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La Izquierda Diario
29 de avril de 2020 Twitter Faceboock

Université de Paris
Les étudiants en médecine réquisitionnés pour la pandémie obligés de passer leurs examens
Lucia Nedme
Ana Grace

Il y a quelques semaines les étudiants ont reçu un mail de la présidence de l’Université de Paris les informant que les partiels se tiendront après le 15 juin, en présentiel si possible, sur les cours donnés avant et après le confinement. Les étudiants en médecine, réquisitionnés et travaillant à temps plein voient très difficile de pouvoir valider leur semestre dans ces conditions. Nous avons interviewés trois étudiantes en deuxième année de médecine.

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Des étudiants embauchés dans de mauvaises conditions et avec des très bas salaires

« Une lutte perpétuelle pour être correctement équipés » dénonce Emma*, étudiante en seconde année de médecine, comme nos deux autres interviewé.e.s. Pas de masques FFp2, ou alors périmés depuis 2012, pas de sur-blouses, réutilisation des tenues, de l’équipement distribué « au compte-gouttes » et selon les moyens de l’hôpital… Conditions de travail non seulement aberrantes mais aussi dangereuses dans la situation actuelle, tant pour le patient que pour le personnel hospitalier. Mais cela va plus loin, dans le service de Lise*, une grande salle, avec du scotch sur le sol pour délimiter le côté « contaminé » du côté « propre ». Du côté d’Emma, des patients Covid-19 et des patients sains partagent des chambres doubles. Pour Nina*, notre dernière interviewée, le manque de protections pour le personnel hospitalier a coûté la vie à deux patients de son service de gériatrie, « proche d’un Ehpad » selon elle.

De nos trois interviewées, seulement une a eu la possibilité de choisir de travailler en temps partiel. Pour les deux autres, ce sera 35h minimal ou 30h à 42h travaillées. Pour toutes, pas de contrat papier, rien d’autre que des stipulations sur leur rémunération. Le plus probable c’est qu’elles seront sous payées, payées comme des stagiaires pour un travail pourtant équivalent aux autres soignants, comme on l’a vu pour des étudiants de médecine et infirmerie payés aux alentours d’un euro l’heure. Au final, un flou qui participe au stress quotidien d’étudiantes « directement jetées » dans les différents services en tant qu’aide soignantes, sans formation préalable, à apprendre au jour le jour, sur le tas.

Derrière une volonté d’aider pendant la crise sanitaire en tant que futures travailleuses de la santé, se cache une précarité étudiante accentuée. L’une d’elle a été licenciée de son emploi dans le domaine de la restauration suite au confinement, un salaire avec lequel elle payait son logement. Aujourd’hui, elle se retrouve sans emploi, et ne sachant pas quand et à quel montant elle sera payée pour le travail effectué pendant la crise.

Les étudiantes nous racontent qu’elles sont physiquement éreintées, et Lise qui habite avec sa petite soeur vit avec la perpétuelle peur de la contaminer. Ce à quoi s’ajoute leurs angoisses face aux examens qui seront maintenus coûte que coûte.

La fac maintien les partiels alors que des étudiants ont été réquisitionnés a temps plein et ne pourront pas étudier

Il y a quelques semaines la direction de l’Université de Paris a envoyé un mail qui annonce le maintien des épreuves des étudiants en médecine. Or, plusieurs d’entre eux ont été réquisitionnés pour aller travailler avec les hospitaliers à temps partiel voire, pour la plupart, à temps plein.

La direction a décidé également de changer les modalités d’examen en proposant des QCM qui porteront sur les cours donnés avant et après le confinement. Pour les étudiantes interviewés, ce changement rendra encore plus difficile plus le fait de réussir les examens : «  je trouve ça plus dur que que la forme de nos partiels habituels. » et croisent les doigt pour que les QCMs ne soient pas pénalisant. Pour ajouter à l’absurdité, ils informent également qu’il feront tout pour assurer les examens en présentiel.

Pour elles, cette décision n’est pas une surprise, elles se sont habituées à une université qui abuse et essaye de les sélectionner à tout prix : « Il faut savoir que notre université aime beaucoup nous faire tomber des sujets hors programme (se rapportant à des cours qui n’ont jamais été enseignés). Tous les cours ne sont pas mis en ligne, et ceux mis en ligne ne sont pas tous commentés (alors que la fac s’était engagée à ce que l’on ait des cours commentés). Ils seront sûrement mis en ligne/commentés 3 jours avant les partiels (histoire vraie de mon partiel de master du premier semestre) ».

Néanmoins, l’université n’oublie pas de féliciter les étudiants qui donnent leur service aux hôpitaux, quand beaucoup d’entre eux sont exploités, ne savent même pas s’ils seront payés correctement et partent au front sans l’équipement nécessaire pour ne pas risquer leur vie au quotidien. Emma le dit clairement : « la direction félicite les volontaires au service de l’hôpital mais n’en prend pas compte dans la date, la quantité de travail demandé pour faire face aux partiels.  » Et cet engagement ne sera même pas reconnu : « Je pense que notre engagement pendant cette crise devrait être reconnu, soit avec des points supplémentaires, soit en ne mettant au programme que les cours précédant le confinement » en les notant à pied d’égalité avec ceux qui ne participent pas à la crise.

Alors que les directions des universités oublient les priorités en ce moment de la crise, Nina, en deuxième année de médecine, le sait clairement : « Je ne me sens pas du tout concerné par les partiels, je suis actuellement préoccupé par l’état de santé en France plutôt que par les maladies néo-natales  »

En effet, maintenir les partiels comme si de rien n’était est totalement absurde dans cette période alors que des étudiants risquent leur vie et se battent au quotidien. Le semestre devrait être validé automatiquement pour tous les étudiants, et d’autant plus pour ces étudiants qui ont été en première ligne de la crise sanitaire, tout en ajustant le programme sur l’année suivante pour que les étudiants puissent rattraper les cours qu’ils n’ont pas pu suivre.

* : les prénoms ont été modifiés pour garantir l’anonymat des personnes interviewées

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