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La Izquierda Diario
14 de avril de 2020 Twitter Faceboock

Allocution de Macron : « Un ouvrier déjà au boulot depuis trois semaines aura du mal à avaler »
Thaïs Cheynet

Dans son allocution de ce lundi, Macron a laissé de côté le ton martial pour essayer d’apparaître plus humain et compréhensif. Mais l’illusion ne dure pas très longtemps car son discours est en fait bien loin de la réalité de milliers de travailleurs.

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Depuis son allocution précédente dans laquelle il mettait l’accent sur la « guerre » contre le coronavirus, Macron semble avoir changé de stratégie. Laissant de côté le ton martial et le champ lexical militaire, il a choisi dans sa dernière allocution de ce lundi soir d’essayer de construire un discours de « vérité » plus « humble ».
Il ne faut cependant pas être dupe face à cette façade. S’il a certes reconnu – quoi que tardivement, que l’État n’était « à l’évidence pas assez  » préparé pour affronter l’épidémie, son discours est cependant rempli de mensonges et d’omissions.

Malgré une stratégie de communication voulant se rapprocher de la population – avec de multiples utilisations du « nous » pour renforcer l’idée « d’union nationale », le discours de Macron est en réalité très déconnecté du quotidien de millions de travailleurs. Dans le debrief de Révolution Permanente sur l’allocution de Macron, Gaetan Gracia, ouvrier dans l’aéronautique chez un sous-traitant de Airbus dans les Ateliers de Haute Garonne donne sa première impression : « C’est hallucinant ! », « Un ouvrier déjà au boulot depuis trois semaines, il aura du mal à l’avaler [ce discours] ». Le chef de l’État parle en effet de «  confinement strict  » jusqu’au 11 mai et qu’à partir de cette date il fera « repartir l’industrie », la réalité concrète est que de nombreux salariés de l’industrie n’ont jamais arrêté de travailler. Les usines d’Airbus par exemple, sont ouvertes depuis le 23 mars et tous ses sous-traitants ont également été rouverts progressivement.

Macron promet également qu’à partir de cette date du 11 mai il y aura des masques pour tous les travailleurs. Cependant, alors que la pénurie de masques touche grandement les hôpitaux, se retrouvant dans l’incapacité de protéger les soignants, il y a urgence à ce que ce soit les secteurs « en première ligne » qui bénéficient de tous les masques possibles. Or, le patronat de l’aéronautique a organisé avec le gouvernement une opération tout à fait scandaleuse, en faisant passer Airbus en « catégorie 2  » (catégorie qui regroupe des secteurs essentiels comme l’agro alimentaire ou l’énergie) pour bénéficier de masques de la part du gouvernement. Ces masques ne vont pas servir aux travailleurs pour qu’ils puissent produire des blouses ou du gel hydroalcoolique dont manquent également les hôpitaux, mais bien à ce que les usines d’Airbus tournent à plein régime pour construire et livrer des avions, qui sont inutiles dans la période et resteront cloués au sol.

Il y a également une hypocrisie sur la question du chômage partiel pour les salariés. Macron le présente comme une grande mesure de protection mais concrètement, la question du chômage partiel est utilisée comme un moyen de pression des patrons sur les salariés pour faire reprendre le travail. De nombreux patrons n’ont en effet pas encore annoncé à leurs salariés s’ils avaient droit au chômage partiel et leurs mettent la pression en leur disant que ce n’est pas sûr que le chômage partiel soit accepté par le ministère du Travail et que la seule manière d’être sûr d’avoir un revenu est de venir travailler.

Une autre promesse de Macron censée protéger la population est que même après le 11 mai, ceux qui seront malades ou fragiles resteront confinés chez eux. C’est encore une déclaration qui ne prend pas du tout en compte les conditions réelles que vivent des milliers de personnes face à l’épidémie. Cette « solution » ne va pas du tout résoudre les problèmes car, à partir du moment où une partie de la population reprend le travail et est exposée au virus, sans savoir si elle même est contaminée, cela n’empêche pas que des « clusters » familiaux se créent et que les membres d’un même foyer se contaminent tous entre eux, même ceux qui ne sortent pas.

Pour l’instant, le gouvernement essaie de refléter l’image qu’il privilégie la santé de la population avant tout. Une image qui ne risque cependant pas de durer et de se fissurer bien vite. D’une part, les promesses sont faibles et les mesures largement insuffisantes. D’autre part, le gouvernement prépare main dans la main avec le MEDEF « l’après » crise et il est certain qu’ils essaieront de la faire payer lourdement aux travailleurs avec des mesures comme des baisses de salaires, des licenciements massifs ou tout simplement la remise en cause des droits ouvriers comme la durée des journées de travail ou encore les congés payés. Des mesures qui commencent à s’amorcer dès maintenant comme par exemple les suppressions d’emplois chez Daher ou encore les récentes déclarations de la secrétaire d’Etat au ministère de l’Économie et des Finances.

 
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