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La Izquierda Diario
30 de mars de 2020 Twitter Faceboock

Pour Edouard Philippe, la réponse à la crise sanitaire a été exemplaire !
Lorélia Fréjo

Ce week-end, le gouvernement prenait de nouveau la parole pour s’expliquer sur sa gestion de la crise. Ce sont Édouard Philippe et Olivier Véran qui se sont prêtés à l’exercice, multipliant les détails chiffrés pour faire croire à leur bonne volonté et faire veux de transparence. Le premier ministre a ainsi asséné : « Je ne laisserai personne dire qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement ». Mais, même le ton martial et l’assurance du président et de ses ministres ne suffiront pas à nous faire croire que tout a été fait en temps et en heure, bien au contraire.

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Alors qu’Edouard Philippe et Olivier Véran doivent être auditionnés mercredi dans le cadre d’une « mission d’information parlementaire de suivi de la crise du Covid-19 », ils se sont prêtés à un premier exercice oratoire samedi dernier pour tenter de justifier les déboires gouvernementaux dans la prise en charge du virus et renforcer le tournant politique, pris mercredi par le président. Le gouvernement, de plus en plus esseulé cette dernière semaine, n’arrive pas à obtenir la confiance de la population, avec 56% de défiance à sa gestion de la crise sanitaire dans les derniers sondages et cherche à tout prix à reprendre la main.

Graphiques, multiplication des chiffres, discours de généraux de guerre, Olivier Véran et Édouard Philippe ont tenté de rassurer afin de tout reprendre depuis le début. Après la saisie par des médecins du Conseil d’État, les plaintes déposées contre lui et les remontrances de l’OMS, le gouvernement se devait de changer de discours. Après avoir nier pendant des semaines l’importance des tests et le manque de moyen dans les hôpitaux, place aux grandes promesses donc. Renouveler l’union nationale qui s’effritait et remettre en ordre bataille, faire table rase du passé pour aller de l’avant, voilà le souhait du gouvernement. Mais le ton sonne toujours faux, surtout quand E. Philippe explique : « Je ne laisserai personne dire qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement ».

Une manière de nier les erreurs commises en début de crise, entre les municipales maintenues ou les Macron allant au théâtre pour faire cesser la peur du virus une semaine avant le confinement général. Mais en vérité au-delà de ces erreurs, qui montrent bien l’incohérence gouvernementale, l’impréparation ne peut plus être cachée. Alors que les soignants continuent de raconter le calvaire des hôpitaux, entre le manque de masques et de gel, parfois compensé par des réserves périmées, ou celui de lits et de respirateurs. Ces prises de décisions nous mènent plutôt vers un chaos plutôt qu’une maîtrise de la situation.

Déjà, car on ne peut pas dire que le confinement a été appelé assez tôt, d’autant plus qu’il est partiel, les travailleurs des entreprises non essentielles étant toujours obligés d’aller bosser, mais surtout car il a été le résultat d’une incompétence criante. Comme ses voisins européens, le gouvernement français a été incapable de prendre des mesures assez tôt et a négligé largement l’épidémie chinoise et même l’arrivée du virus en Italie. Au-delà des municipales, il aurait fallu tout de suite investir massivement dans du matériel de soin, réorganiser l’économie et la remobiliser autour de la préparation de l’arrivée du virus. Mettre en place une campagne de tests massive et remonter les réseaux de propagation de la maladie, ainsi qu’informer largement, ouvrir des lits, financer la recherche, etc. 

Mais le gouvernement préfère depuis le début la stratégie du « buisness as usual » et a retardé le plus possible la prise en charge du problème pour faire tourner l’économie. Surtout, il fait partie d’une longue série de gouvernement néolibéraux qui n’ont fait que détruire l’hôpital public par des mesures austéritaires. Comme l’expliquait Christophe Prudhomme, président de l’association des médecins urgentistes, sur BFM récemment : « des gens ont dénoncé l’impréparation, mais on ne les a pas écoutés » et surtout « depuis quinze ans, les urgentistes dénoncent les fermetures de lit, les fermetures de réanimation, les fermetures d’hôpitaux, la concentration des moyens sur un nombre de centres très limité ». Ajoutant : « ce qu’on paye aujourd’hui c’est les politique des gouvernements depuis quinze qu’ils aient été de droite ou de gauche qui ont fermé cent mille lits en France, et des lits de réanimation ! »

Dans les hôpitaux comme ailleurs, on manque de masques, de tests, d’informations claires. Faire avec les moyens du bord devient le quotidien, certains médecins se mettent à tester dans leurs cabinets, des particuliers amènent des masques, mais toujours rien de concret de la part du gouvernement, plus occupé à mettre des moyens pour la police et l’armée. La répression et l’autoritarisme comme réponse, comme toujours depuis lé début du quinquennat.

Une gestion de crise que payent aujourd’hui les travailleurs qui sont en première ligne : soignants, caissiers, routiers, travailleurs du nettoyage, de la logistique, professeurs mobilisés et tous ceux qui participent aux tâches essentielles. Mais aussi plus largement ceux qui n’ont pas pu passer en chômage partiel ou en télétravail, obligés de continuer de bosser selon le bon vouloir de leur patron ou ceux qui ont perdu leur travail du fait de la crise.

Ainsi, alors que Macron, Philippe et le reste tentent de se défausser de la responsabilité de la crise et de passer un tournant le plus vite possible vers la mise à disposition de matériel, au moins en parole, pour permettre à l’économie d’être relancée, il s’agit de dévoiler au grand jour leur entière responsabilité. Mais aussi de reprendre en charge la gestion de la crise : imposer la fermeture des usines non essentielles, la mise à disposition de tests et de matériel et plus généralement que les travailleurs soient remis au centre de ces résolutions.

Crédit photo : GEOFFROY VAN DER HASSELT AFP

 
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