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La Izquierda Diario
4 de avril de 2020 Twitter Faceboock

Belgique. Les salariés de Carrefour en grève pour sauver leurs vies
Prune Fabre

Ce vendredi, les salariés de dix Carrefour en Belgique ont débrayé pour exiger des mesures en termes de rémunération, de congé et de sécurité. Dans le courant de la journée, les salariés ont décidé d’ouvrir les commerces pour répondre aux besoins de la population dans le cadre de l’épidémie mondiale du coronavirus.

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Crédits photo : DR

C’est dans la continuité de la grève effectuée mercredi et jeudi par plusieurs magasins Delhaize, mais aussi dans un climat social agité s’étendant à une large partie de la grande distribution alimentaire, que les salariés de dix Carrefour Belge se sont mis en grève ce vendredi matin.

Depuis le début de la crise sanitaire, les salariés de Carrefour demandent notamment de meilleures mesures d’hygiène et de sécurité face au risque de contagion. Les seuls masques que la direction leur a accordés ne sont absolument pas aux normes, toutes les caisses ne sont pas protégées par des barrières de plexiglas malgré les promesses de l’enseigne et les minimums de distanciation avec les clients sont inexistants, que ce soit au niveau des caisses ou dans les rayons. Ils souhaitent également une compensation financière pour les risques encourus dans cette période de crise.

En réponse à ces revendications, des accords ont été pris entre la direction et différents syndicats les jours précédant, mais ces derniers n’ont absolument pas contenté les travailleurs. De fait, la proposition de la direction est d’augmenter les chèques-repas de 4,45 euros à 8 euros, seulement jusqu’en novembre. Cette augmentation ne satisfait pas les travailleurs, d’une part car elle ne doit durer qu’un temps et d’autre part car ils seront imposés sur ces quelques euros journaliers supplémentaires, donnant l’impression d’un cadeau empoisonné. On leur propose également cinq jours de congé en plus, proposition qu’ils trouvent dérisoire. Aucun retour concret ne leur a été fait sur les conditions d’hygiène ou la distanciation sociale.

En définitive, ces travailleurs précaires en première ligne face au virus ont fait grève pour de la reconnaissance et de la dignité pour leur vie, phénomène qui pourrait à tout moment commencer en France. Le syndicat CNE (Centrale Nationale des Employés, affilié à la confédération des syndicats chrétien de Belgique) se dit comprendre les inquiétudes des travailleurs en vue des conditions d’hygiène et les encourage à pousser leurs revendications mais tout en vantant les propositions importantes déjà faites par la direction, dans une espèce de double discours pro dialogue social entre syndicat et patronat, excluant les travailleurs. Aucun autre syndicat n’a pris publiquement position.

Finalement les travailleurs des différents magasins Carrefour ont décidé à 11 heures d’ouvrir les magasins, malgré le fait que la direction n’ait pas cédé. Non pas pour les profits de l’enseigne, ni car on leur avait ordonné, mais par consultation entre eux sur la nécessité de leur travail. Une nouvelle fois, les travailleurs ont prouvé qu’ils étaient capables de s’organiser par eux-mêmes, tant sur leurs propres besoins sanitaires que sur les besoins de la population. Ce coup de force pose la question de la nationalisation sous contrôle ouvrier des secteurs de l’alimentaire, ce qui permettrait de meilleures conditions d’exercice pour ces travailleurs mais aussi éviterait la spéculation des prix. De fait, les patrons de la grande distribution sont les grands gagnants de cette crise, nombre de personnes ayant fait des stocks plus importants qu’à l’accoutumée et les autres commerces alimentaires étant pour la plupart fermés. Évidemment, ceux qui bénéficieront des profits à la fin sont à l’abri chez eux tout en ne daignant pas protéger leurs employés. Du fait d’une telle conduite, nous savons qu’en cas de crise alimentaire, ce même patronat en profiterait pour fortement spéculer. Il faudrait que dès maintenant, les salariés de la grande distribution aient le contrôle des prix et des stocks en lien avec la population et ainsi, qu’ils puissent décider et par la suite recevoir, en fonction de leur besoin, le nécessaire de protection face au COVID-19 .

 
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