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La Izquierda Diario
15 de mars de 2020 Twitter Faceboock

#NosViesPasLeursProfits
Témoignage de baby-sitter : « Avec le coronavirus j’ai perdu mon job et on me propose de travailler gratuitement ! »
Lucia Nedme

Les travailleurs précaires subissent de plein fouet les conséquences économiques du coronavirus. C’est le cas de Lamaga, baby-sitter étrangère dont les patrons ont décidé de partir sans se soucier de son sort, et à qui on propose désormais de travailler bénévolement par solidarité avec les salariés...

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Étudiante étrangère et précaire, je me suis retrouvée dans une des villes les plus chères au monde, afin de pouvoir avoir accès à une éducation de qualité absente dans mon pays. Néanmoins, pour vivre je suis contrainte à travailler 15 heures par semaine comme baby-sitter.

Comme plusieurs jeunes qui font de la garde d’enfant, je craignais le moment où les écoles fermeraient à cause du Coronavirus car l’avenir de mon boulot était incertain. Plusieurs possibilités se présentaient, soit devoir travailler plus d’heures soit on ne plus travailler du tout car l’utilisation des transports en commun m’exposerait trop à l’épidémie. Mes employeurs ont décidé, eux, de partir dans le Sud, chez leurs parents, sans se préoccuper de comment j’allais faire pour survivre à la fin du mois.

Sans aucune connaissance de mes droits, je contacte l’entreprise de baby-sitting qui m’emploie pour savoir si j’ai le droit à une certaine indemnisation, ce à quoi ils répondent : « votre employeur ne sera pas tenu de vous rémunérer durant cette période. Mais pas de panique ! Vous pourrez, sous certaines conditions, demander un arrêt de travail auprès de l’ARS afin de pouvoir obtenir une compensation financière ». Conditions qui sont, bien évidemment, que mes employeurs (ou moi) soient atteints du Coronavirus…

Suite à cela, l’entreprise Yoopies pour laquelle je travaille a envoyé un mail proposant aux baby-sitters de se porter volontaires durant cette période pour aider les travailleurs qui ne peuvent pas se permettre de payer une garde d’enfant toute la journée. L’entreprise utilise ainsi la situation pour se faire connaître et se présenter comme des héros aux côtés des travailleurs de la santé... alors qu’ils ne proposent même pas une sécurité financière à ceux qui travaillent pour eux, et qui ne peuvent pas se permettre de travailler sans aucune rémunération. Personnellement, je suis très solidaire avec tous les travailleurs qui n’ont pas les moyens de garder leurs enfants et ont besoin d’aide. Mais c’est encore à nous, les jeunes plus précaires, d’être bénévoles, en faisant un travail qui devrait être rémunéré et financé par les entreprises et l’Etat !

Par ailleurs, il faut rappeler que nous, étudiants étrangers en France, sommes face à une autre inquiétude : la Sécurité Sociale. Beaucoup d’entre nous n’y ont pas accès car on nous demande beaucoup de papiers et le processus prend énormément de temps. De mon côté, à chaque fois on me signale qu’il me manque un document, et comme j’ai un travail et des études, le temps me manque. Ce qui fait que là, face à cette situation épidémique, je dois prendre encore plus de précautions. En effet, même si les jeunes ne font pas partie de la population dite « à risque », les étrangers atteint du Covid-19 en France seraient obligés de payer pour les frais médicaux : test, médicaments, etc. Encore une fois, on revient à la même question : avec quel argent ?

Ceci n’est pas un cas exceptionnel, mais il se généralise de plus en plus chez les étudiants étrangers et salariés, qui, en plus sont en plus touchés par de récentes réformes, comme celle concernant la hausse des frais d’inscriptions pour les étudiants étrangers, mais aussi l’assurance chômage, etc. Le système néolibéral attaque d’autant plus durement les jeunes et les oblige, pour 50% d’entre eux, à se salarier pour subvenir à leurs besoins, une situation combiné au mal logement, à la mal nutrition et autres calvaires qui vont avec la vie d’étudiant ou de jeunes travailleur.

Face à cela, le gouvernement ne prend aucune mesure pour aider la jeunesse qui, même si elle ne fait pas partie des plus touchés en termes de santé par l’épidémie, est un des secteurs les plus précaires, qui occupe des postes à risque, sous-payés et qui va subir de plein fouet la situation économique générée par l’épidémie. Intérimaires, salariés dans les écoles, lycées et université, livreurs, serveurs, caissiers, les jeunes sont ceux qui occupent les tâches les plus précaires dans notre société, qui vont être largement soumises à l’épidémie.

 
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