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La Izquierda Diario
9 de avril de 2020 Twitter Faceboock

Coronavirus et crise économique
En temps de coronavirus, dans les raffineries Total, nous ne payerons pas leur crise !
Adrien Cornet, CGT Total Grandpuits

Pour sauvegarder sa trésorerie de plus de 1O milliards de dollars et pour continuer à payer ses actionnaires, le PDG Patrick Pouyanné de Total annonce de bien tristes nouvelles pour les salariés : baisse de l’investissement dans l’outil de travail, gel des embauches et un plan d’économies de plusieurs milliards. Mais nous ne payerons pas leur crise !

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Crédit photo : Philippe Huguen / AFP

En période de crise, les patrons veulent préserver leurs profits sur notre dos

En temps de crise, le vrai visage des capitalistes apparaît au grand jour. Il n’y a plus d’apparat pour le dissimuler. Les profits fondant comme neige au soleil, il faut revenir à l’essence même du rapport entre un salarié et son employeur et force est de constater que nos intérêts divergent. La classe dominante, propriétaire des moyens de production, ne recule devant rien pour protéger son capital, voir le maximiser même en ce temps de crise, où des vies humaines s’éteignent par centaines, jour après jour.

Le groupe Total n’est pas l’exception : sauver leurs profits coûte que coûte

Les hôpitaux sont à l’agonie, les gens ont peur pour leurs vies mais une constante demeure chez Total, tête de pont du CAC 40 en matière de bénéfice. Dans cette crise, pour sauvegarder sa trésorerie de plus de 1O milliards de dollars et pour continuer à payer ses actionnaires, le PDG Patrick Pouyanné annonce de bien tristes nouvelles pour les salariés : baisse de l’investissement dans l’outil de travail, gel des embauches et un plan d’économies de plusieurs milliards.

Malheureusement, les salariés des raffineries Total ne savent que trop bien ce que veulent dire ces mots. Alors que les conditions de Travail se dégradent depuis des années, ce sont encore eux, qui vont payer la crise.

La Direction locale de Grandpuits est bien entendu dans la droite ligne de la politique de l’ensemble du groupe Total. Celle-ci a d’abord voulu imposer le redémarrage de la raffinerie, à l’arrêt pour des problèmes techniques. C’est pourtant la position de sécurité la plus favorable pour assurer la santé des travailleurs (équipes réduites au minimum indispensable, machines tournantes à l’arrêt, peu ou pas de travaux, pas de perte de contrôle de l’outil en cas de grosse épidémie au sein de la raffinerie).
Mais pour la Direction, un salarié est payé pour produire et ce même si la demande en carburant s’effondre et que les mesures barrières ne peuvent être respectées en période de redémarrage. Une nouvelle fois, les intérêts des salariés et ceux des patrons divergent. Les uns voulant protéger leurs vies et celles de leurs proches, les autres leurs profits.

Un site en « activité partielle » : la mauvaise nouvelle ne se fait pas attendre

Le 30 mars a eu lieu un Comité Social et Économique (CSE) pour nous présenter la décision de la Direction Raffinage Chimie Total de déclarer le site en « activité partielle ». L’incompréhension fut générale.

Alors que Total maintient le paiement des dividendes et que des éléments de langage comme « nous sommes une famille, votre santé reste notre priorité » sont cités par notre PDG Patrick Pouyanné, les salariés de Grandpuits seraient de nouveau sacrifiés, mis au chômage partiel pour pouvoir économiser un peu plus sur leurs dos.

Une direction sans scrupule : c’est toujours aux salariés de faire les efforts

Le coup de théâtre a lieu à 18H : la Direction Générale de Total publie un communiqué de presse indiquant renoncer aux aides de l’État (chômage partiel, report de charge) pour pouvoir verser les 9 milliards de dividendes sur l’année 2020. En effet, la position du ministre de l’économie, Bruno Le Maire, interdisant le versement des dividendes si l’entreprise demandait à bénéficier des aides de l’État était arrivée aux oreilles de la Direction.

Il faut également savoir qu’en plus de verser les dividendes aux actionnaires, Total a décidé de maintenir l’augmentation salariale de Patrick Pouyanné de 6% sur l’exercice 2019-2020.

C’est ainsi que dans cette période de crise sanitaire et économique (pas pour tout le monde) la Direction présente une alternative au chômage partiel en proposant aux salariés de faire des efforts. Elle incite fortement les salariés à poser leurs vacances pendant la période de confinement. Total fait donc appel à la solidarité des salariés en les incitant à prendre durant le mois d’avril, tous les jours de RTT, repos, de CET et de solde de congés pour ne pas payer les gens chez eux à ne rien faire.
Alors que même les balades en forêt sont interdites, la Direction nous demande de poser des congés. On croit rêver. Cette situation est subie par les salariés qui sont enfermés entre quatre murs du matin au soir. Sans parler de la peur qui ne les quitte plus d’être contaminé par le coronavirus.

Décidément, le patronat ne recule devant rien. Même le ridicule. Demander aux salariés de Grandpuits et du Groupe d’être solidaires de l’entreprise en sacrifiant ses jours de congés alors que dans le même temps, on s’apprête à verser 9 milliards aux actionnaires pendant l’année 2020…

La solidarité dans la bouche des patrons, c’est toujours à sens unique !

Il faut vraiment être dupe pour continuer de croire encore au « dialogue social » et à la négociation collective. Pour les patrons, la solidarité, ce n’est que dans un sens. Quand l’entreprise délaisse notre outil de travail, orchestre sa casse, ferme les raffineries, délocalise ses capacités de raffinage pour maximiser ses profits, est-elle solidaire ? Quand Total s’obstine à réduire la masse salariale, déjà à la corde, provoquant une surcharge de travail amenant certains salariés au burn-out, l’entreprise est-elle solidaire ?

La réponse est non et encore non. Dans cette période où les gens sont confinés chez eux pour protéger leur vie, il nous faut revendiquer le paiement des salaires à 100%, primes comprises. Les grands groupes économiques ramassent des fortunes toute l’année mais le partage des profits n’est jamais à l’ordre du jour. Par contre, à l’heure des pertes économiques, il nous faudrait les partager être solidaire ?
Les travailleurs ne doivent pas accepter de payer cette crise en acceptant de perdre du salaire, ou de perdre leur vie. Les patrons ne comprennent que le rapport de force !

C’est à nous d’imposer nos réponses face à la crise : arrêter les productions non essentielles, reprendre le contrôle de certaines chaines de productions pour produire des choses utiles à la crise (masques, respirateurs, blouses, gel hydroalcoolique), exiger le paiement des salaires à 100%, interdire les licenciements. Il nous faut porter toutes ses revendications et bien d’autres encore, et nous organiser pour les imposer. Les obtenir ne dépendra que du rapport de force.

 
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