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La Izquierda Diario
10 de mars de 2020 Twitter Faceboock

"Nous voulons le pain, mais aussi les roses"
8 mars. Des millions de femmes mobilisées dans le monde entier
Lorélia Fréjo

Le 8 mars, journée internationale pour le droit des femmes, a vu se rencontrer de nombreuses femmes dans le monde entier. Elles sont sorties par millions dans les rues pour défendre leurs droits et dénoncer les violences qu’elles subissent. Cette journée s’inscrit dans un contexte où de nombreuses révoltes agitent la planète.

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Le 8 mars, journée internationale pour le droit des femmes, a vu se rencontrer de nombreuses femmes dans le monde entier. Ces femmes sont sorties par millions dans les rues pour défendre leurs droits et dénoncer les violences qu’elles subissent. Cette journée s’est inscrite dans un contexte politique où de nombreuses révoltes agitent la planète. Avec les collectifs Pan y Rosas/Du Pain et des Roses dans le monde entier, nous avons voulu mettre ce 8 mars aux couleurs du renouveau mondial de la lutte des classes.

Pour ce 8 mars, en Argentine, au Chili, au Mexique, mais aussi en France ou en Allemagne, les femmes ont fait la démonstration que le mouvement féministe est loin d’avoir dit son dernier mot face aux inégalités réelles qui subsistent encore aujourd’hui. En Amérique Latine, depuis la "vague verte" pour revendiquer le droit à l’avortement l’année passée en Argentine et avant ça le mouvement "Ni Una Menos" dans plusieurs pays, les femmes ont décidé de se battre. Un phénomène similaire est à l’oeuvre dans de nombreux pays. En Europe, alors que la vague de contestation du sexisme traverse la France, les manifestations ont également été importantes.

Des milliers de femmes dans la rue contre les féminicides et les violences patriarcales

Cette année en France, le 23 novembre a montré le retour dans la rue du mouvement féministe, avec des milliers de jeunes femmes qui ont décidé de battre le pavé contre les féminicides et toutes les violences faites aux femmes. Le 8 mars a lui aussi montré un saut pour le mouvement féministe français alors que 60 000 femmes ont défilé à Paris contre l’impunité pour les violences patriarcales et pour revendiquer de meilleurs droits. De trop nombreuses femmes meurent sous les coups de leurs conjoints ou ex-conjoints dans ce pays impérialiste ou l’égalité est soi-disant "atteinte" dans le droit. Malgré la répression dès le 7 mars, les femmes ont décidé de ne pas se laisser faire.

Au Mexique également, ce sont 150 000 femmes, de de très nombreuses jeunes voire très jeunes, qui se sont retrouvées dans la rue pour dénoncer à la fois les féminicides, les violences patriarcales et les mesures austéritaires qui leur imposent la précarité. Une journée de marche qui s’est poursuivie par la grève le lendemain, 9 mars. Une grève des tâches reproductives mais aussi du travail salarié ; les femmes ont décrété cette journée « journée sans les femmes » pour dénoncer l’ampleur des féminicides, alors que 3 825 ont été tuées sous les coups d’hommes au cours de l’année passée. Les rues étaient vides ce 9 mars. Le pays ne tournait pas, car sans les femmes travailleuses, la société ne peut tourner à plein régime et cette grève le montre bien. L’occasion d’imposer un rapport de force pour affirmer « Ni una Menos », « pas une de plus » et combattre le système patriarcal. Des milliers de femmes se sont rassemblées, notamment devant le Monument de la Révolution.

Le mouvement féministe s’inscrit cette année plus que tout dans le retour de la lutte des classes dans le monde

« Nous ne pourrons avoir les droits que nous méritons en tant que femmes que si le régime change. En Algérie, les femmes sont discriminées doublement, par le gouvernement et par la société, qui ne nous laisse pas avancer », expliquait une étudiante algérienne. Cette année, le 8 mars s’est inscrit dans un monde en révolte, avec des mouvements subversifs qui s’attaquent de plus en plus frontalement au capitalisme. En Algérie, la manifestation des femmes a ainsi été l’occasion de poursuivre le combat contre le régime et le système. Les femmes ont marché contre le gouvernement, pour leurs droits, pour une vie digne, qui leur offre des perspectives, pour l’émancipation.

Cette année, le mouvement féministe a montré une radicalité très importante en Amérique Latine car il a justement pointé très fortement la responsabilité de l’Etat et du système capitaliste et le lien entre lutte féministe et lutte contre le néolibéralisme. Ce notamment au Chili, où la journée du 8 mars a également marqué le retour du mouvement contre Piñera. Avec les femmes à l’avant-garde, souvent très jeunes elles aussi, le Chili est depuis des mois le théâtre d’une bagarre contre le néolibéralisme et ce 8 mars a été l’occasion d’un renouveau de combativité dans la rue. Plus d’un millions de personnes se sont retrouvées dans les rues de Santiago, la capitale pour continuer le combat notamment pour l’avortement libre et gratuit.

Les camarades de Pan y Rosas (Du Pain et des Roses) chiliennes avaient d’ailleurs décidé d’apporter une banderole aux couleurs du foulard vert argentin du mouvement pour l’avortement, avec les inscriptions « Avortement libre, sur et gratuit » tout en chantant « Fuera Pinera » pour bien montrer que le combat pour le droit des femmes est le même que celui contre un système néolibéral aux mesures austéritaires et qui détruit les services publics.

En France, avec le collectif Du Pain et des Roses, c’est aussi ce lien que nous avons voulu faire, en manifestant aux côtés des travailleuses en grève contre la réforme des retraites. Travailleuses de la RATP et de l’enseignement pour qui c’était parfois le premier 8 mars et avec lesquelles nous avons décidé de nous battre contre un système capitaliste et patriarcal qui attaque en premier lieu les femmes, notamment à travers cette réforme des retraites qui va d’abord toucher les femmes.

Pour le « pain », de meilleures conditions de vie et de travail mais aussi pour les « roses » : les droits démocratiques

Dans les pays d’Amérique du Sud, au Costa Rica, en Uruguay, au Chili, en Argentine, c’est la revendication pour l’avortement libre et gratuit qui a soulevé les masses. Ce mot d’ordre est devenu celui de nombreuses femmes qui se battaient pour ne plus avoir à avorter clandestinement, pour pouvoir choisir pour elles-mêmes et pour leurs corps. Cette "marée verte" a ouvert la voie ce 8 mars, soulevant les masses. Contre des gouvernements alliés à l’Église contre les droits des femmes, se sont soulevé des lycéennes et des travailleuses par milliers. Elles ont réussi en Argentine à pousser le débat sur une loi en faveur de l’IVG jusqu’au Sénat. Malgré une première défaite, la détermination s’est renforcée. 

Cette nouvelle vague féministe a montré qu’elle est encore prête au combat et s’est étendue à toute l’Amérique Latine contre des régimes où les femmes n’ont aucun droit à déterminer leur propre futur, où les femmes sont précarisées par ces gouvernements aux mesures austéritaires. La revendication pour le droit à l’avortement pose aussi la question des différences de classe, entre celles qui peuvent s’offrir des cliniques privées, ou un voyage dans un pays où ce droit est légalisé, et celles qui peuvent mourir pour cause d’avortement clandestin. 

Les femmes argentines se sont également soulevées contre les licenciements à Coca-Cola et dans d’autres entreprises, en tant que travailleuses pour leurs droits et pour des conditions de travail dignes - une convergence exemplaire entre militantes féministes et femmes précaires.

Comme disait une camarade de Pan y Rosas/Du Pain et des roses en Argentine, Julieta Katcoff, travailleuse hospitalière : « Dans l’hôpital et à la maison, nous passons notre vie au travail, il faut tout renverser ». En Espagne, en Allemagne, en France, dans toute l’Amérique Latine, les femmes se sont soulevées pour dire « Stop » à une société qui veut les reléguer à l’arrière-plan, pour leurs droits, leurs conditions de travail contre un monde qui veut leur empêcher l’émancipation. Les femmes ont fait du 8 mars leur jour, par la lutte, dans la rue et pour revendiquer une vie meilleure. Cette journée a remis au devant de la scène toutes les femmes qui se sont levées dans le monde depuis plus d’un an, depuis les femmes Gilets jaunes en France, aux Chiliennes, aux Algériennes, aux Libanaises, aux Soudanaises. Toutes celles qui ont été au cœur du renouveau de lutte des classes ont réaffirmé leur force et leur combativité, et c’est loin d’être fini ! Elles ont fait grève pour certaines le 9 mars, pour d’autres pendant deux mois et demi en France, d’autres ont lutté pendant des mois contre Piñera, pour gagner contre un système et pour la victoire de leurs aspirations.

 
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