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La Izquierda Diario
21 de avril de 2020 Twitter Faceboock

Crise alimentaire : quand la gestion capitaliste du coronavirus engendre la famine
Natacha Lubin

135 millions de personnes étaient en situation de précarité alimentaire voire de famine en 2019, soit 22 millions de personnes supplémentaires par rapport à l’année précédente. Ce chiffre, le plus élevé depuis l’existence de cette étude, est révélateur de l’intensification des inégalités, exacerbées dans le contexte actuel de crise sanitaire.

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Selon un rapport de l’ONU, 135 millions de personnes étaient en situation de précarité alimentaire voire de famine en 2019, soit 22 millions de personnes supplémentaires par rapport à l’année précédente. Ce chiffre, le plus élevé depuis l’existence de cette étude créée il y a quatre ans, est révélateur de l’intensification des inégalités, exacerbées dans le contexte actuel de crise sanitaire.

Les pays les plus touchés, le Soudan du sud (61%), le Yémen (53%), l’Afghanistan (37%) mais également la Syrie, le Venezuela et Haïti, illustrent l’émergence de nouveaux facteurs aggravants de ces crises alimentaires, comme les chocs économiques et les changements climatiques extrêmes que connaissent déjà certaines régions du monde. Et la situation risque de fortement s’aggraver en 2020 : une projection du PAM (Programme Alimentaire Mondial) prévoit en effet que ce nombre de 135 millions passerait à 265 millions de victimes, notamment en raison des conséquences économiques de la pandémie du covid-19.

L’insécurité alimentaire est déjà une réalité de cette crise, et la conséquence directe d’une gestion élaborée par des dirigeants complètement déconnectés de la réalité, et beaucoup plus préoccupés à protéger leurs profits que les populations.

En Colombie, les habitants de quartiers pauvres de Bogota et Medellin expriment depuis deux semaines leur faim par des tissus et des chiffons rouges accrochés aux fenêtres. Un mouvement qui s’est étendu dans d’autres villes du pays, dont plus de la moitié des habitants vivent de travails informels, et donc de maigres rentrées d’argents quotidiennes et hebdomadaires. « Ce n’est pas le coronavirus qui nous tue, mais la faim ! » est l’un des nombreux cris de désespoir scandés chaque jour dans de petites manifestations organisées par des habitants de quartiers, demandant de l’aide à un État qui délaisse les populations dans la précarité. sourd à la détresse du peuple. Mais plus encore c’est la politique réactionnaire d’Iván Duque, ses attaques contre les travailleurs depuis le début de son investiture, qui ont créé la situation de crise alimentaire alors que la crise sanitaire éclate. Entre autre ses nombreuses réformes ont permis de payer 75% du salaire minimum les jeunes de moins de 25 ans, d’éliminer les fonds de retraite public, le recul de l’âge de départ à la retraite, de privatiser de nombreuses entreprises publiques, et plein d’autres mesures encore.

En France, c’est dans les résidences universitaires CROUS que résonnent depuis le début du confinement la faim en plus de la solitude d’étudiants plus que jamais isolés. Dans une tribune publiée dans Le Monde et soutenue par plus d’un millier d’universitaires, la situation précaire de nombreux étudiants mais aussi et surtout le silence du gouvernement face à cette situation y sont dénoncés. Pendant que les présidences d’universités et la Ministre de l’Enseignement supérieur se préoccupent du maintien d’une « continuité pédagogique », des étudiants se retrouvent privés de leurs jobs, qui sont bien souvent des revenus vitaux à leurs survies. Aujourd’hui et plus que jamais, c’est donc la continuité alimentaire qui devrait être la priorité du gouvernement, et non la valeur d’un diplôme.

À travers le monde, les précarités alimentaires qui émergent ou sont aggravées dans un contexte de crise sanitaire démontrent encore une fois les inégalités face à cette pandémie mais également le total mépris de la vie des travailleurs, des étudiants et des personnes précaires que les gouvernements laissent littéralement mourir de faim.

En France nous revendiquons un Revenu étudiant à hauteur du SMIC pour qu’aucun n’est à travailler et que tous puissent vivre décemment. Si la crise est importante dans les pays impérialistes, la domination qu’ils exercent dans les pays du continent africain, en Amérique latine ou en Asie, les soumettent à des conditions d’autant plus mortelles. Dans ces pays soumis aux puissances impérialistes qui les exploitent et les pillent, les travailleurs, les jeunes et l’ensemble des populations n’ont rien à attendre ni de l’aide des ONG ni des gouvernements bourgeois, que ce soit le leur ou d’autres.

Ce ne sera pas par la charité des plans de distributions de nourriture que la crise alimentaire sera résolue car cela ne donne pas de quoi se nourrir à des centaines de millions de personnes ; de plus c’est une manière pour la bourgeoisie de maintenir ces pays sous la dépendance des ONG elles-mêmes financées par les puissances impérialistes. Au contraire les travailleurs peuvent revendiquer une indépendance de classe et refuser de payer le coût de la crise capitaliste : tout d’abord avancer l’annulation de la dette des pays semi-coloniaux. Dans ces pays les travailleurs peuvent imposer d’investir massivement dans les services publics et d’employer en conséquence, ainsi les travailleurs pourront subvenir à leurs besoins. Nous ne pouvons plus laisser la gestion de la crise aux puissances impérialistes, aux gouvernements bourgeois pour les intérêts capitalistes, ce sont aux travailleurs de s’organiser et de gérer démocratiquement la crise pour une sortie progressiste de celle-ci.

 
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