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27 de février de 2020 Twitter Faceboock

Coronavirus
Coronavirus : démêlons le vrai du faux à la veille de la pandémie
Jean-Michel Larhot

L’épidémie du coronavirus SARS-CoV-2, tel qu’il a été rebaptisé, continue de s’étendre, notamment en Asie, mais aussi en Italie ou en Iran ; et, pour la première fois depuis le début de l’épidémie, il y a plus de nouveaux cas hors de Chine qu’en Chine. La perte de contrôle sur l’épidémie devient une hypothèse affolante pour les marchés financiers, et provoque nombre d’appels réactionnaires à fermer les frontières. Afin d’y voir plus clair, il convient de revenir aux données médicales.

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Crédit Photo : CDC/Dr. Fred Murphy

Le coronavirus SARS-CoV-2 a touché près de 80 000 personnes, en grande majorité en Chine et en Corée du Sud. De nouveaux foyers sont apparus, en particulier en Italie, où le nombre de cas a explosé ces dernières semaines, mais aussi en Iran, ce qui montre la potentielle généralisation de l’épidémie. Dans cette hypothèse, les conséquences pourraient être graves, en particulier dans les pays où les infrastructures médicales ne pourraient pas y faire face.

Le coronavirus SARS-CoV-2, portrait-robot

Le nouveau virus SARS-CoV-2 est de la famille des coronavirus. Cette famille est entre autre responsable des rhumes communs en hiver mais aussi des bronchites et autres infections pulmonaires. Les variantes les plus sévères de ces virus sont celles transmises à l’homme par des animaux comme le SRAS de 2003 ou le MERS (de 2012 à 2015 au Moyen-Orient et en Corée).

Le SARS-CoV-2 de 2019 est aussi d’origine animale, son réservoir initial est certainement la chauve-souris et le pangolin, ce qui aurait permis au virus de faire le pont vers l’humain. Cette hypothèse est appuyée par la découverte de virus très semblables chez ces animaux, et par les liens des premiers contaminés avec le marché de Wuhan, où l’on vend ces animaux, vivants ou morts. Cependant, il faut noter qu’à l’heure actuelle, aucune certitude n’existe sur ce point.

En terme de dangerosité, cette nouvelle souche de coronavirus affecte principalement les personnes âgées ou bien fragilisées par d’autres maladies cardiaques ou respiratoires. Le taux de décès chez les personnes infectées est de l’ordre de 3% ; par comparaison, la mortalité de la grippe est de l’ordre de 0,1%. Ce nombre n’est pas négligeable, mais reste faible par rapport aux fièvres hémorragique comme Ebola, où la mortalité peut atteindre 90%.

Le taux de cas grave, nécessitant une prise en charge avancée, varient de 10% à 20% des cas ; une pneumonie grave apparaît alors et cause des complications cardiaques et respiratoires. Les cas bénins de la maladie peuvent passer pour une grosse grippe, ou même passer complètement inaperçus. Cette propriété rend la contagion particulièrement complexe à endiguer, du fait du nombre élevé de porteurs sains ou presque. Cet effet est renforcé par la période d’incubation, qui peut durer jusqu’à deux semaines, pendant lesquelles les personnes touchées sont contagieuses, sans pour autant manifester de symptômes. Statistiquement, une personne infectée contamine entre 1 et 4 autres personnes : il y a donc un véritable risque infectieux.

Une épidémie qui s’étend

L’épidémie de coronavirus s’étend hors de Chine. Cette semaine, pour la première fois, on dénombre plus de nouveaux cas hors de ce pays que dedans. À part les cas isolés qui apparaissent un peu partout, dont les cas apparus en France jusqu’à maintenant font partie, les foyers italiens et iraniens montrent la réalité du risque de pandémie.

Le foyer du nord de l’Italie a montré une forte augmentation du nombre de cas sur la fin du mois de février, passant de 6 à plus de 300 cas déclarés entre le 20 et le 25 de ce mois. Cette explosion montre le potentiel infectieux de la maladie, qui peut rester longtemps à l’état de “veille” avant de provoquer une cascade de cas.

Le foyer iranien est cependant plus inquiétant. D’une part, comme la Chine l’a fait au début de l’épidémie, le gouvernement Iranien pourrait sous-estimer les chiffres de cas d’infection. En Chine, ce mensonge avait énormément ralenti la mise en place d’une réponse adaptée ; en Iran, l’impact pourrait être encore plus grand. En effet, le gouvernement réactionnaire iranien nourrit l’hypothèse d’un complot derrière l’épidémie, à l’heure où il y aurait au moins 95 personnes infectées. D’autre part, contrairement à l’Italie, l’Iran est nettement moins intégrée dans les échanges internationaux. Cela montre aussi que la France ne pourrait pas magiquement échapper à l’épidémie en fermant ses frontières, n’en déplaise à Marine Le Pen.

Ces deux nouveaux foyers montrent le danger croissant posé par le coronavirus SARS-CoV-2, sachant que, contrairement à la crise du H1N1 en 2009-2010, il n’existe pas de vaccins ni de traitements à l’efficacité démontrée contre ce virus.

Diagnostic et traitement : Quelles possibilités médicales ?

Comme nous l’avons vu, le diagnostic de ce nouveau virus est particulièrement complexe. De manière générale, le diagnostic découle d’une conjonction des symptômes respiratoires avec le contact avec une personne ou une zone infectée. Ce deuxième facteur pourrait compliquer le diagnostic en cas d’augmentation des foyers. Si ce diagnostic initial est établi, le patient doit être isolé et soigné, les proches avec lesquels il ou elle a été en contact doivent aussi être placés sous surveillance médicale. Toutes ces opérations nécessitent beaucoup de personnels et de matériel assurant en premier lieu la sécurité des personnels soignants. Dans les zones touchées, certaines activités doivent aussi être limitées. Cependant, pour être efficace, ces restrictions doivent être ciblées. À l’heure actuelle, la connaissance du virus est encore trop initiale pour que cela soit vraiment le cas.

Avec une crise de l’hôpital qui ne fait qu’empirer, la capacité de notre système de santé à mettre en œuvre une réponse adaptée en France est loin d’être assurée. En effet, tant le triage initial des patients que l’isolement de leurs proches nécessitent des ressources qui ont été particulièrement attaquées par les réformes de l’hôpital public, qui ont voulu le rendre « rentable ». Le néolibéralisme, par son besoin de rentabilité, à rendu la société moins résiliente, signe supplémentaire, s’il en fallait, qu’il faut en finir avec le capitalisme.

Enfin, comme indiqué plus haut, il n’existe pour l’instant ni vaccin ni traitement réellement efficace contre ce virus. Lors de la prise en charge, seuls les symptômes sont traités. Depuis quelques jours, un traitement à base de doses importante d’un antipaludique (la chloroquine) attire l’attention. In vitro, ce traitement est un antiviral puissant contre les coronavirus ; cependant, pour la majorité de la communauté scientifique, il manque d’essais cliniques pour apprécier son efficacité. L’Institut Pasteur, quant à lui, travaille sur un potentiel vaccin à partir du vaccin contre la rougeole.

Le coronavirus SARS-CoV-2 représente ainsi un véritable risque, même si la pandémie n’est pas encore là, et pourrait encore être évitée. Il n’en reste pas moins que la fébrilité des marchés à chaque annonce concernant l’épidémie, combinée aux les problèmes chroniques de l’hôpital en France montrent à quel point les effets d’une maladie peuvent être drastiquement magnifiés par notre système économique.

 
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