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La Izquierda Diario
17 de mars de 2020 Twitter Faceboock

Vers un krach majeur ?
Coronavirus. Vers une crise économique mondiale d’une ampleur historique ?
Jean Beide

Les marchés boursiers du monde entier ne résistent pas à l’expansion de la pandémie de covid-19 et voient se succéder les journées noires et les dévissages historiques. Malgré quelques anecdotiques « rebonds techniques », les baisses s’inscrivent déjà au rang des krachs majeurs d’autant plus que la récession mondiale devient une certitude. L’inconnue reste encore sa profondeur et sa durée mais l’incertitude tend à devenir la norme mondiale.

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Crédit photo : AFP / Kazuhiro NOGI

L’arrêt des usines majeures en Europe (Airbus, PSA, Renault, Volkswagen…) depuis ce mardi 17 mars donne à cette crise une spécificité unique qui place le système capitaliste tout entier devant l’une des crises les plus importantes de son histoire.

Effondrement généralisé des marchés actions

En une semaine, les principales places boursières ont perdu entre 30 et 40% de leur valeur. Le CAC40 qui a abandonné d’abord 11,94% en une semaine à partir du 28 février a chuté de 8,39% le 9 mars sur fond de krach pétrolier attisé par les rivalités entre pays producteurs et encore de 12,94% (son record historique sur une journée) le 12 mars.

Lundi 16 mars, c’est encore 5,5% de sa valeur qui s’est évanouie. Le tableau est le même partout en Europe notamment à la bourse de Milan qui a perdu 42% de sa valeur par rapport à février tandis que côté américain, la chute s’élève à environ 33% de la valeur enregistrée (à un plus haut historique) en février. Nous sommes très loin de la simple correction conjoncturelle (lié au dégonflement d’une bulle spéculative).

C’est le ralentissement, qui se mue par endroit en une paralysie quasi-complète, de l’activité industrielle qui jette au sol à présent les valeurs boursières. La dégringolade est donc d’ores et déjà un krach puisque les fondamentaux économiques, c’est-à-dire les données concrètes de l’activité, tendent tous vers la récession. Or, une fois entérinée cette baisse et tout espoir de rebond rapide perdu, l’heure sera à l’absorption des pertes, ce qui ne s’annonce pas chose aisée, tant les baisses sont spectaculaires.

Paralysie de la production et récession mondiale

L’aspect parfaitement inédit de cette crise est le ralentissement, et parfois l’arrêt, simultané de toute la production industrielle mondiale. De plus, l’économie capitaliste mondialisée ne laisse aucun secteur économique à l’abri des perturbations majeures à quelque endroit de la chaine de valeur que ce soit.

La crise de l’offre initiée par la paralysie chinoise laisse place à une crise de la demande à mesure que les industries européennes et américaines se mettent à l’arrêt, crise de la demande encore accentuée par les confinements massifs de population. Ce qui rend cette crise unique dans l’histoire du capitalisme est donc son aspect uniforme (le monde entier est pratiquement touché au même moment).

De plus, même une économie de guerre conserve au moins un poumon viable par le biais de la production de matériel militaire. Face au covid-19, véritable révélateur des contradictions du système capitaliste mondialisé, c’est l’ensemble de la production qui se voit affectée.

Menace de faillite du système bancaire

A la récession pourrait s’ajouter une faillite du système bancaire dans la mesure où la qualité des créances (détenues majoritairement par les banques) risque d’en prendre un coup. Des faillites en série du côté des PME sont à prévoir mais également dans des secteurs industriels majeurs comme l’aérien (qui pourrait perdre jusqu’à 110 milliards) et plus généralement dans ceux de l’échange international. De telles faillites risquent de submerger les capacités de rachat des Etats et finir par « remonter » jusqu’aux banques d’investissement qui détiennent la majorité des créances.

La faillite d’une banque d’investissement too big to fail précipiterait aussitôt l’entièreté du système de crédit à terre—ce qui constitue l’équivalent d’une crise cardiaque en matière économique, la condition de la mise en action des forces productives étant la circulation du capital. Sauver les entreprises et les banques dans une telle situation d’incertitude pourrait sonner comme la phase terminale d’un système capitaliste qui démontre son incapacité à faire face à l’épidémie en plus de s’être également rendu coupable de son expansion rapide et incontrôlée.

De plus, la crise du multilatéralisme ajoute une ombre au tableau des classes dominantes. Alors qu’en 2008 les puissances capitalistes occidentales parvenaient à s’entendre pour coopérer (et piller les travailleurs), aujourd’hui, les conditions d’une telle entente sont largement battues en brèche, ce qui pourrait faire obstacle à un sauvetage rapide et surtout global des banques.

Perspective à long terme d’une nouvelle série de crises des dettes souveraines

Coté européen, il y a fort à parier que la fameuse règle des 3% soit déjà une boule de papier froissé bon pour la corbeille. Quoiqu’il advienne dans un futur proche ou plus lointain, il est déjà acté que les dettes publiques vont exploser en zone euro.

Dans un pays comme l’Italie, déjà étranglé par les marchés financiers, l’après-crise prendra des airs de calvaire. Sans un combat acharné des travailleurs, les vautours et les charognards reviendront aux portes pour nous faire payer la crise. L’alternative capitaliste est la suivante : faire payer la crise aux travailleurs ou laisser l’inflation galoper jusqu’à emporter les épargnes et les retraites et risquer l’hyperinflation synonyme de ruine sociale.

On voit aisément à quel point il fait bon ne pas avoir toute sa retraite entre les mains d’un BlackRock, soit dit en passant. Quelque soit donc le déroulé des événements, deux certitudes : la première est que le système capitaliste va faire face à l’un des événements les plus marquants du siècle, la seconde est qu’il nous faudra combattre sans relâche afin de battre en brèche les paradigmes historiques du passé, ces certitudes néolibérales qui, jours après jours, deviennent de plus en plus contingents, car notre sort en dépend.

 
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