de la répression en empêchant les étudiants associés à la mobilisation de rentrer dans leur université. Révolution Permanente a interviewé Simon et Nathan, militants au NPA et interdits d’université jusqu’à nouvel ordre.

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Révolution Permanente : Simon et Nathan vous êtes étudiants à Paris 1, racontez- nous ce qui se passe depuis deux jours sur votre université

Simon : Le jour de la rentrée, des étudiants ont décidé de se mobiliser contre des partiels organisés en plein milieu du second semestre et ce malgré les votes des assemblées d’UFR réunissant profs et étudiants, qui dans la plupart des cas, s’étaient prononcées contre leur tenue. Lundi, après une tentative de blocage, les étudiants reconnus comme ayant participé aux mouvements contre la réforme des retraites et contre la casse de l’université, qu’ils aient pris part ou non au blocage du matin, ont fait l’objet d’un contrôle spécifique de la sécurité de l’université. Celle-ci les a empêchés de se rendre à leurs cours, et de rentrer dans l’université pour composer leurs partiels.

Mardi, alors qu’un comité de mobilisation devait se dérouler sur la fac pour préparer la journée du 5 mars, date nationale de mobilisation dans l’enseignement supérieur, ces mêmes étudiants ont été empêchés d’entrer dans la fac.

Nathan : Ce qui se passe dans notre université est grave. Les vigiles empêchant les étudiants de pénétrer dans leur université. Les échanges que l’on a pu avoir avec la sécurité laissent même supposer qu’un fichage des étudiants mobilisés aurait été effectué, et qu’au moins une grosse vingtaine d’entre eux serait concernée. Si mardi une partie des étudiants ont pu rentrer après plus d’une heure de négociation, c’est dans des conditions scandaleuses, en étant suivis par des vigiles, les menaçant de conseils disciplinaires et les avertissant que leur avenir à la fac allait être remis en question. Vers 20h, personnels, professeurs et étudiants ont interrompu leur comité de mobilisation pour aller soutenir une étudiante bloquée à l’extérieur de l’université. Ils n’ont obtenu aucune justification de la direction du centre, et se sont vus contraints de quitter la fac, par l’intervention de policiers venus renforcer le dispositif de sécurité.

Révolution Permanente : Comment avez-vous appris que la direction de l’université avait fait le choix d’interdire l’accès au centre à certains étudiants ?

Simon : Justement ! L’université est dans l’illégalité la plus complète, car aucun des étudiants concernés par cette interdiction d’entrée n’a reçu de notification officielle de cette décision. C’est donc en arrivant sur notre lieu d’étude, munis de notre carte étudiante, que nous avons appris que nous n’étions plus autorisés à rentrer. Une telle interdiction doit être motivée, la direction du centre n’a pas daigné nous expliquer cette décision ni nous en donner officiellement les motifs.

Nathan : La décision de la direction du centre, en plus d’être illégale est claire, il s’agit de viser directement les militants. Hier, pendant que nous demandions des explications, le responsable de la sécurité a répondu à l’un d’entre nous « toi, tant que je serai là, tu ne rentreras pas ». Cette décision est bien entendue politique, ce qui est en jeu c’est la répression de ceux qui depuis le 5 décembre accomplissent un travail militant, distribuent des tracts, font des tours de td et d’amphi et organisent des assemblées générales… La volonté est de casser le travail militant et syndical qui a pu être fait, ce qu’on nous reproche en premier lieu, c’est d’avoir informé les étudiants sur la réforme des retraites ou sur la casse de l’université avec la loi LPPR et d’avoir voulu se battre contre ces contre-réformes.

Révolution Permanente : Les militants à Tolbiac doivent-ils fréquemment faire face à ce genre de répression ?

Simon : Oui, ces événements s’inscrivent dans une série d’épisodes répressifs sur notre université. Et si l’université en bloquant l’entrée à certains élèves passe une nouvelle étape, c’est en réalité depuis bien avant le 5 décembre que la répression s’abat sur les militants de Tolbiac. Avant même le début du mouvement contre la réforme des retraites initié par la RATP et la SNCF, la présidence de Paris 1 avait empêché la tenue d’assemblées générales en fermant systématiquement les centres dès lors qu’un cadre d’auto-organisation était appelé. Tolbiac a ainsi connu un lock-out administratif pendant plus d’un mois et demi. Après les vacances de Noël, la répression policière s’est faite menaçante, des dizaines de camions de CRS étaient postés devant l’université le jour de l’assemblée générale de rentrée, nous rappelant que chaque tentative de mobilisation étudiante devrait faire face à l’intimidation policière.

Le 6 février, c’est la police, le gaz et la matraque qui ont accueilli étudiants, personnels et professeurs se mobilisant à l’appel d’une journée de manifestation nationale et interprofessionnelle. Plus grave encore jeudi 13 février, une centaine de CRS ont nassé les étudiants dans l’université, pendant plusieurs heures, alors que ces derniers rejoignaient une manifestation Interfac contre la précarité étudiante. L’ensemble des étudiants ont été obligés de sortir de l’université sous contrôle policier, confisquant banderoles et mégaphones et fouillant les étudiants.

Nathan : Le climat répressif dans nos universités semble se généraliser. En 2018, par exemple, l’université du Mirail, à Toulouse, avait connu le même type de répression. Il est aujourd’hui prouvé que des hauts responsables de l’université avaient établis une liste noire des personnels grévistes pour restreindre leur accès à certaines salles du campus. Le fichage des militants est une scandaleuse atteinte au droit de grève. L’année dernière à Nanterre, deux étudiants étaient convoqués en conseil disciplinaire pour s’être mobilisés. De plus, à l’occasion de la fusion des facs de Paris 5 et Paris 7, un nouveau projet de règlement intérieur classé confidentiel a été rédigé par la présidence de la fac. Les documents ont fuité et révèlent un projet liberticide, puisque la moindre réunion sera désormais soumise à une déclaration préalable à la préfecture et à une validation par la présidence. La présence policière à Tolbiac n’est pas non plus un coup d’essai, en 2016 et en 2018, les CRS rentraient dans l’université. La répression de l’administration et celle des forces de l’ordre qui travaillent main dans la main ne peut pas être banalisée. La présence de plus en plus fréquente de la police devant nos facs et le fichage des militants sont inacceptables et doivent être combattus !

Révolution Permanente : Quelles suites comptez-vous donner à la répression qui s’abat sur vous ?

Simon : Déjà, je veux réaffirmer que ce qui est en train de tomber sur nous est illégal et scandaleux. L’université ne peut pas empêcher de façon arbitraire l’entrée des étudiants, militants ou non. Elle ne peut pas s’engager dans ces actions sans avoir auparavant engagé une procédure officielle notifiant aux étudiants leur interdiction de se rendre dans l’université. Par ailleurs, une telle interdiction d’accès à l’université devrait être motivée et à ce jour aucun motif n’a été avancé. De plus, il est bien sûr interdit de ficher des étudiants, tout comme des personnels d’université sur la base de leurs convictions politiques. Il ne s’agit ni plus ni moins d’un fait avéré de discrimination de la part de l’université ! En réponse, nous ne nous priverons pas d’utiliser toutes les voies légales à notre disposition pour mettre fin à ces pratiques illégales. Aux côtés des professeurs et des syndicats, un dossier commence à être constitué pour intenter à l’université un référé liberté.

Nathan : Ces intimidations ne nous empêcheront pas de continuer à militer contre la réforme des retraites et contre la casse de l’université. Ce qui est aussi en jeu c’est la défense d’une université ouverte à tous et toutes, une université où la police et la direction ne peuvent pas décider arbitrairement qui a le droit d’y rentrer et d’y étudier. Nous appelons à la solidarité des personnels et étudiants de notre université et rappelons à ces derniers qu’ils peuvent répondre à ces attaques liberticides, à la présence policière, en exerçant leur droit de retrait et en refusant la politique de la direction. A une semaine du 5 mars qui devrait mobiliser l’enseignement supérieur, une réponse offensive face à la répression est plus que jamais nécessaire ! Et si depuis le début du mouvement tout a été fait pour empêcher la mobilisation des étudiants, nous continuerons à mettre tout en œuvre pour qu’une jonction des étudiants et des travailleurs se réalise, car c’est ensemble que nous gagnerons contre ce gouvernement et face à la répression qui s’abat sur tous les secteurs en lutte.

 
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