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La Izquierda Diario
6 de avril de 2020 Twitter Faceboock

Première ligne
Les conditions dans les hôpitaux s’aggravent, la première ligne au bord de l’implosion
Olive Ruton

Face aux pénuries de matériel de protection et de soins, risquant la contamination ou déjà contaminés, surmenés pour compenser le manque de personnels... Chez les soignants, derrière l’urgence de la réponse à la crise, la colère monte...

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A ce stade du virus qui a déjà causé plus de 69 000 morts dans le monde et 8 000 décès en France, les soignants semblent plus que jamais à bout de force. Derrière les applaudissement de 20h, ce sont des milliers de travailleurs aux conditions de travail de plus en plus invivables, qui portent à bout de bras la lutte contre le virus. Envoyés « au front sans armes », surmenés, sans protection ni matériel, arrivés au bout de leurs propres ressources, en « guerre » contre un virus, mais surtout dans une lutte à bras le corps contre les ruines d’hôpital public, fruit des politiques néolibérales. Ainsi, pour une « première ligne » au bord de l’implosion, l’épuisement se mêle à la colère contre les responsables de l’ampleur d’une telle crise sanitaire.

En première ligne sans protection face au virus : des milliers de soignants contaminés

Depuis l’arrivée du virus en France, une chose a vite été mise en évidence : l’incapacité à y faire face de l’hôpital français, fracassé par des années de politiques néolibérales, de suppressions de postes, de suppressions de lits... Un état de l’hôpital sur lequel le personnel hospitalier tirait la sonnette d’alarme depuis plus d’un an dans la rue.

Au manque de places dans les hôpitaux des régions les plus touchées, se sont ajoutées les pénuries de matériel, que ce soit de protection ou de soin. Le scandale autour de la pénurie de masques a ainsi une fois de plus révélé la logique du gouvernement en matière de santé : celle où réduire les dépenses, y compris aux dépends de la santé de millions de personnes, est l’unique priorité. Conséquence directe de ces politiques, les pénuries de matériel ont laissé des milliers de soignants en première ligne face au virus sans aucune protection (ou avec des protection loin d’être à la hauteur), au contact permanent de patients infectés.

Ce matériel est évidemment demandé à grands cris par les soignants depuis le début de la crise. Malheureusement, même en pleine crise sanitaire, nous n’avons que pu constater une nouvelle fois les priorités des capitalistes : alors que des dizaines de milliers de masques sont livrés pour Airbus, les soignants eux continuent d’en manquer. Et, comme dans une sinistre provocation, même lorsque le matériel fini par arriver, rien n’empêche qu’il soit déjà défectueux à l’image des masques périmés ou encore des blouses déchirées qu’ont pu recevoir les hospitaliers.

De telles conditions de travail, comme on pouvait tristement le prévoir – et contrairement à ce que prétend Olivier Véran, qui feint de croire qu’il n’y aurait là aucun lien logique mais que les travailleurs de la santé seraient contaminés hors de leur lieu de travail - a résulté de ces conditions d’exercice une large vague de milliers de soignants contaminés. Une contamination du corps soignant particulièrement forte dans les régions les plus fortement touchées, à l’image du Grand Est ou encore de la région parisienne dont l’AP-HP comptait déjà plus 1 600 personnels testés positifs en début de semaine dernière.

Surmenée, épuisée, abîmée : la première ligne au bord de l’implosion

A ce manque de matériel de protection qui fait, chaque jour un peu plus, risquer leurs vies aux personnels de santé, s’ajoutent des conditions de travail, de plus en plus difficiles à mesure que la lutte contre le virus s’étend dans le temps et que la fatigue des soignants devient épuisement.

Surchargés de travail face au nombre de patients, contaminés au Covid-19, les soignants, bien trop peu nombreux après les dernières vagues de suppressions de postes, se retrouvent absolument dépassés par la situation, devant multiplier les heures à l’infini pour faire face à la crise. Débordés, face aux patients, sans ressources pour les accueillir, que ce soit en terme de matériel, de lits (après la suppression de 100 000 lits en 15 ans par les derniers gouvernements), mais aussi en terme de personnel. Face à l’urgence, les heures supplémentaires ont ainsi été déplafonnées par le gouvernement, pour des soignants dont les patients et les gardes se multiplient sans fin. Les étudiants en médecine réquisitionnés sont des exemples particulièrement criants de cette surcharge de travail : payés un euro de l’heure, ils accumulent jusqu’à 60h en moyenne de travail par semaine pour compenser le manque de personnel.

Cette surexploitation des soignants qui tente de compenser le manque de préparation à l’épidémie et les suppression de postes qui l’ont précédée, en plus de les pousser à l’épuisement, se manifeste également par des blessures physiques. Ainsi, aux erreurs liées à la sur-fatigue, s’ajoutent diverses douleurs qui vont jusqu’aux brûlures causées par le gel hydroalcoolique sur les mains des infirmières contraintes de se désinfecter les mains parfois jusqu’à plus de 30 fois par jour.

C’est donc sur les épaules de soignants épuisés, surmenés, à la charge de travail impossible, voire eux même porteurs du virus, que reposent la vie de millions de malades. Des soignants qui, percutés de plein fouet par l’épidémie, sont particulièrement lucides sur les responsables d’une telle crise. Les mêmes qui appellent à les applaudir tous les soirs, les remercient chaudement lors de leurs discours, mais qui ont cassé le service de santé et font la sourde oreille aux appels urgents à fermer toutes les productions non essentielles pour stopper la propagation du virus.

Derrière l’urgence de la réponse à la crise, la colère monte

Ainsi, chez ceux qui sont en première ligne de la crise, au-delà de l’épuisement, la colère gronde. Le milieu hospitalier, déjà dans la rue depuis plus d’un an et dont les manifestations ont été particulièrement massives ces derniers mois, devient, au rythme des ravages du Covid-19, un important foyer de colère contre le gouvernement. A la fin du mois de mars, les soignants italiens, infirmières en tête, appelaient ainsi les travailleurs de tout le pays à faire grève. Un appel dans le but de faire cesser l’activité du pays - un arrêt nécessaire pour stopper l’épidémie - contre le gouvernement italien qui poussait à poursuivre la production dans les secteur stratégiques pour l’économie

Dans ce sens, on a vu naître ces dernières semaines de nombreux hashtags sur les réseaux sociaux, avec des messages tels que « L’État compte les sous, on va compter les morts », « Au front sans armes », ou pointant la responsabilité du gouvernement. Des messages très relayés, à la mesure du soutien de la population aux soignants dans une telle période, et de la responsabilité évidente du gouvernement dans cette gestion désastreuse.

Cette crise, si elle laissera derrière elle des marques indélébiles en terme de morts, de traumatisme pour la population, aura sans aucun doute également marqué la conscience de millions de personnes face au gouvernement. Avec cette situation, il est plus que jamais évident que ceux qui sauvent nos vies, comme ceux qui font tourner la société (en continuant de produire et vendre de quoi nous nourrir, par exemple, en assurant les transports pour les trajets nécessaires par exemple), ce sont les travailleurs. Face à eux, le gouvernement, dont la criminalités de la politique de casse du service public, ou encore la priorité donnée a l’économie en refusant de faire fermer les activités non essentielles, ne cesse de perdre en crédibilité et d’attiser la colère, en allant jusqu’à donner des milliards aux grands patrons comme première mesure pour faire face à la crise... Comme l’annoncent aujourd’hui les hospitaliers, la riposte dans la rue n’attend que la fin de la crise.

 
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