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La Izquierda Diario
17 de avril de 2020 Twitter Faceboock

Industrie agroalimentaire
Neuhauser. Le patron menace 1.000 salariés de chômage partiel après avoir fait des stocks
Christian Porta, CGT Neuhauser

Chez Neuhauser, entreprise de boulangerie industrielle appartenant au groupe Soufflet, plus de 1000 travailleuses et travailleurs viennent d’apprendre que la plupart des sites de France seront impactés par le chômage partiel. En ce temps de crise sanitaire et économique, les patrons cherchent comme d’habitude à socialiser les pertes.

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La nouvelle tombait comme une douche froide pour de nombreux salariés. Ces mêmes salariés qui ont pris des risques en venant travailler tous les jours (puisque l’entreprise est considérée comme essentielle) la boule au ventre, car aucune mesure de sécurité n’avait été prise par leur employeur, aujourd’hui se retrouvent face à l’annonce du chômage partiel. Le patron de Neuhauser, Soufflet, bien que milliardaire faisant partie des 100 plus grosses fortunes de France, refuse de prendre en charge intégralement le salaire ni même les 16% de différence, si l’on tient compte des aides versées par l’Etat.

Ce même patron milliardaire considérait, avec le plus grand cynisme, que les salariés ne courraient « aucun risque » venant travailler et ne voulait pas mettre en place des mesures élémentaires d’hygiène et sécurité. Sur certains sites comme celui en Moselle, ce sont les salariés eux-mêmes qui ont dû les imposer. En effet, après avoir entendu qu’un de leurs collègues (avec lequel ils avaient été en contact direct et prolongé) avait été transporté aux urgences pour des symptômes liés au COVID-19, ils ont été forcés de faire valoir massivement leur Droit de Retrait.

En atteste le Droit d’Alerte déposé sur le site de Fürst à Folschviller dans le Grand-Est (épicentre de l’épidémie en France) où ce sont, sur certaines équipes, jusqu’à 100% des salariés (CDI et intérimaires confondus) qui ont, par le biais de l’exercice de leur Droit de Retrait, refusé de reprendre le travail tant que leur sécurité n’était pas assurée.

Pour la direction, leurs profits passent toujours avant nos vies et notre santé !

À l’adage « mieux vaut prévenir que guérir », la Direction a tranché ! Alors que les élus CGT du site (à la demande d’une majorité des salariés) réclamaient la fermeture de l’usine pour respecter, sur un principe de précaution, une période de confinement de 15 jours avec maintien de salaire afin de ne prendre aucun risque supplémentaire, et après avoir refusé de prendre quelque décision que ce soit, la Direction n’a pas hésité à menacer des salariés inquiets pour leur santé et celle de leur familles. Par le biais de courriers recommandés, les travailleuses et les travailleurs se sont vus « priés »de reprendre le travail sans quoi, ils se verraient sanctionnés par des mesures disciplinaires et financières (mise à pieds, absences injustifiées pouvant mener au licenciement pour faute).

À ces menaces, les salariés ont répondu par une vague d’arrêt maladie. La Direction, en représailles et pour compenser le manque de personnel, sous couvert d’une pseudo « Unité Nationale » a décidé de passer les salariés d’un 5x8 (32h payées 35) en 3x8 (soit environ 37h50 semaine) afin de pouvoir produire au maximum.

Les salariés, totalement conscients de l’importance de produire du pain, n’ont jamais refusé de travailler. Mais ils exigeaient simplement et de manière légitime, de pouvoir le faire en sécurité. Car leurs vies valent plus que leurs profits !

De « l’entreprise essentielle » au chômage partiel…

Alors que le patron n’hésitait pas à multiplier courriers et autres notes de service, afin de marteler aux salariés qu’il fallait produire au maximum, à pleine cadence pour préserver la pérennité de l’entreprise et traverser la crise sanitaire en évitant les « cadavres économiques », la Direction décide de descendre de sa tour d’ivoire pour leur annoncer une nouvelle importante pour l’entreprise : Les chambres froides et les entrepôts étant désormais pleins, le chômage partiel (sans maintien de salaire, bien entendu) allait enfin pouvoir être mis en place...

L’heure est à la Solidarité et à l’Unité. La Direction l’a bien compris, et dans sa grande mansuétude accompagne son coup de massue d’un projet dégoulinant de compassion fausse et complaisante : Un « Fond Solidaire de Congés ». Un fond, bien entendu, alimenté par les salariés eux-mêmes… Encore un moyen de faire payer la crise aux salariés en leur proposant de financer le maintien de salaire par le sacrifice de leurs propres congés, pour lesquels ils ont si durement travaillé !

Mais la Direction ne s’arrête pas là, bien au contraire. Poussant le vice à l’extrême, histoire de prouver aux ouvriers toute sa bonne foi, elle invite ses cadres à faire don eux aussi, de leurs congés afin de palier au chômage partiel qui ne les affectera peu, voire pas du tout. Puisqu’en effet, le chômage partiel n’est pas synonyme d’équité.

Un tel élan de solidarité réchaufferait le cœur s’il ne s’agissait pas là surtout d’un bon moyen pour la Direction d’économiser encore et toujours plus sur le dos des ouvriers d’en bas. Le congé d’un ouvrier moyen n’ayant bien entendu pas la même valeur financière que celui d’un cadre… Or, si un seul congé d’un membre des hautes sphères de l’entreprise pourrait servir à financer le maintien de salaire d’un bon nombre d’ouvriers, la Direction préfère de loin partir sur la solution la plus rentable pour elle : un congé pour un congé… Un don pour les uns devenant sacrifice pour les autres… Quel bel exemple d’unité et d’équité… La direction n’a de cesse par ailleurs, de parler d’effort et de solidarité. Une belle idée, si ce n’étaient pas toujours les mêmes qui faisaient ces efforts et preuve de solidarité !

Un cynisme sans fin de la part de la direction et un gouvernement au service des grands patrons

Toujours soucieuse de paraître compatissante et bienveillante, la Direction met en place une ligne d’écoute et de soutien psychologique pour les salariés qui vivraient mal leur période de chômage partiel… Une ligne d’écoute qui coûte à elle-seule plusieurs milliers d’euros. Encore des frais engagés pour éviter de maintenir le salaire de ces salariés qui, justement, vivront mal cette période puisqu’ils ne savent pas, à l’heure actuelle comment faire pour remplir leur frigo avec seulement 84% de leur salaire et payer ces factures qui pour la classe ouvrière, ne sont évidemment pas mises en suspend...

Alors que le chômage partiel menace toute la division, la Direction privilégie certains sites au détriment d’autres dans le seul but d’économiser de l’argent et faire du profit. Un site de Bretagne va notamment devoir faire appel à de la sous-traitance pour faire face au surcroît d’activité et de commandes, pour des produits qui jusqu’à l’an dernier, étaient fabriqués sur un site que le groupe SOUFFLET n’a pas hésité à fermer dans le cadre du dernier « Plan de Sauvegarde de l’Emploi » afin d’engranger toujours plus de profit… Le principe du « serpent qui se mord la queue »… Et tout ça avec la bénédiction du gouvernement et des grands actionnaires !

Les capitalistes veulent nous faire payer la crise, c’est aux ouvriers d’apporter les vraies solutions !

Force est de constater, via de telles ingérences de la part du gouvernement et des capitalistes, que c’est à nous de chercher les vraies solutions pour ne pas payer cette crise sanitaire et économique. Personne ne le fera à notre place, et personne n’est mieux placé que nous-mêmes pour savoir comment gérer et orienter la production en fonction des besoins essentiels de la société, tout en respectant les règles de sécurité et hygiène pour que nos vies et celles de nos familles ne soient pas mises en danger. En ce sens, le contrôle des ouvriers sur la production est le seul principe vital à la pérennité de nos emplois et de nos vies... Combien de temps encore allons-nous nous contenter, d’au mieux constater, au pire de laisser faire ? Qui sont-ils pour gérer ainsi la crise sanitaire et nos vies ?

Ils n’hésitent pas à risquer nos vies pour leurs profits et alors que des millions de personnes à travers le monde (y compris en France) n’ont rien à manger ou n’arrivent même plus à joindre les deux bouts. Le patron préfère stocker des millions de tonnes de denrées alimentaires dans l’espoir que quelqu’un, au sortir de la crise, les achète.

Quand cette crise sanitaire impacte physiquement et financièrement ces ouvriers, ces prolétaires, ces classes populaires, celles et ceux qui, durant cette crise, ont su démontrer que sans eux, leur sacro-sainte économie ne tourne plus. Et que ce sont bien ces hommes et ces femmes qui tiennent le monde à bout de bras, avec pour seule reconnaissance, la vision de ces partons et autres politiques, qui non contents de voir leurs dividendes crever les plafonds, voudraient en plus que nous restions muets, dociles et efficaces… L’Histoire se répète, les crises économiques d’un système capitaliste en faillite reviennent encore et toujours, les acteurs ont changé, les décors et les accessoires également, mais le système capitaliste et son exploitation sont toujours là !

Depuis peu, les différents syndicats de l’entreprise ont décidé d’innover et de faire preuve d’une réelle solidarité. En effet, de manière régulière, des visioconférences se teindront avec les salariés et les syndicats, afin de coordonner une riposte collective de la part de tous les sites de l’entreprise en France. Ces Assemblées Générales virtuelles se tiendront tous les mercredis et jusqu’à nouvel ordre, avec un maximum de salariés afin de décider ensemble et de faire prendre de l’ampleur à ce mouvement. Il paraît que « Nous sommes en guerre », que la guerre des classes commence alors ! Ce n’est pas à notre classe, encore une fois, de payer leur crise !

 
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