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La Izquierda Diario
3 de mars de 2020 Twitter Faceboock

Le Chili toujours en ébullition contre un pouvoir néolibéral et répressif
Alberta Nur

Alors que le président chilien tente de faire peur, en renforçant son discours répressif et réactionnaire et en réaffirmant son mépris pour les manifestants et toutes les victimes de violences policières, les chiliens se mobilisent contre la répression et la mascarade du gouvernement et son « accord pour la paix » pour continuer la lutte et faire tomber Pinera et son monde.

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Mépris, referendum et répression.

"S’il est nécessaire de rétablir l’état d’urgence, je le ferai" à déclaré Sebastian Pinera, le président chilien, à la télévision. Il dit continuer à « défendre les policiers » comme pilier de la démocratie. Un affront, lorsque l’institut national des droits de l’homme enregistre des chiffres de 3 765 blessés, 445 avec des lésions oculaires, 2 122 blessés par balles, 271 par des gaz lacrymogènes et des meurtres récents au cours du mois dernier. Pinera et ses crimes demeurent au pouvoir, et dans les rues, les jeunes, les travailleurs et les travailleuses s’organisent pour faire plier le régime. « Jusqu’à ce que la justice soit une habitude », peut-on lire sur les murs de Santiago, pour dénoncer tous les meurtres impunis de l’Etat.

Pinera tente d’institutionnaliser le mouvement à travers le référendum, rêve de retrouver son « oasis » et réaffirme une ligne répressive pour empêcher les mobilisations. La révolte initiée le 18 octobre dernier a secoué le Chili et, comme l’ont bien dit les manifestants, « il nous ont tant enlevé qu’il nous ont même enlevé la peur ». En effet, la révolte qui a commencé le 18 octobre dernier est un changement subjectif conséquent dans de larges franges des masses, qui se sont mobilisées pas « juste pour 30 pesos, mais pour 30 ans » Derrière cette phrase, le poids de l’héritage de la dictature et de la dictature despotique du néolibéralisme.

Les Chiliens manifestent depuis 4 mois maintenant pour exiger une vie qui vaille la peine d’être vécue.La réponse du gouvernement : un « accord pour la paix et une nouvelle constitution », qu’il tient à bien préparer, rappelant dans son discours la mise à disposition de 2 200 bureaux de vote pour mener à bien le référendum. Mais quel intérêt pour les partis du régime, mains liées aux intérêts des grandes entreprises qui pillent le Chili, à remettre en cause la constitution ? C’est un piège et une mascarade de la part du gouvernement qui tente de dévier le mouvement autour d’un projet qui ne trompe personne. Un projet, conçu pour ne pas toucher aux piliers qui soutiennent le modèle économique et social néolibéral qui creuse de violentes inégalités : 50% des ménages les plus pauvres possèdent 2,1% de la richesse. La politique néolibérale a détruit au Chili tous les services sociaux tels que la santé et l’éducation, et la privatisation des ressources naturelles prive les Chiliens de réponse à leurs besoins primaires, comme celui de l’eau.

Aujourd’hui, le référendum du 26 avril polarise la situation politique au Chili. C’ est, de fait, une mascarade du régime main dans la main avec des partis de l’opposition (Frente Amplio et Parti Communiste). Ce référendum propose de voter oui ou non pour la réécriture d’une constitution. Si le oui l’emporte, le gouvernement propose un comité de citoyens et parlementaires et l’opposition propose une assemblée constituante. Dans les deux cas, l’instauration d’une telle organisation serait totalement soumise aux institutions du régime.

Un gouvernement fragile et impopulaire

Seulement 12% des chiliens soutiennent le président, alors que 92% attendent de nouvelles mobilisations de masse. Un gouvernement qui cherche à semer la peur en annonçant la répression, et en modernisant les appareils de sécurité. Une loi répressive cependant, attire particulièrement l’attention. Un projet qui date du mois de novembre, qui avait été annoncé à la suite de la grève générale du 12 novembre, qui a paralysé 70% des exportations chiliennes et bloqué l’économie du pays. Terrifié à l’idée d’une grève qui mettrait à l’amende Pinera, le gouvernement porte une loi prévoyant que les entreprises et secteurs clés de l’économie ports, transports, industries minières soient protégés par l’armée.

Face à une tentative de canalisation du mouvement, et un accord pour la paix, et parce que tout prouve que les Chiliens n’ont pas perdu en détermination, nos camarades du Parti des Travailleurs Révolutionnaires ripostent aux menaces d’état d’urgence avec le mot d’ordre d’Assemblée constituante libre et souveraine sur les cendres du gouvernement de Pinera. Avec ce mot d’ordre ils s’opposent fermement à celle proposée par l’opposition, le Frente Amplio et le Parti Communiste. Si l’un (Frente amplio) a dénoncé la violence des manifestants se rangeant lâchement derrière le gouvernement, l’autre, le Parti Communiste, tire vers la gauche la proposition du gouvernement sans donner de réelle alternative.

Une assemblée constituante libre et souveraine, c’est à dire sans Pinera, et sans gouvernement au dessus

La fausse assemblée constituante proposée par Pinera ne pourrait pas modifier les traités internationaux ou de libre-échange qui sont au service de la "protection des investissements étrangers" sans garanties pour les travailleurs qui finissent par recevoir des miettes. Face à ça, il s’agit de revendiquer une assemblée constituante indépendante de l’impéralisme et ses capitaux, une assemblée avec des élus révocables a tout moment, sans restriction de participation, ni pour les femmes et minorités de genre, ni pour les peuples autochtones. Une assemblée libre et souveraine, qui pourrait remettre en cause les institutions héritées du régime de la dictature.

Pour imposer cette assemblée constituante, et parce que les revendications de la révolte chilienne sont loin d’être obtenues, il faut travailler à l’organisation d’une grève générale effective. En effet, la révolte chilienne a déjà fait trembler le pouvoir le 12 mars, qui s’est empressé d’organiser la répression.

Face à la répression, la riposte s’organise.

La jeunesse qui a été au centre du processus chilien reste déterminée et consciente que la mascarade derrière l’accord pour la paix et la constitution du gouvernement ne viendront en rien améliorer l’état de choses. Encore plus hypocrite, les moins de 18 ans ne peuvent pas voter ni être élus. Ils ont déclenché la rébellion et ils ne peuvent même pas y participer !
Hier, les jeunes d’Antofaguasta, au Nord du chili, appelaient à une mobilisation contre une éducation de marché et la répression. Les jeunes lycéens et étudiants s’interrogent : "on donne de l’argent à la police qui ne cesse de nous réprimer, et pas pour l’éducation ? ».

A une semaine de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, nombreuses sont les initiatives pour préparer le 8 et 9 mars, et une grève effective afin d’imposer ces revendications. Le gouvernement lâche des miettes contre les féminicides et continue son discours réactionnaire et machiste. Lundi 2 mars, il vote une loi « Gabriela », qui augmente les peines et les sanctions en cas de féminicide. Mais en parallèle, il annonce mobiliser 1700 forces policières pour le 8 mars et déclare « Parfois, les abus des hommes s’expliquent par la position des femmes à être abusées », comme si les femmes pouvaient être tenues responsables des attaques et des abus machistes. Depuis le début de la révolte, on compte plus de 300 [rapports d’abus sexuels par les policiers et les militaires, =>https://www.revolutionpermanente.fr/Au-Chili-des-policiers-et-militaires-accuses-de-violences-sexuelles-contre-les-manifestant-e-s]que Pinera menace de remettre dans la rue en instaurant un état d’urgence.

La journée internationale des droits des femmes s’ancre particulièrement dans une situation convulsive, et le retour de la lutte des classes. Une militante du collectif « Du Pain et des Roses » au Chili répondait à Pinera de la sorte : « Il nous reproche, à nous les femmes, le machisme et la violence, comme il reproche aux travailleurs, travailleuses et aux pauvres d’être pauvres, de ne pas avoir de santé, d’éducation, de logement, de retraite décentes, d’être fusillés, gazés et tués pour avoir réclamé nos droits, c’est pourquoi nous nous battons pour le droit de manifester et nous serons là le 8 ! »

Dimanche, des mobilisations étaient appelées dans tout le pays, et des concerts de casseroles, ainsi qu’une grande ballade a vélo ont rempli les rues de Santiago.

A la rentrée de classes, le 24 février au Chili, les lycéens ont été accueillis par une présence policière a l’entrée des établissements. Dans la semaine, les étudiants ont appelé à des manifestations les 4 et 5 mars, et le 8 et 9 mars se préparent avec vigueur.

Hier, les étudiants avaient appelé à un « Lundi noir » et étaient mobilisées dans tout le pays. A Santiago, en un clin d’oeil, au début de la révolte, les lycéens ont envahi le métro.

Au Chili, la détermination pour en finir avec Pinera et son monde, un néolibéralisme violent et une répression brutale, ne faiblit pas. Ni « accord pour la paix » ni répression, la révolte chilienne est loin d’être finie.

 
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