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30 de mars de 2020 Twitter Faceboock

Macron en chute dans les sondages
Gestion de crise sanitaire : la confiance envers l’exécutif chute
Simon Derrerof

Plusieurs sondages ont montré dernièrement que la confiance des Français dans l’exécutif pour faire face à la l’épidémie de coronavirus est en forte baisse. 56% de la population dit ne pas faire confiance au gouvernement pour gérer la crise sanitaire, selon le dernier sondage IFOP. Une tendance légitime quand la situation catastrophique dans les hôpitaux rappelle les différentes politiques néolibérales de Macron et Philippe qui y ont mené.

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POOL/AFP/ARCHIVES - YOAN VALAT

Depuis bientôt trois mois, l’ensemble de la population mondiale affronte un virus dévastateur, pour lequel il n’existe pas encore de vaccin et dont la transmission et l’agressivité sont inquiétantes. La réponse du gouvernement Macron face à cette crise sanitaire d’une grand violence est marquée par une suite d’incohérences, d’amateurismes et de choix qui prêtent à débat, tant ils ont mis en danger toute une partie des travailleurs du pays.

Début Janvier, déjà, le danger d’une pandémie se faisait de plus en plus pressant, la Chine alors épicentre de l’épidémie mondial mettait en quarantaine manu militari toute une partie du pays, interdisant toute sortie. Nous avons tous vu à l’époque les vidéos de militaires entrant dans les immeubles pour casser les espaces de jeu collectif, ou montrant la sortie d’hôpitaux de terre en à peine quelques jours à Wuhan. Pourtant au moment même où l’épidémie se répandait au Japon, en Europe, en Corée et forçait Taïwan, Hong-Kong ou encore Singapour à prendre des mesures de précautions drastiques contre le coronavirus, Agnès Buzyn, Ministre de la santé, déclarait alors le 20 Janvier « le risque d’importation depuis Wuhan est quasi nul. Le risque de propagation du Coronavirus dans la population est très faible ». Il n’était évidemment rien fait pour préparer la crise sanitaire qui s’annonçait en équipant les soignants, médecins, hôpitaux, Ehpads en masques, appareils respiratoires et en renfort d’effectif. Il n’était rien fait non plus, pour commander massivement des tests de dépistage, pour préparer des centres d’isolement ou encore des sas de quarantaine, à même de réduire la progression de l’épidémie et de la combattre efficacement. On préférait alors appeler les français à « se laver les mains et de contacter le 15 en cas de problème ».

Nous eûmes alors droit à une série de mesures contradictoires qui de l’avis du gouvernement permettrait la victoire sur le Covid-19 : fermeture temporaire de certaines écoles, annulation des célébrations du Nouvel an chinois à Paris mais maintien du salon de l’agriculture » ou encore multiples références à des « stades 1,2 ou 3 », parfaitement hermétiques. Il était alors tout tenté pour minimiser une épidémie qu’on laissait en réalité se répandre. Le 24 janvier, jour où les trois premiers cas étaient diagnostiqués sur les sol français, le Président et son épouse, se rendaient aux Folies bergères, affirmant fièrement que « la vie doit continuer ». Pire encore le 6 mars, juste avant que la France ne passe au stade 3, Brigitte et Emmanuel Macron décidaient de se rendre au théâtre pour inciter les Français à continuer à sortir. Le Président affirmait alors : « La vie continue. Il n’y a aucune raison, mise à part pour les populations fragilisées, de modifier nos habitudes de sortie ». Le choix de la ministre de la santé de quitter le gouvernement, après le départ forcé de Griveaux pour se présenter aux municipales, renforce cette impression que ce gouvernement ne saisissait pas la crise historique qu’il nous faudrait affronter. Pourtant, il y a une semaine Agnès Buzyn affirmait avoir prévenu Edouard Philippe, dès le mois de Janvier, de la gravité de l’épidémie et de lui avoir conseillé de ne pas tenir le premier tour des élections municipales, révélant une nouvelle fois les profonds dysfonctionnements et incohérences du gouvernement.

Si aujourd’hui la gouvernement a perdu la confiance de la population, c’est d’une part par sa communication et son approche catastrophique d’une épidémie de cette ampleur mais aussi par sa participation à la casse des services publics et notamment celle de l’hôpital public. L’année dernière, Emmanuel Macron en visite au Centre Hospitalier Universitaire de Rouen, répondait à la colère de deux infirmières s’indignant de la baisse du budget pour l’hôpital public et réclamant des postes : « vous dites des bêtises ». En 2017, Fillon, autre éminent défenseur du capitalisme et des politiques néolibérales défendait face à des soignants d’une EHPAD, que la solution était de réduire les postes et d’augmenter la durée du travail des personnels.

Depuis plusieurs dizaines d’années, que ce soit dans les gouvernements Sarkozy, Hollande ou Macron, le néolibéralisme a toujours décidé de faire des économies sur la santé, tout en réduisant dans le même temps, les impôts payés par les plus riches ( suppression de l’ISF) et multipliant les cadeaux fait au MEDEF et au patronat ( loi travail, allongement du temps de travail...). La casse de l’hôpital public, le manque de moyens dans les hôpitaux se comprend aisément quand l’on sait que depuis 20 ans, 17 % des lits dans les hôpitaux disparaissaient alors dans le même temps, la population augmentait de 10%. Alors oui, aujourd’hui ces politiques budgétaires nous en payons le prix, nous subissons les politiques de ces gouvernement qui ont préféré acheter des grenades lacrymogènes, des LBDs, plutôt que de recruter et former des médecins, ou d’acheter des masques et des respirateurs.

Pire encore, le gouvernement depuis le début de la crise a montré où allait sa solidarité en multipliant les cadeaux faits au patronat (allongement du temps de travail, RTTs, 300 milliards pour les entreprises) et en mettant en danger la vie de millions de travailleurs et de leurs proches. Comment accepter que des usines fabriquant des avions, des voitures, continuent à tourner, que des agents de la Ratp et de la SNCF, soient mis en danger tous les jours en étant forcés de se rendre au travail, sans aucune autre protection qu’un peu de gel hydroalcoolique s’ils ont la chance d’en avoir.

Face au nombreux droits de retrait de salariés inquiets, le gouvernement n’a pas hésité à forcer la main, envoyant la police réprimer des salariés de la poste, ou affirmant à travers la figure de Bruno Le Maire : « il faut continuer l’activité économique, les salariés des entreprises encore ouvertes, des activités qui sont indispensables au bon fonctionnement du pays, doivent continuer à se rendre sur leur lieu de travail ». Pourtant, il apparaît évident que la priorité actuelle n’est pas celle de produire des paquebots, des camions, vélos, trains ou rivets et cela le gouvernement le sait bien, car derrière l’appel aux « entreprises essentielles » de continuer à fonctionner, c’est la sécurisation des profits qu’il entend assurer.

Pour son incompétence, pour la casse des hôpitaux, pour avoir forcé des millions de travailleurs à continuer le boulot, faisant passer les profits avant leurs vies, le gouvernement a perdu la confiance de la population. S’il ne cesse d’appeler à une union nationale, la confiance, elle, est perdue et nous nous ne garderons pas de lui rappeler qu’il est le responsable de cette situation. La casse des hôpitaux, le manque de tests de dépistage, le manque de moyens, mais aussi le travail forcé de millions de travailleurs ne peut être oublié. La confiance dans le gouvernement est donc perdue mais plus globalement c’est celle dans le capitalisme qui est perdue, c’est celle dans un système qui priorisera toujours le profit à l’intérêt des travailleurs.

 
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