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La Izquierda Diario
27 de avril de 2020 Twitter Faceboock

Face au déconfinement autoritaire, il nous faut opposer un programme sanitaire d’urgence !
Ariane Anemoyannis

Il est déjà loin le temps où Macron annonçait, en « chef de guerre », le confinement. Après une gestion catastrophique, le gouvernement compte bien imposer son déconfinement à l’Assemblée Nationale ce mardi. Un plan de déconfinement gouvernemental qui se refuse à apporter une réponse sanitaire à la hauteur et prévoit de nous suivre à la trace, remettant toujours plus en question nos droits démocratiques. Tests massifs, isolement des malades, réquisition de toutes les infrastructures nécessaires : autant de revendications essentielles que seule la classe ouvrière est capable de mener à terme.

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Crédit photo : Paul Biris / Getty Images

Déconfinement sous turbulences pour le gouvernement

Edouard Philippe est averti. Pas question de refaire "une conférence de presse pour rien, avec zéro annonce, zéro réponse et zéro stratégie de déconfinement". Si pour le Premier ministre il vaut mieux admettre ne rien savoir plutôt que "de dire des conneries", cette méthode a des limites lorsqu’on a fait miroiter depuis maintenant un mois la question du jour d’après. Ce mardi, il s’agira de faire voter aux députés le plan de déconfinement qu’il aura dévoilé pour l’occasion. Après de nombreuses débâcles, le résident de Matignon semble ainsi chercher un souffle de légitimité pour mener à bien ses mesures.

Mais jusque dans les rangs de la majorité, largement fragilisée par l’usage du 49-3 à la veille de la crise sanitaire, ça ne passe pas. Faire voter en bloc, sans débat, l’ensemble des modalités de déconfinement semble raviver la mémoire d’une macronie friande du passage en force sans débat à l’Assemblée.

Si le gouvernement cherche à imposer un vote en bloc de son plan de déconfinement, c’est que la fronde gronde au sein de la majorité parlementaire. En effet, la question du tracking est un élément de clivage important que le gouvernement cherche à canaliser pour maintenir l’unité de façade au sein de LREM. Comme lors du passage en force relatif à la réforme des retraites, cette stratégie révèle surtout les contradictions d’un gouvernement qui fait face à une crise de défiance.

Et la situation a de quoi alarmer le pouvoir. À deux semaines du déconfinement, aucun plan validé, une confiance des Français au plus bas, et une fronde de la part des scientifiques. Ces derniers qui étaient pourtant les boucliers du gouvernement en début de crise semblent avoir pris leurs distances avec l’exécutif : le conseil scientifique désapprouve l’ouverture des écoles le 11 mai, alors même qu’il n’avait pas émis d’avis sur la tenue des Municipales. Une trahison parricide à l’égard de Macron qui sème le doute au sein d’LREM et nourrit l’opposition.

"On est peut-être en train de découvrir qu’on peut attraper plusieurs fois le coronavirus, alors que toute notre stratégie reposait sur l’immunisation. C’est un abîme, notre affaire." assène un ministre à L’Obs. "L’école se retrouve instrumentalisée au prétexte de la lutte contre les inégalités, au nom de la nécessité économique" poursuit Alain Bentolila, proche du Président.

Une pression importante qui accroît la contestation et pourrait ouvrir de nouvelles brèches « par en bas ». À ce jour, ce sont deux tiers des parents qui refusent de renvoyer leur enfant à l’école, malgré la pression à la reprise. Blanquer, fragilisé par la colère croissante des enseignants, a fini par proposer le retour aux écoles sur la base du volontariat. En se voulant apaisante, cette mesure vient surtout rappeler que pour l’exécutif et le patronat, il ne s’agit pas de finir le programme et réduire les inégalités mais de faire garder les enfants des travailleurs.

La contestation en germe des profs, qui commencent à s’organiser pour refuser collectivement d’être simplement "la garderie du Medef" tout en exigeant le contrôle sur les mesures sanitaires et d’hygiène, pourrait atteindre de nouveaux secteurs. Les lycéens, après une année de mobilisation contre l’urgence climatique et les E3C, refusent d’être de nouveau les cobayes du macronisme.

De nombreux salariés qui ont fait valoir leur droit de retrait et refusé de travailler au péril de leurs vies continuent de s’affronter aux pressions patronales, de plus en plus insistantes au fur et à mesure que les profits sont mis en danger. À Villeneuve La Garennes et l’Ile Saint Denis, les scènes de brutalité lèvent le voile sur les violences sociales et policières dans les quartiers populaires. Enfin, la jeunesse semble se réveiller au fur et à mesure que le spectre de la sélection sociale s’abat sur les universités qui maintiennent coûte que coûte leurs partiels, au détriment des étudiants précaires.

"Les fractures de la société vont être exacerbées, l’économie dévastée, la France et le monde dans une situation épouvantable" alerte ainsi un proche du Président. La crainte a le mérite d’être claire : si l’exécutif rate son coup, c’est l’ensemble de la majorité qui risque de s’effondrer et les antagonismes de classes accentués.

Face à cette situation, il s’agit de construire une alternative au projet du gouvernement et des classes dominantes. Avec près de 23 000 décès mais seulement 6% de la population contaminée par le virus, la stratégie d’immunité de groupe pour laquelle ces derniers ont opté montre toute sa criminalité. Comme le martèlent les spécialistes et les soignants, la solution réside dans la prise de mesures préventives le temps que soit trouvé un traitement ou un vaccin. L’OMS le répète, "tests, tests, tests". Le conseil scientifique le rappelle, il n’est "pas opportun d’ouvrir les établissements scolaires". Le syndicat des internes de médecine le souligne, "Les industries non vitales, comme le BTP (hors construction en rapport avec une activité sanitaire) doivent être arrêtés à l’opposé des préconisations du ministre du travail".

Mais après la gestion policière du confinement, le gouvernement compte préparer un déconfinement tout aussi autoritaire. Avec le « traçage numérique » des malades du Covid-19, le gouvernement laisse de nombreuses portes ouvertes pour faire un saut supplémentaire vers la « surveillance généralisée ». Un déconfinement qui se posera donc sous le signe de la remise en question des droits démocratiques et qui fait débat au sein même de la majorité présidentielle.

Afin d’éviter une deuxième vague au péril de la vie de centaines de milliers de personnes, au contraire de toute mesure autoritaire, il s’agit ainsi d’avancer un programme sanitaire à la hauteur des enjeux. La fermeture des entreprises non essentielles par les salariés ou la réorganisation de la production sous leur contrôle est un aspect central de la résolution de la crise, que le patronat n’a pas été capable de mener. La réquisition de toutes les infrastructures capables d’accueillir les malades et les personnes à risque et à la rue, doit accompagner une campagne massive de tests et masques gratuits capable d’isoler tous les contaminés (y compris asymptomatiques) et briser les chaines de contamination. Ces revendications, que le gouvernement continue de rejeter au nom des intérêts du patronat, devront être imposées par la classe ouvrière qui joue sa vie dans cette pandémie, par un plan de bataille pour imposer notre propre issue.

 
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