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La Izquierda Diario
10 de avril de 2020 Twitter Faceboock

CRISE SANITAIRE ET SOCIALE
USA. 1.793 morts en 24h, des dizaines de corps enterrés dans des fosses communes à New-York
Jules Fevre

Alors que les Etats-Unis cumulent à eux seuls plus d’un quart des décès liés au Covid-19 dans le monde, révélant les failles d’un système de santé profondément inégalitaire, de nombreux travailleurs, « bas salaires » en première ligne sans protection, se mettent en grève et s’organisent face au « business as usual » du patronat.

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Crédits photo : AFP - APU GOMES

Ces derniers jours dans les médias, les reportages et les articles se multiplient pour rendre compte de la crise sanitaire qui touche des villes comme celle de New-York où les pompes funèbres sont débordées, et les autorités locales réduites à inhumer des dizaines de corps chaque jour dans des fosses communes près du Bronx, comme en témoignent les images de cette vidéo surréaliste :

Mais il faut ajouter que l’expansion du virus vers le sud des Etats-Unis risque d’entraîner des bilans humains d’autant plus lourds que les services de santé y sont déjà limités, et la population particulièrement fragilisée par des conditions de vie difficiles, dans une partie du territoire américain marquée par plus d’un siècle de ségrégation raciale institutionnalisée (1876-1964), comme le souligne Julien Chaillou dans Médiapart : « Dans le sud-américain pauvre et ségrégué, où la population noire représente souvent un tiers de la population, le coronavirus s’avère redoutable. Il frappe aussi violemment dans l’État de Géorgie plus au nord, dont le système de santé est délabré, particulièrement dans les zones rurales ».

Ainsi dans ces coordonnées, la situation en Louisiane livre un exemple symptomatique. Toujours dans Médiapart, Chaillou rappelle que dans cet État du sud, déjà sévèrement frappé par l’ouragan Katrina en 2005 avec plus de 1577 décès, « près de 70 % des morts sont noirs, dans un État où les Africains-Américains représentent un tiers des habitants ». Dans un dernier ouvrage, Razmig Keucheyan explicitait lui aussi, partant de la catastrophe Katrina, le rapport entre les inégalités Nord-Sud et l’exposition à cette crise climatique, relevant que « La Nouvelle-Orléans comptait 68 % de Noirs à la veille de l’ouragan et 84 % des personnes disparues sont noires. Les quartiers les plus durement touchés sont les plus ségrégués au plan racial ». Une inégalité d’accès aux ressources et aux services de soins qui s’exprime aujourd’hui brutalement avec la propagation du virus, faisant de la Louisiane le quatrième foyer épidémique des Etats-Unis avec 512 morts comptabilisés, plus de 15 000 cas positifs, et des hôpitaux déjà pleins, alors que le pic est prévu mi-avril.

Mais de nombreux travailleurs, ces « bas salaires » en première ligne, organisent aujourd’hui un peu partout dans le pays, des débrayages, des grèves, des manifestations et des rassemblements pour dénoncer, comme Bartolome Perez, employé dans un McDo de Los Angeles, le fait que les résultats économiques des groupes « ne sont pas la seule chose qui est essentielle ». En effet, si les patrons ou les autorités s’évertuent à qualifier les travailleurs contraints de poursuivre leur activité de « héros », ils n’hésitent pourtant pas à les envoyer mourir au front, sans matériel de protection. La gestion de la crise par la direction de la MTA à New York (Metropolitan Transportation Authority) a ainsi mis en lumière, après l’annonce des décès de 41 employés de la régie des transports et plus de 1 100 cas testés positifs, l’inaction criminelle du PDG, dont la seule réaction consistait à attendre. Et alors que les transports en commun continuent d’être remplis par les travailleurs précaires, la ville menace de renforcer ces moyens policiers pour faire appliquer la distanciation sociale, en signalant utiliser “Tout ce qu’il faudra”. Une phrase qui, « lorsqu’elle est utilisée pour parler du maintien de l’ordre de la majorité des Noirs et des personnes de couleur, [...] met à nu l’attitude de l’administration municipale envers les personnes de couleur pendant la pandémie » remarque Francesca Gomes dans Left Voice.

Comme dans le secteur de la restauration, où la perspective d’un débrayage dans plusieurs dizaines d’établissements en Californie se profile pour jeudi, dans d’autres Etats, comme au Connecticut, les travailleurs s’organisent pour établir un plan d’action face à la crise sanitaire. Ils ont ainsi créé un comité de réponse à la crise, à partir duquel ils ont mis un certain nombre de mesures d’urgence en avant, parmi lesquelles : la réouverture des hôpitaux fermés, la réorientation de « toute la capacité de production disponible vers la production d’équipements de protection individuelle, d’équipements médicaux et d’autres fournitures nécessaires », l’utilisation des laboratoires universitaires pour réaliser des tests, ou encore, l’ouverture de logements pour « les personnes fuyant la violence domestique, les sans-abri, les personnes récemment libérées de prison ou confrontées à d’autres situations d’urgence ».

Face au « business as usual » du patronat, les initiatives des travailleurs pour prendre en charge la situation, quitte à disputer le contrôle de la production aux directions des entreprises, se multiplient, tels les ouvriers de General Electric.

 
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