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La Izquierda Diario
18 de mars de 2020 Twitter Faceboock

Coronavirus et crise sanitaire
Dans la raffinerie de Grandpuits, la vie des ouvriers passe avant les profits de Total
Adrien Cornet, CGT Total Grandpuits

Comme dans de nombreuses entreprises, l’incohérence entre la parole et les actes met en péril la vie et la santé des salariés. Le groupe Total veut que les raffineurs de Grandpuits continuent de produire du carburant pour ne pas avoir à puiser dans les réserves. Mais les salariés se mobilisent, parce que nos vies valent plus que leurs profits !

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La protection des salariés n’est clairement pas la priorité du gouvernement

La situation en France est grave. Suite à l’épidémie du covid-19, le gouvernement a pris des demi-mesures pour protéger les habitants de ce pays en décidant de laisser les salariés se rendre sur leur lieu de travail.
Hier, le premier ministre Edouard Philippe déclarait avec fermeté à une téléspectatrice sur France 2 qui posait la question suivante : Avons-nous la possibilité de nous rendre aux enterrements de nos proches ? » La réponse fut sans appel « Non, vous devez rester confinée ».
Mais il est important de pointer là l’incohérence du propos.
Si le Gouvernement nous interdit de nous rendre aux enterrements de nos proches, pourquoi nous autorise-t-il à nous rendre au travail alors que hormis les services d’urgences, certains services de transports et autres entreprises indispensables aux besoins essentiels de la population, une grande majorité de salariés est exposé inutilement au Covid-19 ?

Une direction qui fait passer ses profits avant la santé et la vie des salariés

De nombreux salariés et leurs représentants syndicaux ont décidé, dans de nombreuses usines du pays, de ne pas laisser faire et de prendre en main leur propre protection, face au mépris patronal. C’est le cas aussi dans toutes les raffineries de France. Et la CGT Grandpuits ne fait pas exception à la règle.
Un Comité Social Economique (CSE) extraordinaire a eu lieu ce mercredi 18 mars, pendant lequel la direction nous a informés de sa volonté de redémarrer la raffinerie (arrêtée pour travaux) pour pouvoir produire du carburant. Deux arguments nous ont été apportés lors de ce CSE pour lesquels la direction considère qu’il faut redémarrer la production au plus vite.

Le premier est que les raffineries sont indispensables au « bon fonctionnement de la nation » pour permettre aux gens de se déplacer. Il faudrait donc fournir les stations de service. Rien qu’avec cela, il est évident que le patronat ne manque pas de culot. Hier, pendant la grève contre la réforme des retraites, la direction et ses communicants répétaient dans les médias que les stocks SAGESS permettaient d’alimenter les stations de service en toute autonomie pendant 3 mois et aujourd’hui, nous voilà « indispensable à la Nation ».

Quand il s’agit de fermer des raffineries et de supprimer des milliers d’emplois pour cause de non-rentabilité, où est le caractère « indispensable à la Nation » ? Notre réponse est ferme, si nous sommes indispensable, sanctuarisez le secteur et interdisez toute fermeture de raffinerie, il en va de l’intérêt public.

Le deuxième argument a fait définitivement tomber les masques. Le Directeur a ouvertement affirmé qu’une fois les conditions techniques réunies pour redémarrer la raffinerie, il n’y avait pas de raisons de ne pas le faire. Pour la CGT Grandpuits et de nombreux salariés, il y a une raison plus que légitime et valable : la santé des travailleurs est une priorité et passe avant la volonté du patronat de maximiser ses profits. Une chose est claire pour nous, face à la crise sanitaire mondiale engendrée par le Covid-19, les conditions ne sont pas réunies pour assurer la sécurité des travailleurs.

Les périodes de redémarrage d’une raffinerie engendrent trop de proximité, trop de manipulations, ne permettant pas la désinfection systématique des surfaces touchées. Tous les gestes barrières ne peuvent être effectués dans des périodes comme le redémarrage des unités. C’est impraticable. Les entreprises sous-traitantes travaillent dans des espaces confinés sans possibilité de se désinfecter les mains en permanence.

En plus de tout cela, les gens ont peur, pour leur santé et celle de leur famille, ils sont angoissés. Leur concentration sera sans doute altérée malgré leur professionnalisme, alors qu’on sait très bien qu’il s’agit d’opérations à haut-risque lorsqu’on parle d’un site Seveso2. Ce n’est pas des lingettes et un peu de gel hydro alcoolique qui vont effacer leurs angoisses.

Mais à la raffinerie de Grandpuits, les salariés ne se laissent pas faire

Face à l’obstination de la direction, le syndicat a décidé d’appeler à une Assemblée Générale devant la porte de la raffinerie. Les salariés ont pu respecter les distances de sécurité et exprimer leurs inquiétudes. La colère est montée d’un cran quand la CGT a fait part de la décision de la direction de maintenir le redémarrage.
De manière unanime, les salariés ont réclamé la venue du directeur du site pour qu’il s’explique face à eux. Certains ont même menacé d’envahir le bâtiment administratif si leur demande était ignorée. Le directeur a passé une heure à essayer de convaincre les salariés du bienfait de sa décision de redémarrer la raffinerie. Sans succès.

Après ce mépris exprimé par le patron, la décision est sans appel. La CGT, ainsi que les salariés ont demandé de décaler le redémarrage de 15 jours minimum, le temps de voir si la situation s’améliore.

La détermination des travailleurs, maîtres de leur outil de travail, étant plus forte, le directeur a accepté de revoir sa copie. Il a donc annoncé qu’il communiquera sa décision finale aux délégués syndicaux dans les plus brefs délais. Une nouvelle assemblée générale sera organisée ce jeudi 19 à la relève de 6h, afin que les travailleurs discutent de la suite. Etant donné la colère qui s’est fait sentir aujourd’hui, des ouvriers qui voient à quel point le patron méprise leur santé et celle de leurs familles, il y a fort à parier qu’ils n’hésiteront pas à faire monter le rapport de forces, seule manière en fin de comptes d’obtenir nos revendications.
L’avenir appartient à ceux qui luttent, tous ensemble jusqu’à la victoire !

 
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