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3 de mars de 2020 Twitter Faceboock

Violences policières
Mayotte. Un nourrisson serait décédé des suites de l’usage de gaz lacrymogènes par les gendarmes
Jean Beide

Des affrontements ont opposé jeunes et gendarmes le 28 février dernier, dans le village de Kahani, à Mayotte. Les médias locaux indiquent qu’un projectile contenant du gaz lacrymogène serait tombé dans une cour où se trouvaient notamment une femme et son bébé. Ce dernier serait mort des suites de l’inhalation du gaz.

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 Crédits photo : Gendarmes face à des manifestants à l’entrée de Mamoudzou au 3ème jour d’une grève générale, le 10 octobre 2011 / AFP / Richard Bouhe via l’EXPRESS

Violences policières dissimulées derrière le masque du « maintien de l’ordre »

Les violences policières qui blessent, mutilent et tuent dans les cortèges sont les mêmes qui s’exercent dans les quartiers pauvres, à Mayotte comme en France. Il faut rappeler que l’emploi systématique de gaz lacrymogènes est une violence, bien que la méthode essaie de se faire passer pour « douce ». Les faits tragiques survenus dans le village de Kahani sont là pour démontrer à quel point les gaz lacrymogènes sont nocifs et dangereux.

Dans un article France TV Info raconte le contexte : "On dénombre beaucoup de dégâts matériels, des véhicules dégradés, incendiés. Les gendarmes ont dû intervenir avec utilisation de gaz lacrymogène pour rétablir la situation. Mais malheureusement, un projectile de gaz est tombé dans une cour où se trouvait une famille. Un nourrisson d’environ trois mois aurait inhalé du gaz lacrymogène. Conduit aux urgences de Kahani non loin du lycée polyvalent du village, le bébé est décédé. Le corps a été remis à la famille, l’enterrement a eu lieu en fin de matinée."

La presse locale explique : "la gendarmerie de Sada s’est rendue sur place : « La maman a expliqué que le bébé avait inhalé du gaz lacrymogène, et qu’il n’avait pas survécu. Il n’y a pas eu d’obstacle médico-légal, le corps a été enterré dans la foulée », explique l’adjoint du général de gendarmerie".

Comme à chaque fois, le parquet botte en touche et déclare « ne pas pouvoir établir de lien entre le décès de l’enfant et l’usage de gaz lacrymogènes par les gendarmes ». Le procureur a affirmé que "l’enfant souffrait depuis quelques jours d’une pathologie respiratoire". L’hypothèse de la maladie pourrait comme par habitude permettre de couvrir la police. Toujours très tatillon quand il s’agit de faire condamner la police, le parquet met toutes les pincettes, cherchant à dédouaner les forces de police de violences policières qui ne tuent pas pour la première fois.

Les gaz lacrymogènes, des armes chimiques devenues banales

Le contexte mondial et national actuel a propulsé le gaz lacrymogène sur le devant de la scène. Utilisé massivement de Hong Kong au Chili en passant par la France, l’Irak et le Liban, il est sans conteste l’arme de prédilection des pouvoirs en place pour maintenir leur ordre et affronter les contestations sociales. Or cette arme, complètement banalisée par son usage courant, est en fait une arme chimique, originellement même arme de guerre, inventée durant la guerre de 14-18.

Alors que le protocole de Genève de 1925 prohibe « l’emploi à la guerre de gaz asphyxiants », les « lacrymos » passent intégralement les mailles du filet, portés par un lobbying intense dès les années 1920. La promotion de ce « gaz de guerre pour temps de paix » l’installe très largement comme outil de maintien de l’ordre à l’intérieur des frontières et dans les colonies des pays capitalistes centraux d’après guerre.

Le gaz lacrymogène est une arme physiquement dangereuse et psychologiquement traumatisante, qui génère en sus des dégâts réels, une anxiété due à la peur de l’asphyxie. Aujourd’hui encore, le gaz lacrymogène est assimilé dans les discours gouvernementaux à un moyen non-létal sinon inoffensif pour maintenir l’ordre. Pourtant, les faits de Mayotte montrent tragiquement toute la dangerosité et la violence que recèle cette arme.

 
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