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7 de avril de 2020 Twitter Faceboock

#EnMarge
Marseille. Dans les quartiers nord, la misère est renforcée par le confinement
Matteo Falcone

Dans la cité maison blanche à Marseille, des habitants déjà victimes de la précarité, de l’insalubrité, des violences policières sont aujourd’hui dans des situations des plus désastreuses, parfois dans l’incapacité de se nourrir. Il est urgent de mettre en place des mesures pour subvenir à leurs besoins vitaux essentiels à leurs survies.

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Crédit photo couverture : TV5Mondes

D’abord, la cité Maison blanche de Marseille est connue pour avoir été le théâtre de la répression policière. En septembre des policiers avaient violemment interpellé un jeune du quartier après l’avoir tabassé. Des policiers dont l’uniforme était agrémenté de l’écusson BOPE (police militaire brésilienne ultra violente connue pour ses pratiques répressives et accusées régulièrement d’assassinats dans les favelas). Plus récemment un jeune de 18 ans, Medhi, a été tué par la police suite à un braquage. Les témoins de la scène affirment qu’il n’était pas menaçant, et que la police a tiré sans sommation. Selon eux, la police a ensuite frappé au sol le jeune homme alors qu’il était menotté et blessé par le coup de feu. Ces mêmes témoins racontent avoir voulu apporter des premiers soins à Medhi mais avoir été gazés par la police, empêchant toute venue en aide au blessé.

Mais ce quartier de Marseille est aussi malheureusement connu pour l’insalubrité révoltante des habitations, une situation déplorable dénoncée depuis des années par les collectifs et habitants. Une copropriété privée, où des « marchands de sommeil » qui refusent de payer des rénovations, louent des appartements en état de décrépitude à des familles extrêmement précaires. Sans système de chauffage, des infiltrations, des champignons sur les murs noirs d’humidité et les murs lézardés de fissures. Certains habitants souffrent de problèmes respiratoires dus à ces conditions de vie intenables. En août un incendie avait même brûlé une partie du bâtiment et certaines familles s’étaient vues obligées de réintégrer les appartements couverts de suie faute de mise en place de logements d’urgence par la ville.

C’est dans ce contexte que les habitants de la cité sont aujourd’hui, confinés, enfermés dans des appartements invivables et manquant cruellement de moyens pour subvenir à leurs besoins. Cinquante personnes vivent ainsi aux dépens du collectif Maison Blanche soutenu par le Secours populaire, qui leur fournit des repas gratuitement. Sans ces aides ces familles (qui comptent de deux à sept enfants) auraient été dans l’incapacité de se nourrir. Nair Abdallah membre du collectif nous explique : « Nous au début on était confinés, on a laissé passer 4, 5 jours, et quand on a vu que le confinement était repoussé on a décidé de retourner sur le quartier. Les familles commencent à nous dire qu’elles ne mangent plus rien, par exemple une mère de famille nous a expliqué qu’elle ne mangeait que de la soupe à l’oignon avec ses trois enfants depuis plus de trois jours ».

Crédit image : Anthony Micallef

Cette précarité extrême s’explique par les problèmes de revenus des habitants, renforcés par la mise en place du confinement. Beaucoup d’entre eux sont au chômage (comme 18,3% de la population active à Marseille) où touchent le RSA. Pour ceux qui travaillent c’est la plupart du temps dans le secteur informel, licenciés ou empêcher de travailler ils sont donc aujourd’hui sans salaire. Aujourd’hui il semble donc nécessaire d’assurer le maintien des salaires et la régularisation en CDI pour tous les précaires, financé s’il le faut par des impôts sur les grandes fortunes.

Le collectif Maison-Blanche déplore l’absence d’aides de l’État ou de la ville pour prêter main-forte à ces familles. Pour eux « on le fait mais normalement ce n’est pas à nous de le faire c’est à L’État ». Pire la déléguée de la préfecture à l’égalité des chances, Agnès Lonchamp, n’a pas hésité à tacler le collectif, les accusant à tort de ne pas faire respecter les gestes barrières lors de la distribution des repas. Cette arrogance se mesure à leur inaction, car ce n’est pas seulement la cité maison blanche qui doit faire face au manque de moyens, beaucoup de collectifs et associations des quartiers nord marseillais assurent aujourd’hui la distribution de repas pour subvenir aux besoins primaires des personnes démunies qui, face à la crise sanitaire et l’arrêt de leurs secteurs d’activité, se trouvent vulnérables. La mise en place d’aides financières à destination de ces personnes est désormais une urgence vitale, si l’on ne veut pas que la crise sanitaire se transforme en catastrophe pour ces populations vulnérables.

Autre préoccupation des habitants de la cité maison blanche mais aussi de nombreuses autres personnes dans le pays, l’incapacité d’effectuer le règlement des loyers. À cela la mise en place d’un moratoire sur les loyers permettrait d’organiser la suspension des paiements et donc venir en aide à celles et ceux qui en ont le plus besoin.

Aujourd’hui, des solidarités s’organisent, les habitants s’entraident et se fond passer des colis de nourriture, mais cela sera insuffisant si l’épidémie arrive dans le quartier. Les premiers malades seraient très vite synonymes d’une contagion des plus féroces, sans aucune mesure de dépistage et de prévention prise pour empêcher cela. Alors que les habitants vivent parfois à 6 dans des petits appartements et qu’ils n’ont pas les ressources nécessaires à prendre soin d’eux, ils sont de plus en plus vulnérables.

Le confinement et la crise sanitaire révèlent les inégalités et les divisions sociales qui séparent la population. Face à cette crise nous ne sommes pas tous égaux et les populations précaires sont les premières à subir les conséquences dramatiques de la crise sanitaire.

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