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La Izquierda Diario
12 de mars de 2020 Twitter Faceboock

Que sea ley
La lutte pour la légalisation de l’IVG en Argentine, sur les écrans français
Carla Biguliak

Projeté dans les salles françaises depuis le 11 mars, le documentaire de Juan Solanas « Femmes d’Argentine » retrace la lutte acharnée des femmes argentines pour obtenir une loi sur l’IVG qui leur permette de décider de leur corps, de leurs désirs et de leur vie.

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Le film, qui s’intitule à l’origine « Que sea Ley » (que ça devienne loi), met en lumière la lutte qui a accompagné le débat sur la loi au Sénat en 2018, ainsi que l’une des nombreuses réalités de l’avortement en Argentine. Parce que, comme le disent inlassablement les militantes, pendant que les riches avortent, les pauvres meurent.

En 85 minutes, nous voyons divers témoignages de proches de victimes d’avortements clandestins, ainsi que de femmes qui avortent et racontent leur expérience, parfois terrible, parfois moins grâce aux soins et à l’accompagnement des autres femmes. Mais si les histoires nous révèlent la réalité d’une manière violente et terrible, elles sont toujours accompagnées de l’énergie joyeuse et combative qui caractérise cette lutte.

Ces témoignages ont été faits dans les lieux les plus isolés, les plus pauvres et les plus oubliés de l’Argentine. À travers eux, nous pouvons ressentir dans notre propre chair, d’une part la douleur et la violence des pratiques de l’avortement dans la clandestinité, mais d’autre part la violence exercée par l’État et les institutions, qui les laissent seules et enfermées pendant des heures dans l’hôpital avant de les soigner, qui appellent la police au lieu de les aider, qui les laissent mourir dans le sang et la pourriture.

Dans ces maisons extrêmement précaires où le réalisateur faisait les interviews, on voit parfois l’image de la Vierge, ou un autre échantillon de la foi catholique. De cette façon, Solanas cherche à montrer une conciliation entre la religion et le militantisme pour le droit de décider. Cependant, malgré l’énorme insistance du côté du réalisateur, ce mouvement n’est pas majoritaire dans la lutte, qui insiste d’ailleurs aussi fortement sur la nécessité de la séparation de l’Église et de l’État, créant toute une campagne pour que les baptisés renoncent à l’Église.

Parmi les témoignages, il y a un cas qui a été clé dans la lutte pour l’IVG en Argentine : celui de Belén, la jeune condamnée à 8 ans de prison pour une fausse couche. À contre-jour pour ne pas s’exposer, elle explique qu’après avoir subi un avortement spontané et sans trop savoir ce qui se passait, endolorie et terrifiée, elle va à l’hôpital. Lorsqu’elle se réveille, elle se retrouve entourée de policiers qui la harcèlent de questions et la prennent déjà pour une criminelle. Belén a été emprisonnée pendant 900 jours parce qu’on lui a refusé le droit d’attendre son procès en liberté, et bien que le film n’en rende pas compte, c’est grâce à la lutte féministe qu’elle fut libérée et acquittée.

Le film laisse trop de place aux législateurs et trop peu de place aux luttes des femmes. Outre les interventions de différents députés et sénateurs lors du débat de la loi au Parlement, Solanas a décidé de réaliser plusieurs interviews personnelles, où malheureusement les législateurs mentionnent très peu le travail qu’ils ont fait aux côtés des militantes toutes ces années. Cependant, loin de donner un message sans issue, le documentaire nous laisse pleins d’espoir et de courage pour ce qui est à venir, se terminant par une inscription qui dit « vous y arriverez ».

En ce sens, quelques semaines après la déclaration du président actuel selon laquelle il présentera un projet de loi différent de celui rédigé et présenté par les militantes, nous insistons sur le fait que toutes ces avancées sont dues à l’énorme mouvement des femmes dans les rues et sur les lieux de travail. Et que c’est un combat que nous devrons poursuivre après avoir acquis ce droit fondamental, jusqu’à ce que nous mettions fin à toutes les formes d’oppression et d’exploitation de notre corps et de nos vies.

 
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