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7 de avril de 2020 Twitter Faceboock

Crise économique
La France face à sa pire récession depuis 1945, selon Bruno Le Maire
Jean Beide

La crise sanitaire qui frappe le monde aura sans aucun doute des conséquences graves sur toutes les économies. La question, c’est l’ampleur de la chute. Pour Bruno Le Maire, qui verse pourtant d’ordinaire assez peu dans le discours catastrophiste, c’est la pire récession depuis 1945 que le pays s’apprête à traverser.

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 Crédit photo : Éric Piermont - AFP 

« Très au-delà des 2,2% de 2009 »

Le plan initial de 45 milliards d’euros (pris sur le budget national) pour éponger les conséquences de la crise semblent une digue depuis longtemps déjà submergée. Face aux sénateurs, le ministre de l’économie a annoncé que la récession serait bien pire que celle de 2009, en effet, l’INSEE anticipe une récession de 3% en cas de confinement d’une durée d’un mois, et au 21e jour, rien ne semble présager que l’on en sorte rapidement. De plus, ce coût hypothétique des 3% par mois serait pour certains observateurs, comme le professeur Laurent Capelletti, largement sous évalué. Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde le 3 avril dernier, il estime que le coût de chaque mois de confinement « pourrait atteindre les 150 milliards d’euros » en incluant les pertes cachées causées par la désorganisation sociale du travail, soit deux fois plus que le total pour l’instant envisagé.

Une crise historique pour le capitalisme mondial

La crise économique qui s’annonce fera-t-elle passer le cataclysme financier de 2008 pour une tempête saisonnière ? La question mérite d’être posée, pour deux raisons au moins.

Tout d’abord, il ne faut pas oublier que la débandade économique actuelle prend racine dans un contexte particulier. Ce contexte est celui de l’après-crise de 2008. Pour soutenir et relancer les économies en berne, les banques centrales ont injecté massivement des liquidités. Ces facilités de crédits ont tiré mécaniquement, dans un contexte de croissance atone, l’endettement des entreprises vers le haut, comme celui des Etats, forcés d’emprunter pour compenser la baisse d’activité.

La seconde raison se trouve dans la nature même de la crise économique provoquée par la pandémie de CoVid-19. Alors qu’en 2008 les marchés financiers emportaient avec eux l’économie dans leur chute, cette fois-ci c’est l’économie « réelle » qui est mise à l’arrêt. Or si l’injection de liquidité peut toujours à la limite sauver le système bancaire dans l’immédiat (l’addition réelle se payant plus tard à coup de réformes du code du travail), la méthode risque dans le cas présent d’être impuissante, à plus forte raison encore en cas d’arrêt ou de ralentissement chronique de la production. Dans la liste des pouvoirs de l’argent central, celui de faire apparaitre magiquement des produits à vendre ne figure pas. L’injection de liquidités pourrait donc très bien s’avérer être un poison car sans activité, la monnaie ne vaut rien.

Par delà les doctrines, les travailleurs

Le cocktail est donc explosif. A la montagne de l’endettement mondial voilà que vient s’ajouter une montagne plus grande encore, qui plus est dans un contexte où l’effectivité de la production n’est pas garantie. D’autre part le secteur financier, qui n’a pas attendu le coronavirus pour être placé sous respirateur artificiel, pourrait à moyen terme rejouer la partition de 2008. Le pourrissement accéléré des créances (les dettes des entreprises) va générer des secousses au niveau bancaire, c’est une certitude. Dans ces circonstances, ce sont les Etats inféodés aux intérêts du capital qui devront voler au secours des banques, celles-là même qui pourtant travaillent dans le même temps à les pousser à la faillite en augmentant les taux d’intérêts sur les marchés financiers, système imparable. D’où viendra donc la valeur réelle qui soutiendra à bout de bras toutes ces dettes ?

Par chance, Bruno Le Maire a choisi de faire dans la transparence, et ne promet « rien d’autre que des efforts et du travail ». L’autre bataille, après le virus, se jouera donc à la reprise et dans les décennies qui viendront. Il en ira de la survie du capital d’exploiter les travailleurs au-delà de toute mesure, et de la survie des travailleurs de lui résister et de renverser le système qu’il leur impose. Après la crise, le combat.

 
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