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La Izquierda Diario
1er de mars de 2020 Twitter Faceboock

CORONAVIRUS
Le Louvre fermé, les travailleurs en droit de retrait !
Tom Cannelle

C’est à une quasi-unanimité qu’aujourd’hui les travailleurs du plus grand musée du monde ont exercé un doit de retrait jugeant que les prérogatives sanitaires de la mairie de Paris à l’égard du musée ne suffisaient pas à prévenir une éventuelle diffusion du coronavirus. Que signifie cette action historique pour une telle institution ?

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C’est à la suite d’une réunion interne d’information sur le coronavirus ce dimanche 1 mars, que les 300 travailleurs de l’accueil et la surveillance du plus grand musée du monde ont exercé leur droit de retrait. Hier marquait en effet le passage au niveau 2 d’alerte de l’épidémie qui a entraîné des mesures de préventions de la part du gouvernement. Il est de ce fait interdit dans le Nord de la France de se réunir à plus de 5 000 personnes dans des lieux confinés pour éviter la propagation du virus. Or le musée du Louvre accueille plus de 40 000 personnes par jour et se développe en très grande partie dans les sous-sols. C’est donc dans cette configuration, à la suite de l’heure d’information qui ne proposait qu’un plan minimal de prévention (qui prévoyait d’ouvrir dans ces conditions le musée), que le personnel a décidé d’exercer leur droit de retrait. Non seulement, ce refus d’ouvrir le musée est présenté par les travailleurs comme une mesure de prévention pour eux-mêmes, mais surtout pour le public.

Un droit de retrait qui s’impose après une séquence dont on peut apercevoir l’influence

Face à l’absence de directives claires de la part de la Ville de Paris, les travailleurs et travailleuses du musée ont décidé de prendre en main la question de la sécurité et de la prévention en reprenant à leur compte le mode d’action qui a resurgit durant la dernière période de mobilisation par la SNCF suite à un accident et la RATP face à la répression : le droit de retrait. Considérant en effet que le risque d’ouverture du musée est trop élevé face au risque d’épidémie et forts de l’expérience de leur pouvoir bloquant pendant la grève qu’ils ont menée depuis le 5 décembre allant jusqu’à bloquer le musée, les travailleurs réaffirment, d’une certaine manière, qui a le pouvoir d’ouvrir le Louvre.

Prendre en charge la question sanitaire, c’est avoir pris conscience du rôle et de l’impact de son travail dans la société sur beaucoup de plans. Cette action, qui relève effectivement de la spontanéité, n’aurait néanmoins pas pu être mise en place sans la séquence de lutte intense contre la réforme des retraites durant lequel les travailleurs se sont ré-emparés de leurs moyens de lutte et qui montre l’influence étendue de cette grève au-delà du cercle des travailleurs mobilisés depuis le 5 décembre puisque ce droit de retrait a été exercé par 298 travailleurs sur 300 au Louvre.

Une politique de l’institution qui recherche le profit à tout prix

En effet, le Louvre n’aurait « pas les moyens » de se permettre un jour de fermeture, même pour une question sanitaire majeure (l’OMS parle d’une possible « pandémie »), qui n’impacterait pas seulement la capitale française aux vues de la fréquentation du musée. Un prix du billet monte pourtant en flèche avec une fréquentation toujours en hausse en plus d’une vente de la franchise « Louvre » qui s’exporte vers Abu Dhabi et propose toujours plus de produits dérivés et fait de plus en plus de merchandising autour du prestige de la « culture française », le tout au détriment de la mise en valeur du patrimoine en lui-même. Ainsi, le Louvre et son Carrousel deviennent un centre commercial luxueux. Alors oui, le manque à gagner doit être considérable, mais pour qui ? Certainement pas pour le public qui doit se presser : pas plus de 30 secondes devant la Joconde. Pas non plus pour ses travailleurs qui sont soumis à des horaires toujours plus flexibles et des contrats toujours plus précaires (le Louvre emploie en effet un nombre considérable de vacataires).

La culture au-delà des débats éthiques sur sa marchandisation, n’est produite et sa diffusion n’est permise que dans de telles conditions dans un monde de la culture qui est en recherche constante de profit et de rentabilité. Aujourd’hui, ce sont les travailleurs du musée qui ont endossé la responsabilité de prévenir la propagation d’une épidémie jugée inquiétante. Après s’être posé la question d’à qui est destiné la production artistique avec l’action des danseuses et des musiciens de l’opéra par exemple, avec ce droit de retrait, le personnel du musée du Louvre, pose la question de comment, dans quelles conditions et à quelles conditions doit être proposée la diffusion de cet art qui est le premier attrait touristique de Paris. Cela passe par des conditions de travail et de réception du public qui respectent le minimum, c’est à dire des conditions sanitaires correctes. Mais surtout, ce que montre ce droit de retrait, c’est que les travailleurs, avec la connaissance de leur lieu de travail, sont les plus à même de prendre en charge les questions de santé et de sécurité dans le musée.

 
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