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La Izquierda Diario
22 de mars de 2020 Twitter Faceboock

#NosViesPasLeursProfits
Droit de retrait à Blois : « Nos vies passent après le maintien d’une production non-essentielle »
Blasco, Correspondant

Nous relayons le témoignage d’un ouvrier d’une usine de cartonnage imprimé à Blois, dont les salariés ont exercé leur droit de retrait la semaine dernière. Ils entendent cesser de mener une activité de production non-essentielle afin de protéger leur santé et celle de leur famille et d’éviter la propagation de l’épidémie.

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Crédit photo : © keystone-sda.ch

Depuis l’apparition du virus COVID-19 en France, dans un contexte d’anxiété collective, les mesures gouvernementales de protection sanitaire, tombent régulièrement, tout est à l’arrêt, les rues doivent être vides. Les commerces non-alimentaire, les crèches, écoles, collèges, lycées et universités, de nombreux services publics sont fermés. Le gouvernement a mis, à juste titre, en place une restriction drastique des déplacements de la population pour limiter l’épidémie. nous protéger. Cependant les entreprises du privé continuent leur production même quand celle-ci n’a rien d’essentielle, et le gouvernement appelle les salariés dont les entreprises sont encore ouvertes à aller travailler ! Les discours, et les mesures ambiguës prises par le gouvernement font, en temps de confinement, du travail une exception.

Le risque sanitaire concerne la population dans sa vie sociale mais pas, semble-t-il, lorsqu’elle va travailler (tout le monde n’a pas la chance de pouvoir télé-travailler). A croire que même en cette période de « guerre contre le virus » les profits passeront toujours avant nos vies…

Nous travaillons dans une petite usine de cartonnage imprimé à Blois, 120 salariés, au sein de laquelle il y a une toute jeune organisation syndicale. Devant l’urgence sanitaire, nous avons mis de côté notre implication dans la mobilisation locale contre la réforme des retraites, pour nous concentrer sur la protection sanitaire collective des salariés de l’entreprise et notre devoir d’alerte.

Notre direction qui suit les recommandations gouvernementales persiste à maintenir la production de notre usine, alors que celle-ci n’est en rien essentielle durant cette crise sanitaire sans précédent ! La réalité des conditions de travail dans les ateliers est bien loin de permettre de respecter des distances de sécurité d’un mètre. Notre constat collectif a été rapidement établi : nos vies, celles de nos familles et de nos camarades passent après l’objectif de maintien de la production ! L’ambiance anxiogène à l’intérieur de l’usine comme à l’extérieur, ronge et épuise nos camarades de travail.

Aux questions, peu de réponses… La peur est un sentiment personnel, que chacun gère comme il le peut, et à laquelle l’incompréhension d’un double discours se superpose. Nous ressentons une sorte d’impression d’abandon face à cette situation inédite !

« Il faut rester chez vous » : nous ne pouvons plus voir nos familles, notamment nos aînés isolés seuls chez eux (ils n’ont pas, pour la plupart d’ordinateurs, et d’accès aux réseaux sociaux), nos amis, mais nous devons aller travailler au risque de tomber malade et de contaminer nos familles. C’est une injustice de plus pour nous travailleurs.

Pour que le confinement soit encore plus efficace, il faudrait qu’il soit le plus étendu possible et qu’ainsi les moyens de protection soient uniquement dévolus aux soignants, aux pharmaciens, aux accompagnants dans les EPHAD, à ceux qui sont essentiels pour le maintien de la vie quotidienne, notamment transporteurs et salariés des commerces alimentaires.

Après l’alerte et la demande de fermeture du site, donc de la mise à l’arrêt de la production, par les représentants de la CGT, en quelques jours la situation à l’intérieur de l’usine s’est fortement dégradée. Pourtant, Un camarade de la CGT salarié de l’entreprise, qui la semaine précédente défendait les intérêts des ouvriers et des salariés, présentant les symptômes du virus a été mis en quatorzaine. Une fois informés, nous avons décidé d’appeler massivement et collectivement les ouvriers et les salariés à exercer leur droit de retrait individuel ; seule l’auto-organisation de notre protection compte, elle mettra en place pour les travailleurs « un geste barrière protégeant leurs familles ». De son côté, la direction de l’entreprise préfère contester le droit de retrait de ses salariés.

Dans la mesure ou notre production n’est pas vitale pour le pays, il est inconcevable de faire passer les intérêts mercantiles avant nos vies et notre sécurité ! Bien sûr nous sommes conscients que demain notre classe payera les conséquences de la crise. Croyez-vous que nous n’ayons pas peur pour nos emplois et les conditions de notre classe ? Pourtant en conscience, certains d’entre nous ont quitté leurs postes de travail, sont descendus des leurs machine et ils ont décidé de se confiner répondant à l’injonction des autorités sanitaires « Restez chez vous » pour ne pas être les victimes collatérales du virus pour les beaux yeux du capital. Nous restons en contact permanent pour éviter que l’isolement aggrave la situation, notamment des travailleurs précaires.

Ces décisions, motivées seulement par la préservation des profits de certains grands groupes nous rappellent que, même en situation d’urgence sanitaire, les intérêts du capital, que Macron et son gouvernement mettent en musique, priment sur la santé et la sécurité des travailleurs. Et il s’agit bien d’une guerre de classe aussi car c’est la classe ouvrière qui se retrouve en première ligne pour faire tourner le pays.

Il y a eu un avant et il y aura un après, la solidarité de notre classe ne doit plus être un mot creux, il faudra tirer les leçons de ce drame, notamment pour, nous collectivement au sein des entreprises, et en sortir grandis ! A tous les ouvriers, à tous les salariés du privé, du public, organisons-nous pour une juste protection de nos vies, pour notre santé, celle de notre classe ! N’attendons pas les directives, gouvernementales, patronales.

Réagissons ! Au-delà de l’intérêt général de la crise sanitaire, leurs intérêts économiques particuliers ne sont pas les nôtres et ne seront jamais les nôtres ! Nous qui luttons quotidiennement pour nos conditions de travail et contre les inégalités sociales, hier nous luttions contre la réforme des retraites et pour plus de moyens pour la santé, les services publics, aujourd’hui et jusqu’à nouvel ordre collectif nous lutterons pour notre santé, celles de nos camarades, de nos familles.

Nous voulons tous pouvoir demain reprendre le chemin du travail au sein de nos entreprises et reconstruire… Cette reconstruction ne pourra se bâtir et réussir qu’en intégrant les valeurs de notre classe que nous défendons. Demain nous reprendrons aussi le chemin de la lutte sociale avec espoir ! Oui nous sommes en guerre contre le virus, oui il s’agit bien d’une guerre de classe mais après chaque conflit, des avancées sociales ont vu le jour !

Nous resterons toujours en première ligne pour défendre nos droits acquis et les intérêts de notre classe. Le capital n’est pas sacré... Nos vies valent plus que leurs profits !

 
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