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La Izquierda Diario
16 de avril de 2020 Twitter Faceboock

Opération de com’ ratée !
Les soignants ne veulent pas de primes mais une réelle revalorisation des salaires !
Sofia Malone

En lieu et place de la prime de 500 à 1500 euros promise aux soignants au travers du « plan d’urgence économique », ces derniers revendiquent la revalorisation de leurs salaires !

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Crédits photo : Corentin Fohlen pour Libération

On veut la revalorisation des salaires infirmiers et pas l’aumône !

Lors de la présentation du « plan d’urgence économique » visant à « sauver l’économie » face à la crise sanitaire et économique qui se profile, le gouvernement a insisté sur le volet social pour tenter de masquer la réalité de leur politique. A savoir verser des milliards aux entreprises pour préserver les profits du patronat et donner des miettes aux travailleurs aujourd’hui en première ligne. Ainsi, au cœur de leurs annonces, une prime allant de 500 à 1500 euros qui sera versée au personnel hospitalier.

Derrière les effets d’annonces, cette prime est évidemment insuffisante et loin de répondre à l’une des revendications centrale pour laquelle le personnel hospitalier s’est battu pendant plus d’un an : une revalorisation nette de l’ensemble des salaires. C’est une « revalorisation du salaire infirmier et pas l’aumône » dont on a besoin, a déclaré Thierry Amoureux, porte-parole du syndicat national des professionnels infirmiers.

Si le gouvernement a tenté à travers ces annonces de calmer la gronde qui existe au sein du personnel soignant qui se retrouve, après des années de casse de l’hôpital public, dépourvu de moyens suffisants pour faire face à la pandémie, l’opération est un échec. Apporter comme seule réponse à la crise en cours une prime qui sera reversée de manière inégalitaire entre les soignants, est, et apparaît, aux yeux de tous comme largement insuffisant. En effet nombre de soignants, collectifs et syndicats, ont dénoncé l’insuffisance de ces mesures et le budget toujours aussi dérisoire alloué à la santé.

Le « plan d’urgence économique » initial, mis en place par le gouvernement à la mi-mars, allouait déjà un budget dérisoire à la santé, à savoir 2 milliards d’euros contre 43 milliards pour l’économie. La tendance reste la même aujourd’hui. Si le budget de ce plan a fortement augmenté, ce n’est effectivement pas le cas du budget alloué à la santé. Les primes annoncées, qui coûteront au total 1,3 milliards d’euros, sont les seules miettes, avec la revalorisation de 50% des heures supplémentaires, lâchées au personnel hospitalier.

« On continue à payer des aides-soignantes au SMIC alors qu’elles ont une place indispensable dans le système de soins »

Face à ces annonces, les réactions de personnels de la santé ont été nombreuses sur les réseaux sociaux. A l’instar du docteur Marty qui, dans une vidéo sur Cnews, met lui aussi en avant la nécessité de revaloriser les salaires, tout en augmentant les moyens pour l’ensemble des hôpitaux : « On continue à payer des aides soignantes au SMIC, alors qu’elles ont une place indispensable dans le système de soins. Que leur métier est le plus difficile. Et on continue à filer des primes. C’est une mascarade, excusez-moi mais franchement c’est indécent ».

Concernant les salaires, ces derniers sont en effet très précaires au vu du travail effectué par le personnel hospitalier. Une aide soignante à l’échelon 1, touche en début de carrière, un salaire brut de 1541,70 euros. Un infirmier en soin généraux touche quant à lui 1827,55 euros brut en début de carrière. La dernière revalorisation du salaire infirmier remonte à 2010, au moment de la réforme Bachelot. Une augmentation de 150 euros brut par mois, qui était d’ailleurs une concession faite uniquement dans le but d’imposer en échange l’allongement de l’âge de départ à la retraite. Passé à ce moment-là de 55 à 62 ans.

« Ce qu’on veut, c’est une revalorisation du point d’indice, on attend le président au tournant »

Face à ce gel du point d’indice, une infirmière du CHU de Nantes déclare, dans le journal Le Monde : « Ce qu’on veut, c’est une revalorisation du point d’indice. On attend le président au tournant, car une prime, ça ne compte pas pour notre retraite ».

Les collectifs inter-urgences et inter-hôpitaux ont également réagit, dans un communiqué commun sorti ce mercredi 15 avril aux annonces du gouvernement : « On réaffirme les revendications portées depuis plus d’un an par les personnels hospitaliers, syndicats et collectif : une augmentation du nombre de lits et de structure, un recrutement massif de personnel et une revalorisation de salaire de 300 euros net pour rendre effectif ce recrutement ». Ajoutant que l’objet de cette prime « vise à atténuer la dette du gouvernement pour carences fautives dans la protection de ses employés, ayant conduit à des situations traumatisantes de contaminations en série des personnels et de leurs familles ».

Face à une prime qui divise les soignants, la nécessité de revaloriser l’ensemble des salaires

Ce qui est également décrié chez le personnel hospitalier, c’est le versement inégalitaire de ces primes, le « tri » effectué dans le versement, selon les mots de Thierry Amoureux du Syndicat nationale des infirmiers. Affirmant garder en mémoire « la prime de 800 euros par an accordée lors du plan Hôpital » en novembre 2019, qui « n’a concerné que 4 départements sur 100 et seulement 11 % des infirmiers des hôpitaux, ceux du premier échelon ». Une politique qui divise les soignants et qui avait été à l’époque fortement dénoncée.

La prime promise par le gouvernement réponds à cette même logique. Seuls les personnels des départements les plus touchés par l’épidémie et ceux des services qui ont accueilli des malades du coronavirus toucheront la prime de 1500 euros. Les personnels des autres centres moins affectés toucheront une prime de 500 euros.

« Notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent si mal »

Ces déclarations de Macron tenues lundi soir, sous un air de repentance, sont cruellement vraies. La crise sanitaire met à nu de manière criante le fait que les travailleurs des secteurs essentiels sont indispensables au bon fonctionnement de la société, à l’instar des soignants, des caissières, des travailleurs du transport, du nettoyage, mais qu’ils sont aussi ceux qui sont le plus méprisés et précarisés par le gouvernement et le patronat.

Mais si le gouvernement ne cesse de rendre hommage à ces travailleurs en première ligne, ce dernier n’est absolument pas prêt, au-delà des mots, a leur lâcher autre chose que des miettes. Au contraire, avec la crise économique qui se profile, tout tend à montrer qu’ils se donnent les moyens de nous la faire payer. Loi d’urgence sanitaire qui instaure l’allongement de la semaine de travail à 60 heures et la possibilité de supprimer les congés, « plan d’urgence économique » qui alloue des milliards aux grandes entreprises pour sauver leurs intérêts économiques et rien pour les travailleurs.

Certaines entreprises, comme Daher, mettent déjà en place des plans de licenciements massifs. Face à ça, il est central de s’organiser et de revendiquer, entre autres, l’interdiction des licenciements, la revalorisation des salaires, l’embauche en CDI de tous les intérimaires, qui sont les premières variables d’ajustement quand il s’agit de faire payer la crise à notre camp.

 
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