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La Izquierda Diario
26 de mars de 2020 Twitter Faceboock

La Réunion au bord de la crise sanitaire
Réunion : pour faire face au coronavirus le personnel de santé reçoit des masques chirurgicaux… moisis !
Robin Castor

Le 24 mars, l’ARS (Agence Régionale de Santé) se félicitait de fournir plus de 120 000 masques FFP2 aux professionnels de santé de la Réunion. Cependant, les pharmaciens qui ont reçu et devaient distribuer ces masques ont découvert qu’un grand nombre de masques - plus d’un tiers - présentaient des moisissures ! Devant un tel scandale, l’ARS a recommandé en urgence la destruction de ces masques et a promis de renouveler la moitié de ce stock en 2 jours. Mais ce scandale dévoile la responsabilité de l’État français, qui prive de moyens les Dom Tom, exposant dangereusement et dans l’indifférence la population et le personnel soignant.

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En premier lieu, ce sont les travailleurs et travailleuses de la santé de la Réunion qui sont touchés par l’indifférence politique dont fait preuve l’impérialisme français quant au développement de la crise dans une région où plus de 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Les infirmiers, médecins et pharmaciens de la Réunion se voient ainsi contraints de travailler sans les mesures de protection suffisantes. Ces masques provenaient d’un stock réalisé lors de l’épidémie du virus H1N1 en 2009. Avec la décision sous le quinquennat Hollande d’arrêter de stocker ces masques, ces derniers se sont retrouvés pendant une décennie dans un conteneur, provoquant leur endommagement. L’ARS assure que la moitié des masques défectueux seront remplacés le 27 mars, et que l’autre moitié sera compensée par l’utilisation de masques chirurgicaux classiques, alors que ces masques ne protègent en rien le personnel médical.

Malgré le scandale, le gouvernement décide donc de nier de plus belle ses manquements, qui s’accumulent, et ne prend aucune mesure préventive qui permettrait à la Réunion de faire face à l’épidémie. Kathia Caniduche, une médecin généraliste et régulatrice au SAMU a notamment rappelé au nom du collectif de "professionnels de terrain" de la Réunion que les conditions de la crise sanitaire à la Réunion risquent d’être bien plus grave que celles de Métropole, du fait d’une population qui, sous les conditions que lui impose l’impérialisme francais est « tellement loin de tout, avec une telle pauvreté, précarité, promiscuité et avec des comorbidités si nombreuses, une population si souvent cruellement démunie ». Dans un courrier adressé aux élus, le docteur Cadinouche accuse l’Agence régionale de santé (ARS) de l’île d’être en déconnexion totale de la réalité et des besoins (des) patients". Selon ce collectif, un drame est en train de s’écrire sous nos yeux, nous savons, sans doute aucun, que nôtre île se réveillera dans l’incrédulité, la stupeur et les larmes, comme le rapporte LCI. 

Les masques, permettant normalement de protéger le personnel soignant, se retrouveront donc en nombre insuffisant. C’est d’autant plus grave et criminel qu’une propagation rapide du virus sur l’île pourrait provoquer une saturation des hôpitaux, dans une région où aucune évacuation n’est possible. On comptait 94 cas le 24 mars à la Réunion, 115 le 25. Aujourd’hui 26 mars, 135 cas ont été détectés, 3 sont en réanimation et seulement 112 places existent dans le service, et tous ne sont pas disponibles.

Devant la rapide progression du virus dans l’île, la catastrophe sanitaire se dessine. Alors qu’en métropole les services de réanimation d’Ile-de-France et du Grand Est sont déjà au bord de la saturation, il apparaît clair que la situation ne sera pas gérée efficacement par Macron qui se refuse à la mise en place d’une campagne massive de Tests pour endiguer la propagation du virus, et produit des masques et autres matériel médical nécessaire à la gestion de la crise en nombre et en qualité insuffisantes. C’est notamment du fait de la relation de dépendance économique et sociale absolue dans laquelle se trouve la Réunion et l’ensemble des colonies d’Outre Mer vis à vis de la Métropole, et par la même de l’extrême précarisation des conditions de vie de la population que les injonctions à éviter de sortir et à la responsabilisation personnelle paraissent être de véritables blagues. Et ce alors que l’on sait l’importance que le travail informel et les contrats précaires ont, en tant que véritables amortisseurs de la pauvreté dans l’Île.

Devant cette même crise, au lieu de financer la mise en place d’un porte-hélicoptère Mistral dans le cadre de l’opération Résilience aux élans de colonialisme, le budget de ce genre de projets devrait être dédié à la mise en place de campagnes de tests massifs, de refinancement d’hôpitaux publics détruits par des années d’austérité ainsi que de l’augmentation drastique des capacités des services de réanimation. Une crise qui n’est pas sans rappeler le cauchemar de la crise du Chikungunya en 2006 durant laquelle le traitement de la crise par les autorités ainsi que celui des chiffres officiels avait été dénoncé à de nombreuses reprises par les personnels de santé.

 
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